La Suisse ne fera pas cause commune avec l’Autriche pour se procurer de nouveaux avions de combat

Sur le papier, l’idée était séduisante. La Suisse et l’Autriche ayant quelques points communs dans le domaine militaire, ces deux pays auraient pu envisager de lancer une procédure commune dans le cadre de la modernisation de leurs forces aériennes respectives. Avec les économies d’échelle attendues, cette opération aurait ainsi pu être réalisée à un coût moindre pour Berne et Vienne, avec, à la clé, des mutualisations en termes de maintien en condition opérationnelle (MCO) des appareils ou de formation des pilotes.

Mais ce ne serait en réalité pas un bon calcul pour les autorités suisses. Interpellé sur cette question par le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS), le Conseil fédéral a en effet estimé que les intentions autrichiennes n’étaient pas suffisamment claires.

« L’Autriche envisage de mettre hors service ses Eurofighter Typhoon et d’acquérir un certain nombre d’autres avions de combat. On ne sait toutefois pas encore s’il s’agit de nouveaux avions ou d’avions d’occasion. On ignore également s’il est question d’un achat ou s’il faudra acquérir les avions en leasing », a-t-il répondu au parlementaire.

Pour le Conseil fédéral, acquérir des avions de combat en commun avec l’Autriche présenterait des risques importants sur les plans politiques, financiers et techniques. En outre, les exigences des deux forces aériennes pourraient être différentes (la superficie de l’Autriche étant, par exemple, deux plus importante que celle de la Suisse). Enfin, le calendrier autrichien pour se procurer de nouveaux appareils ne coïncide pas avec celui de Berne, qui a fixé une échéance en 2022.

Pour le moment, l’Autriche envisage de commander seulement 18 avions de combat, afin de remplacer ses Eurofighter. Or, cet appareil a été retenu par Berne pour figurer dans l’appel d’offres, aux côtés du Rafale (Dassault Aviation), du Gripen E/F (Saab), du F/A-18 Super Hornet (Boeing, qui a déjà renoncé au marché suisse en 2008) et du F-35A (Lockheed-Martin). Les besoins de la confédérations sont évalués à au moins 40 exemplaires. Du moins est-ce la « cible » retenue par le pouvoir politique.

Cela étant, la porte à d’éventuelles mutualisations avec l’Autriche n’est pas fermée. Le Conseil fédéral a en effet dit qu’il en tiendrait compte lors de l’évaluation des différents avions invités à participer à l’appel d’offres. En clair, une coopération pourrait être envisagée si Berne et Vienne choisissent le même avion… chacun de leur côté.

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