Les 12 drones Reaper destinés à l’armée de l’Air coûteront 670 millions d’euros

Lors d’un déjeuner avec la presse spécialisée, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé l’achat par la France de 12 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de type MQ-9 Reaper après du constructeur américain General Atomics.

« Nous sommes en train de passer un accord avec les Américains pour l’acquisition de deux Reaper d’observation pour les positionner sur l’espace sahélien », a indiqué le ministre. Mais « cet accord reste cependant soumis à l’approbation du Congrès américain », a-t-il ajouté, même si cette opération est approuvée par le Pentagone.

Conformément aux orientations du dernier Livre Blanc sur la Défense et la sécurité nationale (LBDSN), il faudra acquérir 10 autres exemplaires du MQ-9 Reaper. Et c’est là que les choses risquent de se corser. Etant donné que ce matériel est soumis à des règles strictes en matière d’exportation, il faudra là encore l’autorisation du Congrès pour que cette transaction puisse se faire.

Jusque-là, il n’y aurait, a priori, pas de souci à se faire. Seulement, Paris entend « franciser » les appareils, ce qui suppose d’avoir l’accès à leur code source et d’adapter leurs moyens de transmission. Et là, c’est une toute autre paire de manches, même si, Jean-Yves Le Drian veut croire que « si on s’y prend dans le bon sens, ça devrait se débloquer. »

Ce point s’avère crucial pour utiliser voler les Reaper en Europe. Reste donc à voir si Washington donnera satisfaction. Ce qui est loin d’être gagné quand l’on voit les difficultés dans lesquelles est englué le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, après l’annulation du programme de drones Euro Hawk, suite aux réticences de Northrop Grumman pour fournir les éléments nécessaires à la certification des appareils afin de pouvoir les faire voler dans les cieux européens.

D’ailleurs, l’achat des 10 Reaper dépend, a insisté le ministre, de l’autorisation d’accéder à leur code source des appareils. Si elle est refusée, alors il faudra se rabattre sur un engin israélien, comme le Heron TP, lequel avait déjà été choisi le prédécesseur de M. Le Drian, en juillet 2011. La solution retenue impliquait alors Dassault Aviation, à qui revenait la charge de « franciser » l’ appareil, alors rebaptisé Voltigeur. Ce choix avait fait l’objet d’une passe d’armes entre députés et sénateurs, les seconds l’ayant contesté à cause, notamment, de son coût.

Justement, en parlant d’argent, le ministère de la Défense évalue à 670 millions d’euros l’acquisition des 12 drones MALE, ce qui comprend leur prix d’achat ainsi que le coût de leur « francisation ». L’opération sera inscrite dans la prochaine Loi de programmation militaire (2014-2019).

Par ailleurs, M. Le Drian a estimé qu’il « fait préparer avec les Européens le drone MALE de troisième génération ». Et d’évaluer le marché entre 30 et 40 appareils en Europe. Là encore, ce n’est qu’un voeu pieux : avec aussi peu de débouché, un programme allant dans ce sens ne serait économiquement pas viable et l’on voit mal comment il pourrait même être financé alors que la France, pas plus que le Royaume-Uni, l’Italie ou encore l’Allemagne, ont de l’argent à y consacrer, du moins pour le moment. Qui plus est, General Atomics ou IAI, forts de leur avance prise dans ce domaine, vont certainement pas restés les bras croisés en attendant que leurs homologues européens les rattrapent…

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