Insécurité au large de la Guyane

Avec l’orpaillage illégal impliquant des bandes armées violentes, au point que les membres de l’une d’entre elles sont activement recherchés par la Gendarmerie nationale pour avoir tué deux militaires du 9ème Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) au cours d’une mission le mois dernier, la Guyane est confronté à une autre problème, à savoir l’insécurité au large de ses côtes, causée par le pillage de ses ressources halieutiques.

Ainsi, dans la nuit du 23 au 24 juillet, un bateau de pêche français, « La Monjolienne », a été attaqué, au large de l’Approuague, par des individus armés qui ont volé son moteur, du carburant ainsi que les effets personnels de son équipage.

« Malgré le survol par un hélicoptère de la gendarmerie (…) aucun bateau correspondant à la description des navires des pirates n’a pu être repéré » a indiqué Denis Labbé, le préfet de Guyane.

Et les tensions sont vives entre les pêcheurs français et ceux du Brésil et du Surinam, qui, attirés par l’abondance de poissons des eaux guyanaises, viennent y pêcher illégalement à bord de leurs tapouilles.

Ce problème n’est cependant pas nouveau. Et la gendarmerie maritime ainsi que les patrouilleurs P400 de la Marine nationale ( La Gracieuse et la Capricieuse) ont de quoi faire… Ainsi, l’an passé, 20 navires illégaux ont été interceptés, ce qui a permis de saisir 24 tonnes de poissons.

Mais, comme l’a souligné l’amiral Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), lors d’une audition devant la commission Défense de l’Assemblée nationale, les « actions de basse intensité sont menées dans des conditions de sécurité de plus en plus difficiles ». Et de citer, en appui de ses propos, « l’interception, il y a quelques mois, d’une tapouille brésilienne prise dans une action de pêche illégale en Guyane » qui « s’est ainsi terminée par des coups de feu, les contrevenants faisant de plus en plus usage de leurs armes. »

Et cette présence sans cesse plus importante de pêcheurs illégaux dans les eaux guyanaises a provoqué un mouvement d’humeur du syndicat des Pêcheurs et armateurs de la pêche artisanale au poisson (PAPAP) et du Comité Régional des pêches maritimes et des élevages marins Guyane (CRPMEM), qui ont bloqué, le 20 juillet dernier, l’accès à la direction des affaires maritimes pour réclamer de la part de l’Etat plus de moyens pour mettre un terme à ce qu’ils appellent le « pillage des poissons » par des navires illégaux, qui, par ailleurs, utilisent des filets dérivants interdits par la législation française.

« Ces pêcheurs, originaires le plus souvent des pays voisins, et naviguant sans la moindre autorisation dans les eaux territoriales, se singularisent par une radicalisation de leur comportement, qui se traduit par la destruction de plus en plus fréquente des filets des pêcheurs légaux, voire la confiscation sous la menace de leurs prises, de leur matériel, et du moteur de leur embarcation » a expliqué Rodolphe Alexandre, le président de la région Guyane, dans un courrier adressé le 19 juillet à Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, afin que « toutes les mesures nécessaires » soient prises pour « éradiquer une bonne fois pour tout la pêche clandestine. »

Le sénateur guyanais Georges Patient a abordé cette question une semaine plus tôt. « Il est urgent non seulement de renforcer les moyens matériels et humains de lutte contre la pêche illégale et la piraterie en mer mais également d’obtenir des autorités brésilienne et surinamaise une mobilisation plus ferme » a-t-il déclaré.

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