La Slovaquie songe à se doter du système de défense aérienne américain Patriot

Membre de l’Otan et de l’Union européenne, la Slovaquie n’a pas mégoté son soutien à l’Ukraine peu après le début de la guerre déclenchée par la Russie. En effet, Bratislava a cédé à Kiev quasiment tous ses équipements militaires d’origine soviétique, dont ses avions de combat MiG-29 [qui seront bientôt remplacés par des F-16 Viper, ndlr], ses blindés BMP-1, des munitions de 152 mm et ses systèmes de défense aérienne S-300.

Évidemment, pour compenser les déficits capacitaires de ses forces armées, la Slovaquie compte sur le soutien de l’Otan, avec notamment la présence d’un groupement tactique multinational, avec la République tchèque pour nation cadre. C’est ainsi que, en matière de défense aérienne, ses S-300 ont été remplacés par des batteries Patriot fournies par l’Allemagne, les Pays-Bas et les États-Unis. Depuis, par le jeu des relèves, cette configuration a évolué puisque le ciel slovaque est désormais aussi protégé par un système Mamba [ou SAMP/T pour Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre] mis en oeuvre par un détachement italien.

Cependant, pour la Slovaquie, l’objectif est de ne pas dépendre des autres pour assurer sa défense aérienne. D’où le projet d’acquérir ses propres capacités en la matière. À cette fin, elle a rejoint l’European Sky Shield Initiative [ESSI], un projet lancé par l’Allemagne en octobre 2022, dans le cadre de l’Otan.

Pour rappel, l’ESSI vise à développer un système européen de défense aérienne, en mutualisant, entre les pays participants, l’achat de systèmes IRIS-T SLM [Diehl Defence], Arrow-3 [conçu par Israël avec une aide américaine] et Patriot PAC-3.

Sauf que la donne politique a depuis changé à Bratislava, avec le retour de Robert Fico à la tête du gouvernement. Or, peu avant le début de la guerre en Ukraine, celui-ci s’était opposé à la signature d’un accord de défense avec les États-Unis [qu’il avait lui même négocié lors de l’un de ses précédents mandats de Premier ministre], avant de s’en prendre à l’aide militaire fournie par son pays à Kiev en l’estimant « anticonstitutionnelle » et la qualifiant de « sabotage ».

Pourtant, grâce aux dons faits à l’Ukraine, la Slovaquie a pu bénéficier de conditions avantageuses pour acquérir une douzaine d’hélicoptères d’attaques AH-1Z Viper et leurs munitions, les États-Unis ayant consenti un rabais de 660 millions de dollars, financé par leur « Military Assistance Program ». Mais, pour M. Fico, cette opportunité n’en était pas vraiment une. Les Américains « se débarrassent d’une ancienne technologie », avait-il accusé.

Quoi qu’il en soit, peu après avoir retrouvé son fauteuil de Premier ministre, M. Fico n’a pas tardé à annoncer la couleur, l’une de ses premières décisions ayant été de couper l’aide militaire slovaque à Kiev. Le 21 janvier, il a prévenu qu’il mettrait son veto à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan pour ne pas déclencher une « troisième guerre mondiale ».

C’est donc dans ce contexte que, le 28 janvier, le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak, a fait savoir que Bratislava avait l’intention de se procurer des systèmes de défense aérienne Patriot auprès des États-Unis, dans le cadre d’un « plan à plus long terme ». Selon lui, ce « sera le contrat le plus important de l’histoire de l’armée slovaque ».

Pour financer cet achat, M. Kalinak a expliqué qu’il entendait utiliser les 660 millions de dollars du « Military Assistance Program » proposés par Washington pour financer les AZ-1 Viper. « La priorité de la Slovaquie n’est pas l’achat d’hélicoptères d’attaque mais la défense aérienne », a-t-il conclu.