Le brouillage électronique perturbe les opérations de la coalition anti-jihadiste en Syrie

Lors du Symposium GEOINT 2018, organisé à Tampa [Floride] par l’US Geospatial Intelligence Foundation, le général Raymond Thomas, le chef de l’US Special Operations Command (USSOCOM), a livré une information de taille, relevée par les sites spécialisés The War Zone et Breaking Defense.

Ainsi, a-t-il dit, la Syrie est devenue « l’environnement de guerre électronique le plus agressif de la planète. » Et d’ajouter : Nos adversaires « nous testent tous les jours, réduisant nos communications, désactivant nos AC-130 [ou EC-130H Compass Call?], etc ».

Et comme il est peu probable que Daesh ait la capacité de brouiller les signaux électroniques, les regards ne peuvent que se tourner vers la Russie, qui a beaucoup investi dans ce domaine depuis la guerre de 2008 contre la Géorgie, et les forces syriennes (voire iraniennes).

Si le général Thomas a bien évoqué le brouillage des AC-130 « Gunship », mis en oeuvre par les escadrons d’opérations spéciales de l’US Air Force, alors, souligne The War Zone, le problème est préoccupant.

En effet, ces appareils étant utilisés pour fournir un appui aux troupes au sol, le blocage de leurs systèmes de communication et de leurs liaisons de données est susceptible de les empêcher d’avoir une idée précise de ce qui se passe sur le terrain ou de les induire en erreur quand il s’agit d’identifier les positions amies et ennemies, puis de coordonner leurs frappes en relation avec d’autres avions (ou des drones) et les contrôles aériens avancés.

Dans le cas où les liaisons d’un AC-130 seraient perturbées, deux options sont possibles pour son équipage : soit il décide d’interrompre sa mission, soit il passe en « mode dégradé », au risque de causer des dommages collatéraux comme cela s’est vu à Kunduz, en octobre 2015. À l’époque, un appareil de ce type avait détruit un hôpital au lieu d’une cible située 400 mètres plus loin. Selon l’enquête menée après cet incident dramatique, il apparut que l’avion avait subi une série de dysfonctionnement de « ses systèmes de navigation, de ciblage par GPS et de communication. »

Le brouillage électronique constaté en Syrie pourrait affecter d’autres appareils, comme les C-130J Hercules qui ravitaillent les bases des forces spéciales américaines.

Les drones de taille réduire [comme le RQ-11 Raven] – sont déjà concernés par cette « guerre électronique. » En effet, début avril, quatre responsables militaires américains ont déclaré à NBC News que « l’armée russe avait bloqué des drones […] dans le ciel syrien, affectant sérieusement les opérations militaires américaines. »

L’un de ces responsables a même déclaré que les « opérations russes avaient un impact significatif sur les capacités américaines », évoquant des « attaques sophistiquées » ayant déjoué les « signaux chiffrés et les dispositifs anti-brouillage. »

Directeur du Radionavigation Laboratory (Université du Texas), le Dr Todd Humphreys a expliqué à NBC News qu’il peut être simple de bloquer ou de brouiller la réception GPS d’un drone. D’ailleurs, ce dernier en avait fait la démonstration en 2012, avec seulement 1.000 dollars de matériels. « À tout le moins, cela pourrait causer une certaine confusion pour l’opérateur au sol si le drone signale une position incorrecte ou s’il est perdu », a-t-il dit.

Jusqu’à présent, la coalition anti-jihadiste, qui appuie les Forces démocratiques syriennes [FDS], menait une guerre électronique contre… l’État islamique. Pour cela, le Pentagone avait engagé des EC-130H Compass Call, des RC-135V/W Rivet Joint, des E/A-18G Growler [US Navy] et des EA-6B Prowler [USMC] afin de brouiller les communications de l’organisation terroriste.

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