La République tchèque n’a pas de chance avec ses avions militaires

Les forces aériennes tchèques ont un format modeste. Mais elles ont la particularité de mettre en oeuvre des avions de facture locale, tels que le L-39 Albatros, le L-159 Alca, tous deux sortis des chaînes d’assemblage d’Aero Vodochody, ou encore comme le Zlin Z-42. Une partie du reste de la flotte est d’origine russe et polonaise. Il s’agit-là de vestiges de l’époque soviétique, notamment pour ce qui concerne les hélicoptères et les avions de transport.

Mais, dans le cadre de leur modernisation, les forces aériennes tchèques se sont tournées vers les pays occidentaux pour se procurer 14 JAS-39 Gripen auprès du constructeur suédois Saab et 4 avions de transport de type CASA C-295M livrés par le groupe EADS. Seulement, ces deux types d’appareils posent des problèmes. Non pas à cause de leurs qualités. Mais en raison des conditions dans lesquelles ils ont été acquis ou loués.

Ainsi, la vice-présidente de la Chambre tchèque des députés, Vlasta Parkanova, a vu son immunité parlementaire levée par ses collègues, le 11 juillet dernier, ce qui ouvre la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires pour abus de pouvoir et de confiance dans le cadre de l’achat des 4 C-295M en 2009 pour un montant de 140 millions d’euros.

Ce contrat avait déjà donné lieu à une enquête de la Commission européenne en 2010 car Prague n’avait pas ouvert d’appel d’offres pour cet achat qui a été fait dans des conditions que la justice tchèque estime opaque alors que Vlasta Parkanova était ministre de la Défense. Il apparaîtrait que le coût des avions a été surévalué de 25 millions d’euros

Selon Radio Prague, « la police espère que les interrogatoires de l’ancienne ministre lui permettront d’obtenir de nouvelles informations sur les autres acteurs de la transaction et peut-être même sur d’autres affaires encore, la plupart des commandes pour l’armée tchèque ayant fait l’objet d’importants soupçons de corruption », comme par exemple pour le contrat portant sur l’achat de 107 blindés Pandur, le journal Mlada frontes Dnes.

L’autre problème concerne les 14 JAS-39 Gripen. Ces appareils ont été loués par Prague en 2005 et cela pour une durée de 10 ans, afin de remplacer les MiG-21. Aussi, comme le terme approche, des négociations ont été entamées avec Stockholm et Saab pour prolonger la location de ces avions. Mais là, il semblerait que l’on se montre intransigeant en Suède, notamment sur le prix du contrat, lequel fait d’ailleurs lui aussi l’objet de soupçons de corruption.

Actuellement, Prague paie 2 milliards de couronnes – soit 80 millions d’euros – par an pour les 14 Gripen. Et le gouvernement tchèque souhaiterait un rabais… qui sera donc compliqué à obtenir. Si aucun n’est trouvé, alors les forces aériennes tchèques auront dépensé cet argent en pure perte.

« Si cette attitude non coopérative et assez surprenante pour moi perdure, le contrat arrivera fin 2014 à son expiration et un appel d’offres sera lancé » a déclaré Petr Necas, le Premier ministre tchèque. « En ce moment, je n’arrive pas à imaginer l’armée tchèque sans supersoniques, mais le fournisseur risque de nous pousser jusqu’à la situation où il ne s’agira plus de Gripen » a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, la marge de manoeuvre est très limitée pour le ministère tchèque de la Défense, qui a vu en 2011 ses ressources diminuer de 15%, ce qui fait que la part des dépenses militaires du pays atteignent 1,15% du PIB, ce qui est très loin des 2% de la norme Otan.

Pour tenter de faire entrer de nouvelles recettes, le ministère tchèque de la Défense envisage de revendre 134 chars T-72, qui, selon un porte-parole, « sont toujours opérationnels » et qui « peuvent être déployés en cas de guerre. »

En 1993, les forces terrestres du pays mettaient en oeuvre 1.600 chars lourds. Après cette vente, assurée par une société privée, il ne leur restera plus qu’une trentaine de T-72M4 CZ récemment modernisés, étant donné qu’elles ont donné la priorité à des blindés « plus légers avec une grande mobilité ».

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