Berlin relance la production de la mine directionnelle antichar PARM/DM22, conçue durant la Guerre Froide

Au début des années 1980, le ministère allemand de la Défense confia le soin au groupe Messerschmitt-Bölkow-Blohm [MBB] de développer et de produire la PanzerAbwehrRichtMine 1 [PARM 1, encore appelée DM12], c’est à dire une mine directionnelle antichar.

Ce système se présente sous la forme d’une sorte de lance-grenades antichar [Panzerfaust] monté sur un trépied. D’une portée comprise entre 2 et 40 mètres, il permet de tirer une charge creuse sur l’un des deux flancs d’un blindé, là où il est le plus vulnérable. Mise en oeuvre grâce à un câble de déclenchement à fibre optique, cette mine de 1,4 kg pouvait percer un blindage d’une épaisseur de 600 millimètres.

Sa portée étant insuffisante, une nouvelle version fut mise à l’étude, ce qui donna lieu à la PARM 2 [ou DM22], entrée en dotation au sein de la Bundeswehr à partir de 1988. Deux fois plus lourde que la PARM 1 avec sa masse de 20 kg, cette mine directionnelle antichar utilise un capteur infrarouge passif « SAPIR », associé à un microphone pour détecter le bruit d’un moteur de blindé. Pouvant être actif pendant trente jours, ce dispositif peut toucher un char à 100 mètres de distance et percer des blindages de 750 millimètres.

La DM22 a été utilisée au combat – non sans succès – par l’armée ukrainienne, la Bundeswehr lui ayant cédé une partie de son stock en mai 2022 [il est question de 1600 unités, ndlr] au titre de l’aide militaire consentie à Kiev.

Seulement, cette mine directionnelle antichar n’est plus produite depuis au moins vingt-cinq ans… Or, en octobre, la chambre basse du Parlement allemand [Bundestag] a approuvé un investissement de 68 millions d’euros pour remplacer les DM22 fournies à l’Ukraine. Comme il n’est pas question de développer un nouveau modèle – faute de temps, notamment – la seule solution est de relancer leur fabrication. D’où le marché que vient de notifier l’Office fédéral des équipements, des technologies de l’information et du soutien en service de la Bundeswehr [BAAINBw] à TDW GmbH, filiale de MBDA Deutschland.

Ainsi, le contrat, signé le 14 novembre, prévoit la production et la livraison à la Bundeswehr de 2’600 PARM. Une option pour 10’000 exemplaires de plus est prévue. Avec cette commande, le système PARM/DM22 sera « de nouveau produit en série », s’est félicité TDW GmbH, via un communiqué. « Il s’agit de la mine directionnelle antichar la plus puissante disponible sur le marché », a souligné Thomas Gottschild, le directeur général de MBDA Deutschland.

Seulement, la Bundeswehr ne recevra les premiers lots de DM22 qu’à partir de 2026. Et cela pour des raisons réglementaires car les mines commandées seront produites avec des composants différents que ceux utilisés il y a une vingtaine d’années, ce qui suppose que ce système devra être de nouveau certifié.

« Étant donné que des modifications techniques doivent être apportées pour la nouvelle production de la PARM DM22, une requalification est nécessaire. Un lot de démonstration sera produit à partir de 2025 », a en effet précisé le BAAINBw.

Photo : BAAINBw / Bundeswehr

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68 contributions

  1. Albe dit :

    Il ne reste plus que de notre côté à relancer la production de la MIACAH (Mine antichar à action horizontale) !
    A moins qu’on réinvente l’eau chaude, histoire de faire fonctionner les affaires …

    • Auguste dit :

      Si l' »horizontal » ne convient pas,il y a toujours du « vertical ».
      https://youtu.be/zqtFhqSNubY

    • Félix GARCIA dit :

      EOD205@eod205
      Ukraine/Russie :
      Présentation de la mine MIACAH F1 (Mine antichar à action horizontale modèle F1) par un soldat des forces armées ukrainiennes.
      https://twitter.com/eod205/status/1652732433903546371

      • Albe dit :

        Le numéro de lot figure visiblement sur la mine et il s’agit bien d’un modèle F1 (en sachant qu’il y a eu le modèle F2) ! Une mise en évidence qui interpelle … ! De vieux stocks ukrainien ?!

