Un rapport n’exclut pas une attaque militaire contre la Suède

La semaine passée, et en vue d’élaborer une feuille de route pour les forces armées du pays, le gouvernement suédois s’est vu remettre un rapport d’étape rédigé par le comité de la Défense, c’est à dire un « forum de consultation » réunissant les représentants des partis politique ayant un groupe au Parlement (le Riksdag).

Estimant que la situation sécuritaire globale est actuellement caractérisée par « l’instabilité et l’imprévisibilité », ce rapport, intitulé « Résilience », souligne qu’une attaque contre la Suède (via une force armée) « ne peut pas être exclue. »

Plus précisément, il y est question de possibles « attaques militaires limitées » dans « certaines parties » du pays, comme par exemple la stratégique île de Gotland. Pour les auteurs du rapport, ce scénario est plus probable qu’une invasion.

Le résumé de ce document fait par le gouvernement suédois ne mentionne aucun pays en particulier. Mais l’on sait que la Russie préoccupe les responsables suédois, surtout après plusieurs incidents aériens (voire navals) au cours de ces dernières années. C’est ce qui explique, d’ailleurs, toute une série de mesures prises récemment (re-militarisation de l’île de Gotland, retour de la conscription, reprise en main de l’industrie de défense, accords militaires, retour des grandes manoeuvres, etc…).

N’étant pas membre de l’Otan, la Suède compte sur ses partenaires de l’Union européenne (l’article 42 du TUE comporte une clause de défense collective) et ceux du Conseil nordique (Norvège, Finlande, Islande et Danemark) pour venir à la rescousse.

Seulement, le temps que les choses s’organisent, la Suède ne pourra compter que sur elle-même si jamais elle est confrontée à une grave crise. D’où les recommandations du rapport, que l’on peut résumer en deux points.

Le premier porte sur le renforcement des forces armées afin de leur permettre de « tenir » en attendant l’arrivée du soutien militaire des pays partenaires. « La défense militaire et civile prévoit de gérer une crise de sécurité en Europe et dans notre voisinage pendant au moins trois mois », y est-il affirmé.

Le second point met l’accent sur la « résilience » ainsi que sur le concept de « défense totale ». Ce dernier, a commenté Peter Hultqvist, le ministre suédois de la Défense, « apportera un renforcement dans tous les domaines de la défense et de la société, en particulier une plus grande intégration de la défense nationale dans les tâches et l’organisation de la protection civile locale et régionale. »

En un mot, il s’agit de mener une intégration plus étroite entre les forces armées et les capacités de défense civile. Il y est question de renforcer les ressources des services d’urgence et de police, d’accroître les dispositifs d’information et d’améliorer l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Le rapport propose par ailleurs que chaque ressortissant suédois soit préparer à gérer ses propres besoins et soins pendant une semaine « sans le soutien du gouvernement. »

Ces propisitions visent à améliorer « les capacités et l’endurance de la défense dans son ensemble » pour « gérer les attaques armées et les guerres sur le territoire suédois », résume le gouvernement.

Pour financer ces mesures, le rapport préconise d’allouer à la défense suédoise (civile et militaire) plus de 4 milliards de couronnes par an (soit près de 430 millions d’euros) sur la période 2021-2025. Un effort non négeligeable pour un pays qui compte un peu plus de 10 millions d’habitants.

Photo : Ministère suédois de la Défense

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