Selon la coalition, les jihadistes de l’EI se déplacent en toute impunité dans les territoires contrôlés par Damas

Régulièrement, la Russie sous-entend, quand elle le ne dit pas explicitement, que la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis en Syrie et en Irak fait preuve de mansuétude (si ce n’est plus) à l’égard des combattants de l’État islamique (EI ou Daesh).

Ainsi, en novembre, l’état-major russe a produit des clichés censés « prouver irréfutablement la couverture par les États-Unis de convois armés de Daech pour promouvoir les intérêts américains au Proche-Orient. » Sauf que les images en question provenaient du jeu vidéo « AC-130 Gunship Simulator : Special Ops Squadron »… Ce qui valut le commentaire acide du colonel Ryan Dillon, le porte-parole de la coalition. « Les communiqués du ministère russe de la Défense sont à peu près aussi exacts que leurs frappes aériennes », avait-il réagi.

Le 27 décembre, la Russie est revenue à la charge, via le général Valery Gerasimov, le chef d’état-major des forces armées russes. Dans un entretien accordé au quotidien Komsomolskaïa Pravda, il a accusé les troupes américaines d’entraîner d’ex-combattants de Daesh sur des bases implantées en Syrie, en Irak et en Jordanie.

« Selon le renseignement spatial et d’autres types de sources, il existe des unités militantes [à l’intérieur de la base américaine d’At-Tanf, proche de la frontière avec la Jordanie]. En fait, ils s’entraînent là-bas », a en effet dénoncé le général Gerasimov. « Ces combattants sont de facto membres de l’État islamique. Mais, après leur entraînement, ils changent de couleur et sont rebaptisés ‘nouvelle armée syrienne’, ou autre », a-t-il ajouté. Et d’évoquer le nombre de 750 d’ex-membres de Daesh qui seraient entraînés sur la base de Shaddadi (en zone kurde).

Par ailleurs, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a affirmé dans le même temps qu’un « coup décisif a été porté à l’État islamique » et que « même si des combattants ont fui le champ de bataille et tentent de se regrouper en Syrie ou de quitter le pays, il est clair que le combat principal est terminé. » Désormais, a-t-il continué, l’obejctif est la « défaite du front al-Nosra » (désormais appelé « Hayat Tahrir al-Cham »).

Cela étant, la coalition anti-jihadiste a répliqué aux affirmations russes. Commandant adjoint de l’opération Inherent Resolve, en charge du Groupe de travail mixte sur la stratégie et le soutien, le général britannique Felix Gedney a accusé le régime syrien, soutenu par la Russie, de garantir « l’impunité » aux membres de l’EI réfugiés dans les zones qu’il contrôle.

Les jihadistes de l’EI « semblent se déplacer en toute impunité dans les territoires contrôlés par le régime, ce qui montre que le régime est clairement réticent ou incapable de vaincre Daesh », a ainsi affirmé le général Gedney lors d’une vidéoconférence depuis Bagdad.

A priori, ces combattants de l’EI chercheraient à atteindre des secteurs tenus par d’autres groupes armés hostiles à Bachar el-Assad.

« La coalition a constaté que de nombreux combattants de l’EI délogés de leur fief de Raqqa, dans l’est du pays, s’étaient déplacés vers l’ouest en se réorganisant par petites cellules pour passer plus facilement inaperçus », a continué le général britannique. « Nous savons qu’ils peuvent tenter de s’organiser en petites cellules et qu’ils vont certainement tenter de mener leurs actes de terrorisme où et quand ce sera possible », a-t-il ajouté.

« Nous continuerons à mener des opérations dans les zones libérées par nos alliés en Syrie et nous appelons le régime syrien à s’occuper de l’EI dans les zones sous son contrôle », a décalré le général Gedney. « Nous n’avons aucune intention d’opérer dans des zones qui sont actuellement tenues par le régime. Nous ne pouvons vaincre l’EI que dans les zones contrôlées par nos partenaires », a-t-il précisé.

La semaine passée, la coalition a effectué 23 frappes aériennes contre des positions de l’EI situées dans l’est de la Syrie. « Notre poursuite de ces terroriste est aussi tenace et détermiéne que jamais », a assuré l’officier britannique.

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