      • RFP dit :

        Et une bonne pub pour Duracell ! Mais sans le petit lapin…

    • BESSON , le dégourdi de la 11éme dit :

      @Albe et @Kamelot

      Du temps de mon SN j’ai eu droit à une formation commando durant laquelle la mise en œuvre de cette mine était enseignée .
      Monadjudant Kronenbourg™ qui était chargé de cette formation était explicite :
       » On la met sur les axes de communications de l’ennemi – Les URSSIens – et peu importe qui la fait pêter : Une Trabant™ ou une Lada™ avec une famille dedans ou un T-72  »

      Il faut noter que les Houthis ont développé des  » mines rocher  » qui fonctionnent avec les mêmes capteurs : PIR et détecteur de vibrations .

      Il faut aussi se souvenir que MM. mesgénéraux Lecointre et Burkhard parlaient de ces armes comme des « armes terroristes « et des  » armes des lâches  » au Mali et je me faisais régulièrement agresser sur ce forum pour écrire que les  » GAT  » utilisaient de manière parfaitement licite contre les véhicules de l’armée Française des armes qui ont été en dotation au sein de l’armée de terre .

      Je ne regrette pas cette formation car pendant une dizaine d’années j’ai bricolé avec des MIACAH d’exercice ( subtilisées en loucédé , au plâtre ) des pièges pour la propriété du Père …
      En fait très probablement au bout de 2 ou 3 trois elles étaient inopérantes car le plâtre a  » coulé  » du fait de l’humidité .

      • VinceToto dit :

        La doctrine d’emploi URSS des mines anti-char(et anti personnel) avec projectiles ou a effet dirigé était dite « offensive »: pour embuscade, ou défense active avec contrôle humain pour chaque système de mine. Elles pouvaient, peuvent s’utiliser autrement.
        Le doctrine d’emploi US/OTAN/France de ce type de mine à effet dirigé est plus pour de la protection d’accès, périmètre, notamment les anti-personnel à effet dirigé. Mais évidement qu’avec les bons capteurs elles peuvent aussi s’utiliser en embuscade, ou défense discriminante avec contrôle humain à distance avant d’armer les systèmes(genre pas se déclencher avec du gibier, bétail, civil) mais cela demande des opérateurs compétents et un minimum de réflexion pas tordue par le commandement.

        • BESSON , le dégourdi de la 11éme dit :

          @VinceToto

          Merci pour ces précisions !
          La protection de la propriété familiale s’inscrivait donc dans la doctrine de l’OTAN .
          Aujourd’hui je penserai plus de manière URSSIenne : [ Autocensure ]

      • jyb dit :

        l’usage est plutôt de dire « ied » que mine pour les pièges explosifs.

        • VinceToto dit :

          Sur le terrain, IED/mine: arme explosive pouvant être utiliser comme piège explosif(caché) ou/et comme dissuasion/ralentissement(visible).

        • BESSON , le dégourdi de la 11éme dit :

          Cit :[ l’usage est plutôt de dire « ied » que mine pour les pièges explosifs.]

          L’usage je le mets là où je pense !

          Que ce soient l AdT , l’armée Russe , les  » GAT  » de la  » BSS  » , les Houthis ce sont des M-I-N-E-S .
          Ce ne sont pas des  » armes du lâche » ™© mais des armes licites .

          Elles sont destinées à faire du  » « déni d’accès et interdiction de zone  » non seulement en infligeant des pertes en personnel et en matériel ( En tuant mais surtout en blessant des militaires et en détruisant le véhicule qui les transporte pour être clair ) mais aussi en exerçant une  » action psychologique » .

          Il suffit de lire le témoignage des éclaireurs de patrouilles durant la guerre du Vietnam . Elles sont comme le Secutor : Même si elles ne sont pas là , elles font peur !

