Moldavie : Les séparatistes de Transnistrie demandent la « protection » de la Russie

En 1991, à peine indépendante, la Moldavie fut plongée dans un conflit territorial provoqué par la sécession de la Transnistrie, l’une de ses régions majoritairement russophone et frontalière avec l’Ukraine. Les combats prirent fin un an plus tard, grâce à une médiation de la Russie.

Mais en échange de la « neutralité » de cette dernière dans ce différend, Chisinau accepta d’accorder une large autonomie à la région sécessionniste et de renoncer à tout rapprochement avec la Roumanie. Depuis, la Transnistrie est devenue la « république moldave du Dniestr », laquelle s’est donné les attributs d’un État indépendant, tout en revendiquant sa proximité avec Moscou. En outre, elle abrite la 14e armée russe.

Cependant, malgré une opinion publique traversée par un important sentiment pro-russe, la Moldavie a noué des relations avec l’Otan et obtenu le statut de pays candidat à l’Union européenne [UE]. Évidemment, une telle politique n’est pas au goût de Moscou…

D’ailleurs, un an après avoir déclenché les hostilités en Ukraine, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a abrogé un décret qui reconnaissait la souveraineté de Chisinau sur la Transnistrie. Et d’expliquer que cette décision avait été prise pour « garantir les intérêts nationaux de la Russie dans le cadre des profonds changements qui se produisent dans les relations internationales ».

Quoi qu’il en soit, depuis le début de la guerre en Ukraine [voire avant], la Russie met la pression sur la Moldavie, via des opérations de déstabilisation, d’ingérences et d’intimidations [avec, par exemple, des vol de missiles russes dans son espace aérien]. En outre, à plusieurs reprises, des responsables politiques et militaires russes ont laissé entendre qu’elle serait le prochain objectif du Kremlin.

« Le contrôle du sud de l’Ukraine, c’est également un couloir vers la Transnistrie, où on observe également des cas d’oppression de la population russophone », avait ainsi déclaré un général russe, en avril 2022. Sauf que, pour le moment, l’offensive menée par la Russie ne lui pas permis de prendre pied à Odessa… et donc de se frayer un chemin vers la république moldave du Dniestr.

Cependant, quelques mois plus tard, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’était montré plus direct. « Après l’Ukraine, la Moldavie est désormais destinée à devenir la prochaine victime de la guerre hybride déclenchée par l’Occident contre la Russie », avait-t-il affirmé.

Quoi qu’il en soit, en janvier, les relations entre Chisinau et Tiraspol s’étant dégradées, le président de la république moldave du Dniestr a appelé ses ministres de la Sécurité d’État et de la Défense à « prendre leurs dispositions » dans l’éventualité d’un conflit. Éventualité qui pourrait devenir certitude…

En effet, ce 28 février, réuni en congrès [une première depuis dix-huit ans], les députés de la république moldave du Dniestr ont probablement fait un premier pas vers un rattachement à la Russie. Ainsi, via une résolution, ils ont appelé Moscou à « mettre en œuvre des mesures pour protéger la Transnistrie dans des conditions de pression accrue de la part de la Moldavie ». En outre, elles ont également demandé à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE], à l’ONU et à l’UE une « protection contre les abus de Chisinau ».

En 2006, un référendum portant sur l’intégration de la Transnistrie à la Russie avait recueilli 97% de suffrages favorables. Même Moscou avait trouvé ce résultat un peu trop flatteur pour être honnête. Aussi, le Kremlin n’avait pas répondu à cette sollicitation. Mais maintenant, la donne a changé, la diplomatie russe ayant indiqué qu’elle ferait de la sécurité des habitants de la république moldave du Dniestr une « priorité ». Et d’insister : « Toutes les demandes sont toujours examinées avec attention par les organismes russes compétents ».

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