Un effort devra aussi être fait en faveur des effectifs du Service de Santé des Armées

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Le soir du 13 novembre, le Service de Santé des Armées (SSA) a bien évidemment été en première ligne pour prendre en charge les nombreux blessés – pour certains dans un état critique – des attentats de Paris.

Les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) Bégin et Percy ont immédiatement été sollicités, de même que les  centres de transfusion sanguine, les établissements d’approvisionnement en produits de santé, cellule d’urgence médico-psychologique, et les centres médicaux des armées.

« Les équipes médicales ont mis en œuvre au profit des blessés français sur le territoire national ce qu’elles font habituellement en opération extérieure », a ainsi expliqué le médecin-général Gygax-Genero de l’hôpital Bégin.

Lors d’une audition devant la commission de la Défense,  l’Assemblée nationale, le directeur central du SSA, le médecin général des armées Jean-Marc Debonne, est revenu longuement sur les moyens engagés par ses services peu après les attentats.

« L’ampleur et la nature des attaques que nous avons subies, ainsi que, malheureusement, la probabilité qu’elles surviennent à nouveau, nous amènent aujourd’hui à envisager d’approfondir notre rôle dans la capacité de résilience de la Nation. Même si notre raison d’être est de soutenir les forces armées (…), notre expertise doit pouvoir être mise à la disposition de la Nation pour la participation à la gestion des crises sanitaires », a ainsi expliqué le MGA Debonne. Et d’ajouter : « Il apparaît logique que le SSA puisse épauler plus largement les structures publiques de santé, et soit ainsi amené à considérer la gestion des crises sur le territoire national comme une dimension de son action, et non plus seulement comme une contribution optionnelle. »

Mais si le SSA doit prendre « une part plus importante à la résilience de la Nation » alors que son format est au « plus juste », cela se posera la question de l’adéquation entre ses moyens et ses missions. Et ce « serait un point majeur de préoccupation » pour le MGA Debonne.

« Ce sera le sens de notre stratégie auprès de l’état-major des armées et du ministère, en sachant que la question de la résilience (…) peut avoir une incidence sur l’évolution des ressources » du SSA. Si nous devions contribuer de manière significative à l’effort de résilience de la Nation dans un certain type de crise dans lequel nous sommes véritablement une valeur ajoutée, il faudrait le prendre en compte d’abord dans l’effectif de la médecine de premier recours » car « c’est la médecine de premier recours qui est la plus largement présente sur le territoire national », a insisté le MGA Debonne.

Déjà, en mai, quelques semaines avant l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, laquelle ne prévoyait pas d’augmentation de son budget, le SSA était en dépassement de son contrat opérationnel.

« Si le SSA est encore capable aujourd’hui de remplir ses missions, il faut reconnaître cependant qu’il le fait avec de plus en plus de difficultés », avait avancé, à l’époque, le MGA Debonne, qui évoquait alors un « état de tension préoccupant ».

« Les personnels du SSA sont tout autant impliqués dans la préparation des forces avant leur engagement que dans la prise en charge des malades et des blessés rapatriés sur le territoire national » tout en étant « fortement sollicités pour des missions d’expertise, de formation et de recherche pour lesquelles un très haut niveau de compétences et souvent un véritable niveau d’excellence sont exigés », avait-il expliqué.

Et, depuis mai, la « situation ne s’est pas améliorée » a dit le MGA Debonne aux députés lors de sa dernière audition. « À l’extérieur, elle reste à peu près au même niveau, avec des fluctuations, mais à l’intérieur, elle se dégrade », a-t-il continué.

Aussi, la question des effectifs du SSA va se poser avec davantage d’acuité. Si le format de la Force opérationnelle terrestre va passer de 66.000 à 77.000 soldats, cela aura immanquablement des conséquences sur la médecine des forces, qui est donc déjà en surcharge de travail.

« Les armées ont obtenu une atténuation de leur effort. Nous avons compris que cela devait d’abord bénéficier à l’opérationnel, au renseignement, à certaines fonctions vitales dans le contexte actuel. Mais le SSA est aussi une fonction vitale : nous avons à soutenir des forces, des effectifs militaires qui ne vont pas diminuer, et qui vont même se renforcer s’agissant de la force opérationnelle terrestre. Voilà pourquoi nous allons demander, et c’est une demande nouvelle par rapport à ce qui avait été prévu en 2013, le renforcement du soutien santé », a annoncé le MGA Debonne.

En outre, d’après le directeur central du SSA, la médecine des forces, « en première ligne au contact des forces armées », est « en difficulté et doit impérativement, et en urgence, être renforcée ». Le problème est que cela peut prendre du temps… « formation ne signifie pas compétence : la compétence, c’est l’expérience acquise, qui ne se décrète pas au bout de quelques années seulement », a souligné le MGA Debonne.

Ce dernier a également soulevé une autre urgence : « Nous sommes confrontés à d’importantes problématiques en matière de protection et de sécurisation de nos emprises. C’est un besoin à prendre en compte », a-t-il avancé.

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