          • VinceToto dit :

            « Ce ne sont pas des » armes du lâche » ™© mais des armes licites  »
            Les armes n’ont aucune valeur morale en elle même, c’est leurs modes d’utilisations, objectifs d’utilisations, etc., qui peuvent être jugés sur le plan moral/éthique.
            Quant au droit, son lien avec la moralité/l’éthique n’est pas toujours établi.
            (Moi, je dors bien.)

  2. Kamelot dit :

    « L’arme des lâches », mais õ combien efficace !

  3. Félix GARCIA dit :

    L’Est de l’OTAN, le Sud de l’Arménie, les montagnes himalayennes … trois exemples d’endroits sur Terre où elles auraient « leur place ».

    • Bessonian , l'Aigle du Caucase dit :

      Cit :[ L’Est de l’OTAN, ]

      Le général SOUROVIKINE vous a déjà piqué l’idée ! ;0)
      Pourtant avec tous vos liens , vous devriez être au courant ? Non ?
      Le principal problème ce serait plutôt le déminage ….

      ( Ps : C’est de l’humour taquin hein ! )

      [ le Sud de l’Arménie ]

      Pour le moment la seule chose que Pachinianne a miné de manière régulière en Arménuchie c’est le parvis du parlement de Iérévanne et les approches de son bunker personnel.
      Non pas avec des mines anti-chars , du moins pas pour le moment , mais avec des mines anti-manifestations !!!
      Des mines assourdissantes et flashantes ( светошумовые мины )
      En fait il a  » détourné  » , comme on fait en cuisine , des grenades anti-manifestations pour  » quadriller  » le parvis du parlement et le glacis de son bunker avec ces grenades et un système de mise à feu centralisé .

      Enfin ces mines AC et AP étaient en dotation au sein de l’armée Arménuche mais les Russes ont été fort marri de découvrir en Syrie des mines provenant de lots qu’ils ont vendu – et même fourni gracieusement parfois – justement aux militaires Arméniens …

      Il n’ y a plus qu’ à espérer que dans  » la montée aux extrêmes  » à laquelle nous assistons , on ne retrouve pas ce type de mines sur les routes de l’Hexagone !
      Après tout , l’OAS a déjà utilisé ce type de mines pour des attentats il y a plus de 60 ans …

      [ les montagnes himalayennes ]

      Vous les disposeriez comment par exemple autour du lac de Pangong-Tso ?
      Comme ça , au dépoté ? ;0)
      Prés de  » finger 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 …. « ?
      Ps : Je n’y suis jamais parvenu … J’ai été victime d’un OPHA à la sortie de Leh ! …

      https://www.youtube.com/watch?v=InR0nI9CKhY

      • Félix GARCIA dit :

        « Le général SOUROVIKINE vous a déjà piqué l’idée ! ;0)
        Pourtant avec tous vos liens , vous devriez être au courant ? Non ? »
        De même que vous devriez être au courant du fait que je n’ai jamais minimisé le défi gigantesque que représente de telles défenses.

        « Le principal problème ce serait plutôt le déminage …. »
        En effet.

        « Vous les disposeriez comment par exemple autour du lac de Pangong-Tso ? »
        Je ne connaissais pas son existence avant que vous le mentionniez.
        Mais pour répondre à votre question : j’imagine que ça se met sur le côté des routes … et, en montagnes, les côtés des routes, ça laisse pas mal de possibilités, non ? Avec un ch’tit camouflage montagne (motif pierre et/ou végétal).
        Nan, c’est pas comme ça que ça marche ?

        PS : « Pourtant avec tous vos liens , vous devriez être au courant ? Non ? »
        ♫ C’est pas écrit dans les liens-euh ! ♫
        ^^

        • Félix GARCIA dit :

          PS : « Vous les disposeriez comment par exemple autour du lac de Pangong-Tso ? »
          Au début, je pensais vous répondre « à droite et à gauche » … pi non en fait …

        • Sâr Rabindranath BESSON dit :

          Cit :[ Avec un ch’tit camouflage montagne (motif pierre et/ou végétal).]

