M. Macron dit ne pas exclure l’envoi de forces occidentales en Ukraine

En octobre dernier, le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, avait évoqué l’éventualité d’envoyer des instructeurs militaires auprès des forces ukrainiennes.

Mais le locataire du 10 Downing Street, Rishi Sunak, rectifia ce propos lors de la conférence annuelle du Parti conservateur. « Aucun soldat britannique ne sera envoyé [en Ukraine] pour combattre dans le conflit actuel », avait-il soutenu. Et d’ajouter : « Ce que le ministre de la Défense a dit, c’est qu’il pourrait bien être possible un jour d’effectuer une partie de cet entraînement en Ukraine ».

Cependant, dans un entretien accordé à l’agence Dpa en marge de la conférence internationale sur le soutien à l’Ukraine organisée à Paris, le 26 février, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a justifié son refus de livrer des missiles de croisière à longue portée Taurus à Kiev en laissant entendre que des militaires occidentaux étaient déjà déployés auprès des forces ukrainiennes.

« C’est une arme de très grande portée, et ce qui est fait en termes de ciblage et d’accompagnement du ciblage de la part des Britanniques et des Français ne peut pas être fait en Allemagne », a en effet affirmé M. Scholz, dans une allusion aux missiles SCALP et Storm Shadow livrés par Paris et Londres à Kiev.

« De mon point de vue, ce serait quelque chose qui ne serait pas responsable si nous participions de la même manière à la gestion du ciblage » de ces missiles, a-t-il poursuivi, avant de mettre en garde contre le risque pour l’Allemagne de se retrouver « directement » impliquée dans la guerre. « Les soldats allemands ne doivent en aucun cas et en aucun endroit être reliés aux objectifs atteints par ces systèmes », a insisté M. Scholz. « Ce que d’autres pays font, qui ont d’autres traditions et d’autres institutions constitutionnelles, est quelque chose que nous ne pouvons pas faire dans la même ampleur », a-t-il conclu.

Au même moment, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a affirmé que « plusieurs membres de l’Otan et de l’Union européenne envisageaient d’envoyer des soldats en Ukraine sur une base bilatérale ». Et d’y voir un « risque important d’escalade », avant d’expliquer que « davantage d’informations ne pouvaient pas être divulguées au public ».

L’affirmation de M. Fico n’était pas une galéjade. À l’issue de la conférence internationale de Paris, le président Macron a effectivement évoqué l’éventuel envoi de troupes occidentales en Ukraine.

« Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a déclaré Emmanuel Macron. Faut-il comprendre que des troupes ont été déployées de manière officieuse et non assumée ? Et que la France serait prête à aller plus loin ?

Le locataire de l’Élysée a dit ne pas souhaiter en dire plus, évoquant une « ambiguïté stratégique » qu’il « assume ». Mais « je n’ai absolument pas dit que la France n’y était pas favorable » et « je ne lèverai pas l’ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms. Je dis que ça a été évoqué parmi les options », a-t-il ajouté.

Cependant, a-t-il continué « beaucoup de gens qui disent ‘Jamais, jamais’ aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient ‘Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée’ il y a deux ans. Je vous rappelle qu’il y a deux ans, beaucoup […] disaient : ‘nous allons proposer des sacs de couchage et des casques’. Et aujourd’hui, [ils] disent : ‘il faut faire plus vite et plus fort pour avoir des missiles et des tanks. « Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard. C’était l’objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif », a fait valoir le président français, en jetant, au passage, une pierre dans le jardin du chancelier Scholz.

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