Barkhane : Le général Lecointre annonce la reprise prochaine des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel

L’attentat commis le 29 juin dernier contre son quartier général à Sévaré [Mali] a mis un coup d’arrêt aux efforts de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] pour être pleinement opérationnelle, alors qu’elle aurait dû l’être quelques mois plus tôt. Cette attaque, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM], a coûté sa place au général malien Didier Dacko, lequel a été remplacé par le général mauritanien Hanena Ould Sidi, assisté par le général tchadien Oumar Bikimo.

Pour rappel, la mise en place de cette force conjointe est un élément essentiel de la stratégie française pour la bande sahélo-saharienne. Devant compter 7 bataillons déployés selon trois fuseaux [soit 5.000 hommes fournis par le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso], sa mission est de lutter à la fois contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic d’êtres humains.

Après l’attaque de Sévaré, la FC-G5S a établi un nouveau quartier général à Bamako. Et il a fallu à son nouvau commandant procéder à des évaluations afin de définir « l’orientation stratégique et géographique de celle-ci, de manière à déterminer la nature, la localisation et le calendrier de ses opérations, une fois qu’elles auront repris », a expliqué le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un rapport publié en novembre.

Ce travail est-il terminé? Sans doute… En effet, d’après le général français François Lecointre, le chef d’état-major des Armées, la force conjoint du G5 Sahel s’apprête à reprendre ses opérations très prochainement. »

« Le général Hanena [Ould Sidi] sait qu’il peut relancer des opérations et il va le faire sans doute dès le début de l’année prochaine et éventuellement avant la fin de l’année », a déclaré le général Lecointre, ce 13 décembre, en marge d’un sommet interparlementaire G5 Sahel organisé à l’Assemblée nationale.

Cela étant, les 420 millions d’euros promis au G5 Sahel pour financer sa force conjointe n’ont toujours pas été totalement débloqués par les bailleurs de fonds, alors que la situation dans certaines parties de la région sahélienne, notamment au nord et à l’est du Burkina Faso se dégrade.

« Sur le total des montants annoncés, 45,9 % [soit quelque 190,76 millions d’euros] ont été soit décaissés, soit affectés à des procédures de passation de marchés en cours, et 6,1 % [soit 25,30 millions d’euros] ont été affectés à des procédures qui vont démarrer dans un avenir proche. Le restant des contributions annoncées, d’une valeur de 199,49 millions d’euros, n’a toujours pas été affecté », a relevé M. Guterres dans son dernier rapport.

D’où les relances régulières du G5 Sahel pour rappeler les donateurs à leurs promesses. « Il ne faut pas attendre que l’un soit fait pour que l’autre démarre. On est tous persuadés, le général Hanena en tête, qu’il faut relancer tout de suite les opérations et que cela encouragera la donation et les donateurs internationaux », a toutefois souligné le général Lecointre.

Cela, les problèmes de financement ne sont pas les seuls à affecter les efforts de la FC-G5S.

« De fortes lacunes en matière de formation et de capacités, l’absence de bases opérationnelles sûres et fortifiées et le manque de fonds persistent à ralentir le déploiement et l’équipement des contingents et de la composante Police. Les forces de sécurité nationales des pays du G5 Sahel sont constamment mises à rude épreuve puisqu’elles doivent parer à toute une série de menaces multiformes à la sécurité tout en assurant la sécurité et en menant des opérations militaires à l’échelle nationale », a expliqué le secrétaire général de l’ONU.

« Parallèlement, elles contribuent à 40 % aux effectifs des contingents déployés de la MINUSMA, tout en participant à une multitude d’initiatives conjointes, telles que le partenariat militaire de coopération transfrontalière, qui a servi de cadre aux
opérations conjointes transfrontalières menées par les pays du G5 Sahel et les forces de l’opération Barkhane depuis 2015, la Force mixte Tchad-Soudan, le ‘G4’ nouvellement crééet la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram », a-t-il ajouté.

Aussi, a continué M. Gutteres, « un an après l’obtention par la Force conjointe de sa capacité opérationnelle initiale, la lenteur et la lourdeur des procédures de passation des marchés ont retardé la livraison du matériel requis d’urgence, notamment des véhicules blindés et du matériel de protection individuelle » tandis que « la MINUSMA continue de faire face à un déficit de financement d’environ 27,5 millions de dollars, qui ne lui pas permis de fournir le soutien génie qu’elle était pourtant tenue, de par son mandat, d’apporter et entraînera de nouveaux retards dans l’opérationnalisation de la Force conjointe. »

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