          Voici la réalité de la  » guerre des mines  » au Ladakh en 2023

          https://www.thestatesman.com/india/in-ladakh-army-removes-landmines-from-3-border-villages-1503230701.html

          En fait ces opérations de déminage n’ont rien à voir avec les opérations en cours mais concernent des mines posées en 1962 .
          C’est un accident bête qui les ont déclenché , comme dans les Hauts de France dans les années 20 : Deux laboureurs qui se sont fait sauter la gue*** en préparant leur champ …
          Les mines tuent au Ladakh comme le long de la Ligne Morice ( 1962 aussi ) plus de 60 après et cela montre leur efficacité .

          Je vais essayer de vous montrer une video  » immersive  » de cette route qui aura une importance capitale dans un futur ( ? ) conflit Sino-Indien pour étayer vos réflexions .
          Ce n’est pas la première fois d’ailleurs !
          https://swarajyamag.com/defence/when-india-airlifted-tanks-to-ladakh-to-halt-the-invading-chinese-army-2

          Je voulais profiter d’une présence dans la région pour faire un  » battlefield tour  » mais cela s’est terminé en réanimation à l’hosto …

          Je n’ai pas trouvé de vidéo  » immersive  » d’un tankiste Chinois qui  » descend  » vers Leh mais plutôt la vidéo immersive d’une colonne Indienne qui  » monterait  » sur les rives de ce lac .
          En fait la seule que j’ai trouvé de  » descente  » c’est celle-ci :
          https://www.youtube.com/watch?v=fjHdMyQB-Mg

          J’espère que les SR Pékinois dirigés comme on le sait par le Dr. Fou Manchou ont réussi à soudoyer des touristes pour qu’ils filment en réalité immersive 3D la  » descente  » vers Leh !
          C’est le minimum minimorum pour entrainer sur un simulateur les troupes qui devront faire flotter la glorieuse bannière de la RPC sur cette cité et les préparer aux éventuelles embuscades !

          Ps : La barbe c’est au dessous de la couverture et les nattes c’est au dessus !

  4. Félix GARCIA dit :

    HS Inde : « India’s ‘Zorawar’ Light Tank, Designed For Operations On China Border, To Be Ready This Month For Trials In December »
    https://swarajyamag.com/defence/indias-zorawar-light-tank-designed-for-operations-on-china-border-to-be-ready-this-months-for-trials-in-december
    25 tonnes, avec canon de 105mm de John Cockerill probablement testé en décembre et produit sur place selon l’article, l’intégration d’une protection active (israélienne j’imagine) et d’un drone aérien, qui serait construit en 350 exemplaires.

    • john dit :

      Moteur Cummins de 1,000 cv (après des négociations ratées avec MTU), puissance réduite à très haute altitude toutefois, d’où le choix d’une telle puissance pour un poids léger.

      Pour le système de protection actif, le DRDO a développé son propre système, et planifie de les installer sur ses chars et ses VCI (3’000 véhicules).

      Quant à John Cockerill, le canon n’est qu’une partie de sa participation, ils semblent fournir la tourette 3105 en entier (donc le système d’arme, système de stabilisation du canon, etc…). Et cela explique entre autres comment un tel char est sorti aussi rapidement !
      Cette tourelle est développée depuis longtemps. Elle a été testée sur Leopard 1, sur le Kaplan turque, le K21 coréen, le Boxer

      • Félix GARCIA dit :

        Vous faites bien d’ajouter ces précisions.

        « Pour le système de protection actif, le DRDO a développé son propre système, et planifie de les installer sur ses chars et ses VCI (3’000 véhicules). »
        Je l’ignorais.

      • Trucmachinchose dit :

        Le char turc, la charrette turque, les Turcs.

  5. joe dit :

    Ils doivent en avoir encore quelques milliers d’exemplaires sous le coude pour se satisfaire d’une certification dans deux ans et une production dans trois. En même temps, vu que les chars russes ont pour tradition de déminer le terrain en roulant sur les mines posées à même le sol, sans aucun camouflage pour les dissimuler, nul besoin de subtilité, à part pour des passages obligés et boisés, pas encore ravagés par les bombardements. Il ne doit pas en rester beaucoup. Il est vrai que d’ici 2026, la russie devrait avoir en première ligne des T54 et des blindés Nord Coréen type BMP-1. La panoplie actuelle et les commandes passées par beaucoup de pays Européens devraient largement compenser une éventuelle pénurie de ce modèle 🙂

    • pouet dit :

      Mais oui les russes sont des cretins. Si ils gagnent vous pourrez en tirer les conclusions nécessaires quand à notre propre condition.

