Un rapport du Pentagone admet que l’hélicoptère russe Mi-17 est mieux adapté que l’UH-60A Black Hawk pour l’Afghanistan

Pour aller dans les champs, une Citroën 2 CV est sans doute plus adaptée qu’un SUV C3 Aircross, même si le premier modèle est moins « clinquant » et moderne que le second… Pourquoi cette comparaison? Tout simplement parce que l’on peut faire un parallèle avec l’hélicoptère russe Mil Mi-17 et l’appareil américain UH-60A Black Hawk en Afghanistan.

En 2017, les États-Unis ont décidé d’accorder une aide substantielle à l’Afghan Air Force en lui livrant 159 hélicoptères UH-60A Black Hawk de seconde main afin de remplacer les Mil Mi-17 qu’elle utilisait pour le transport de fret et de troupes ainsi que pour l’évacuation sanitaire et l’appui au sol.

À l’époque, quelques analystes avaient prévenu que ce n’était pas forcément un bonne idée. En effet, ils considéraient que le Mil Mi-17 était le mieux adapté pour évoluer en Afghanistan. Robuste et rustique, cet appareil n’exige pas une maintenance soutenue (ce qui est l’un des point faible de l’aviation afghane) et son domaine de vol convient très bien aux conditions rencontrées dans les montagnes d’Afghanistan. En outre, il peut transporter 32 passagers ou 4.000 kg en interne et 4.500 kg en externe. Et le tout en pouvant assurer des missions d’appui étant donné qu’il est en mesure de mettre en oeuvre des roquettes et des bombes.

Mais ces arguments furent balayés d’un revers de manche : le UH-60A Black Hawk étant plus moderne et éprouvé au combat, il ne servait à rien de discuter. Quant aux missions d’appui, ce n’était pas un problème : les avions d’attaque légers A-29 afghans s’en chargeraient.

Seulement, repéré par le site « The War Zone« , un rapport de l’Inspecteur général du Pentagone, mis à jour en mai dernier [.pdf], consacre un chapitre entier à cette question. Et il estime, avec euphémisme, que « la transition [du Mi-17 vers le UH-60A Blackhawk] présente plusieurs défi qui n’ont pas encore été complètement réglés. »

Ainsi, souligne le document, les UH-60A « n’ont pas la capacité de transport des Mi-17 » et ils ne sont pas en mesure de transporter des cargaisons importantes que leurs homologues russes peuvent emporter. « En général, il faut près de deux Black Hawk pour porter le chargement d’un seul Mi-17 », relève le rapport.

En outre, contrairement aux Mi-17, les Black Hawk « ne peuvent pas voler à haute altitude » et, par conséquent, ils ne peuvent pas évoluer dans les régions afghanes où les appareils russes n’ont aucune difficulté à voler. Et de l’aveu même de la 9th Air and Space Expeditionary Task Force–Afghanistan [9 AETF-A], les « Mi-17 ‘joueront un rôle crucial’ dans la saison des combats à court terme ».

« À l’avenir, à mesure que les Mi-17 seront mis hors service, les défis susmentionnés deviendront plus marqués. À la fin de 2019, le nombre de Mi-17 devrait passer de 47 […] à 20. La taille de la flotte devrait tomber à 18 d’ici la fin de 2021 puis à 12 d’ici la fin de 2022 », souligne le rapport.

Or, actuellement, l’Afghan Air Force assure la maintenance de ses hélicoptères russes à hauteur de 80%, les 20% étant confiés à des acteurs privés. Avec les UH-60A, le maintien en condition opérationnelle [MCO] devrait être exclusivement assuré par des prestataires extérieurs. Aussi, pour la 9 AETF-A, « le Mi-17 est beaucoup plus adapté au niveau d’éducation de la population afghane que les UH-60A.

Mais quand le vin est tiré, il faut le boire… Et malgré ses éléments, les livraisons de Black Hawk à l’aviation afghane vont se poursuivre. D’autant plus que, en raison de la crise ukrainienne, un contrat portant sur la livraison de 21 Mil Mi-17VB5 à l’Afghanistan, conclu en juin 2012 avec la Russie, a été gelé.

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