La Roumanie envisage de céder l’un de ses systèmes de défense aérienne Patriot à l’Ukraine

Ce 8 mai, la Russie a lancé une nouvelle attaque massive contre les infrastructures énergétiques, notamment des installations de production d’électricité situées dans les régions de Poltava [est], Kirovograd [centre], Zaporijjia [sud], Lviv, Ivano-Frankivsk et Vinnytsia [ouest]. La compagnie DTEK a signalé que trois centrales thermiques avaient été « sérieusement endommagées ».

« L’ennemi ne renonce pas à ses plans visant à priver les Ukrainiens de lumière. Une nouvelle attaque massive contre notre industrie énergétique ! », s’est insurgé Guerman Galouchtchenko, le ministre ukrainien de l’Énergie, via Telegram.

Le rythme des frappes russes contre les sites énergétiques ukrainiens tend à s’intensifier. Ainsi, DTEK a affirmé que ses installations avaient été visées à cinq reprises au cours des six dernières semaines.

Fin mars, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait estimé qu’il faudrait au moins vingt-cinq systèmes de défense aérienne Patriot, dotés chacun de six à huit lanceurs, pour protéger l’Ukraine contre les missiles et les drones russes. À l’époque, l’aide américaine de 61 milliards de dollars étant toujours bloquée au Congrès, son appel s’adressait surtout aux partenaires européens de Kiev.

« Les armées occidentales ont environ 100 batteries de missiles Patriot, et pourtant, nous sommes incapables de leur fournir les sept qu’ils demandent désespérément », avait ensuite tancé Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. « La situation en Ukraine est extrêmement difficile, la machine militaire russe tourne à plein régime. […] Nous devrions faire plus et plus vite afin de les aider à avoir les capacités dont ils ont besoin », avait-il ajouté.

L’Allemagne a répondu, si l’on peut dire, à l’appel, en lançant une initiative visant à trouver les systèmes Patriot réclamés par Kiev. Et elle a même donné l’exemple, avec l’annonce de l’envoi en Ukraine d’une troisième batterie Patriot prélevée sur la dotation de la Bundeswehr. L’Espagne a fait savoir qu’elle se joindrait à cet effort, avec la livraison de missiles intercepteurs. En outre, l’Italie pourrait suivre, avec la possible cession d’un second système SAMP/T [Sol Air Moyenne Portée / Terrestre]. De même que la… Roumanie.

En effet, le 7 mai, à l’issue d’une rencontre avec Joe Biden, son homologue américain, le président roumain, Klaus Iohannis, par ailleurs candidat au poste de secrétaire général de l’Otan, s’est dit ouvert à l’idée de livrer un système Patriot à l’Ukraine.

« Je dois en discuter au Conseil suprême de défense pour voir ce que nous pouvons offrir et ce que nous pouvons obtenir en retour, car il est inacceptable de laisser la Roumanie sans défense aérienne », a en effet déclaré M. Iohannis.

Pour rappel, en 2017, la Roumanie a confirmé la commandé de 7 systèmes Patriot auprès des États-Unis, pour un total de 3,9 milliards de dollars. Depuis, quatre lui ont été livrés, dont un a été déclaré opérationnel en novembre 2023. Et il n’est pas question de céder celui-ci à l’Ukraine mais l’un des trois qui est encore en phase d’opérationnalisation, a expliqué le président roumain.

Cela étant, la Roumanie n’est pas totalement démunie en matière de défense aérienne : elle abrite un site AEGIS Ashore, qui est l’un des composants du « bouclier » antimissile de l’Alliance atlantique et elle accueille un système français SAMP/T, déployé à Capu Midia par l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] depuis mai 2022. Système qui est connecté et intégré, via une liaison de données tactiques, au système de défense roumain ainsi qu’à celui de l’Otan.

Photo : Otan