      • Lemarin dit :

        Des crétins très nombreux …

        • fabouze dit :

          tout a fait, et des crétins qui n’ont pas peur de faire mourir leur soldats….
          donc oui, si ils gagnent, on va avoir encore plus peur et le monde deviendra encore un peu plus merdique
          c’etait que vous aviez en tete?

      • Pascal, (l'autre) dit :

        « Si ils gagnent » Vous voulez dire « s’ils gagnent »? A part ce petit aparté je sais bien que Noël approche avec le moment de penser/rédiger sa liste de cadeaux et autres envies mais votre déclaration me semble particulièrement…………………prématuré! Mais il est toujours bon de croire au Père Noël, ça…………………………..rassure!

      • joe dit :

        Non le russe n’est pas un crétin, il est juste lobotomisé par des siècles d’esclavage plus ou moins voyant. Hier par les tsars, puis les « libérateurs » communistes qui ont repris le flambeau des tsars : nier au peuple la liberté de penser. Je faisais référence à l’organisation russe qui découle justement de leur rigidité politique : les ordres doivent être exécuter même si le résultat est prévisible. On ne compte pas les pertes, parce que il y a toujours de la chair à canon et que le pays produit plus de tank que de machines capables d’élever le PIB au dessus de celui… de l’Espagne. Tiens encore un général qui est mort avec sa femme chez lui : cause de la mort inconnue… Il avait critiqué Putler pour faire de l’armée de l’air une armée de troisième zone… Quant à notre propre position, l’existence par exemple des gilets jaunes et d’élection libre prouve que nous avons des années lumières d’avance.

      • R2D2 dit :

        les Russes ne sont pas des crétins mais ils ont leur propre référentiel de valeur. Et dans ce référentiel la vie des soldats n’est pas une priorité, ce n’est qu’une statistique… et bientot un creux dans la pyramide des ages.

      • Cantatrice dit :

        S’il vous plaît. Quant à. Avec un t. Pas un d.
        Quant à = En ce qui concerne. Quand à = Lorsque à.
        Les conclusions nécessaires quant à notre propre condition.

      • Caravelle dit :

        Sans parler de crétins, on ne peut pas dire qu’ils aient fait des étincelles tant au niveau tactique que stratégique.
        Quand on voit ces images de convois de véhicules à touche touche (gardez ses distances !), ou parqués les uns contre les autres (dispersion !), deux exemples parmi d’autres, on est bien conscient du niveau de leur armée.
        Ce qui par ailleurs remet en perspective la puissance russe et aussi les discours des va-t-en guerre prêts à nous faire croire que demain ils seront à Paris si nous ne faisons pas ceci ou cela…
        A lire un excellent article dans le DSI de ce mois sur l’incertitude quant à l’éventuelle utilisation de l’arme nucléaire tactique par les russes en Ukraine.

  6. HMX dit :

    La relance de la production de cette mine antichar de la guerre froide doit nous interpeler sur le renouvellement de nos propres capacités en matière de minage. Les bonnes vieilles mines antichar dormantes, massivement utilisées, ont encore de beaux jours devant elles et devraient continuer à être produites et stockées en grandes quantités, pour nos propres besoins et pour ceux de nos alliés.

    Mais il est certainement possible de faire beaucoup mieux. On devrait sans grandes difficultés technologiques pouvoir créer des drones-mines, capables d’aller se poser exactement là où on le souhaite, et qui deviendraient ensuite des capteurs dormants avec une grande autonomie (au minimum plusieurs mois). Au passage d’un véhicule, ces drones pourraient redécoller et attaquer leur cible en projetant par exemple une charge à noyau dirigé vers le véhicule, soit de manière totalement automatique, soit uniquement sur intervention d’un opérateur.

    En poussant le raisonnement, on pourrait ainsi obtenir des champs de mines intelligents et repositionnables (sous réserve de l’autonomie de ces engins). Par exemple, en cas de détection d’un convoi, les mines pourraient recevoir l’ordre d’aller se positionner sur le passage probable de ce convoi, puis se répartir automatiquement les cibles pour maximiser les effets. En fin de potentiel, les drones mines pourraient selon les circonstances soit s’autodétruire, soit revenir par leur propres moyens et réutilisés après remise en condition.

    Sur un sujet plus polémique, il faudrait également envisager une réflexion sur le retour des mines antipersonnel dans l’inventaire de l’AdT. Dans un contexte bercé par les « dividendes de la paix » la France a signé le traité d’Ottawa en 1997, interdisant le commerce, la production et l’emploi des mines antipersonnel. Sur cette base, la France a triomphalement annoncé qu’elle avait terminé de procéder le 20 décembre 1999 à la destruction de son stock de 1.5 millions de mines. La plupart des états signataires, pays occidentaux en tête (à l’exception notable des USA…) ont fait de même.

    Or, le contexte a bien changé… nous ne sommes plus dans le même monde que celui des années 1990-2000. La probabilité d’un engagement de nos forces dans un conflit de haute intensité, de manière directe ou par proxy interposé, est désormais de plus en plus évidente. Nous nous préparons à combattre des ennemis qui pour leur part, n’ont renoncé à aucune forme d’armement, et surtout pas aux mines antipersonnel qui sont produites et stockées dans leurs arsenaux à plusieurs millions d’exemplaires…

    Il serait sage de relancer la conception et la fabrication d’une nouvelle génération de mines antipersonnel, optionnellement dotées de systèmes « intelligents » permettant par exemple de les activer ou désactiver à distance (pratique, mais dangereux en cas de brouillage/hacking adverse), de capteurs multispectraux permettant à une IA embarquée de reconnaître une cible avant d’enclencher la mise à feu, mais surtout d’un dispositif d’autodestruction réglable et très robuste, pour éviter qu’elles ne soient « oubliées » en fin de conflit, rendant ainsi l’utilisation de ce type d’arme plus « moral » et donc plus acceptable par l’opinion publique. Cela nécessiterait néanmoins d’avoir le courage politique de sortir du traité d’Ottawa, ou à défaut de simplement assumer unilatéralement de ne plus respecter certaines de ses prescriptions, et de demander sa révision.

    Dans une version plus high tech, on peut aussi évoquer les essaims de petits drones aériens, qui pourraient littéralement constituer un champs de mine volant. Associés à un véhicule mère qui servirait de base où les drones viendraient à tour de rôle recharger leurs batteries, afin de maintenir une permanence H24 des zones surveillées, il s’agirait là d’un système redoutable, capable de surveiller de vastes zones y compris en environnement urbain, et même de protéger une force en mouvement. De surcroît, on notera qu’un tel système serait cette fois parfaitement compatible avec le traité d’Ottawa…

    • dolgan dit :

      vous voulez mettre des piles a uranium appauvri sur vos mines volantes? sinon quel source d énergie magique comptez vous utiliser?

    • jyb dit :

      @hmx
      points de vue intéressants.
      il y a un texte révisé sur la mise en oeuvre des mines (gen 302) qui recoupe un certain nombre de vos reflexions.
      question : y a t-il une pertinence stratégique -française- à lancer la production de munitions à faible valeur ajoutée ? quelle est la probabilité d’un scénario nécessitant la mise en oeuvre de champ de mines à grande échelle ?

    • jyb dit :

      il me semble que toutes les mines récentes ont un système d’autoneutralisation.

    • Chamborant de Sonis. dit :

      Signataire de la convention d’Ottawa en 1997, la France s’est malheureusement privée de la possibilité de fabriquer et d’utiliser des mines antipersonnel, les « sentinelles silencieuses » qui protégeaient souvent nos soldats en déploiement et nos emprises militaires. L’adhésion à ce traité, proche dans son esprit de l’interdiction naguère de l’arbalète, n’a pas eu pour effet de diminuer en quoi que ce soit les arsenaux mondiaux, puisque d’autres pays ont tout simplement pris la place que nous occupions sur le marché. De plus les puissances de rang mondial, ont continué à les produire et à les utiliser. Il serait donc judicieux de ne plus nous priver d’un moyen reconnu d’économiser la vie de nos militaires et de faire enfin preuve d’un pragmatisme de bon aloi.

      • joe dit :

        La mine claymore n’est pas interdite car elle n’est pas massivement balancée depuis avions ou autres mais positionnée très précieusement dans des zones très limitées. Donc pour la protection d’un groupe c’est parfait. Voir d’un bout de tranchée

        • Avekoucenzeh dit :

          Pour dire « et même », c’est l’adverbe voire (avec son e final) qui convient. Le verbe voir a une tout autre signification.

          Voire d’un bout de tranchée.

      • Rakam dit :

        N oubliez pa que nous sommes une nation universaliste…tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…

      • jyb dit :

        @hussard ?
        j’ai eu la même idée (fausse) que vous mais de fait sur les différents théâtres depuis 1997 les nouveaux moyens et dispositifs mis en place ont tout autant protégé hommes et matériels.
        mais aussi…il n’y a pas que les mines dans la vie.

    • vrai_chasseur dit :

      @HMX
      qq réflexions pour compléter les vôtres
      – toutes les mines actuelles ont une « durée de validité » – elles s’auto-neutralisent au bout d’une période prédéfinie programmable. En général il existe une version longue durée (1 semaine jusqu’à 1 mois) et une version courte durée (4h à 48h).
      – les américains ont beaucoup travaillé le sujet (ils n’ont jamais cessé d’en produire) et le fruit de leur réflexion est … l’obus de 155mm comme vecteur de diffusion préférentiel de ces mines. On connaît le RAAM, l’obus de 155 qui disperse des mines antichars, on connaît moins l’ADAM : un obus de 155 qui disperse 36 mines antipersonnelles http://academic-accelerator.com/encyclopedia/area-denial-artillery-munition , lesquelles ont chacune 7 petits câbles-pièges actionnables pour les déclencher.
      – les drones et munitions rôdeuses sont sensibles au brouillage, ce qui amène le sujet de la guerre électronique dès qu’on met en œuvre ces munitions. Le général ukrainien Zaloujny le suggère de façon assez transparente dans son texte publié sur The Economist : l’EW et les drones sont comme l’ombre et la lumière, indissociables.

      Vous aurez compris mes 2 points :
      – pour moi, les drones et munitions rôdeuses seront accessibles assez rapidement, même à des acteurs non étatiques. Les capacités drones seront alors très vite « symétriques ». L’avantage est alors à chercher dans les facteurs exogènes : la capacité à saturer (par essaim par exemple, ce qui implique que la supériorité technologique est dans l’intelligence embarquée dans les drones), une industrie derrière capable de les produire de façon « inépuisable » et la qualité de l’EW de terrain (y compris le durcissement anti-brouillage de ces drones et munitions).
      – il y aura toujours un gain tactique à rendre les obus de 155 plus intelligents. Les obusiers sont là, les artilleurs savent s’en servir, c’est rapide, mobile, ça tire loin et ça couvre un champ large en très peu de temps.

    • FNSEA dit :

      La présence de mines et de munitions non explosées constitue un problématique lourde pour l’agriculture, qui peut perdurer pendant des siècles. Qui se souvient qu’une partie de la France est encore en « zone rouge », 105 ans après la fin de la Première Guerre Mondiale ?
      https://archives.defense.gouv.fr/actualites/articles/verdun-dans-la-zone-rouge.html
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_rouge_(s%C3%A9quelles_de_guerre)
      Quoi qu’il en soit, souvenons-nous aussi que le mot champ s’écrit sans s lorsqu’il est au singulier.
      Un champ de mines, un champ de betteraves, un champ de manœuvre, un champ de colza, un champ magnétique, un champ de blé, un champ d’application, un champ de lin, un champ de courses, les courses à Longchamp, le Champ de Mars, le champ du père François, le champ des possibles, le champ de luzerne, le champ d’honneur, le champ de bleuets.

    • Hôpital des quinze-vingts dit :

      En français (à la différence de l’anglais, notamment), on ne marque le pluriel qu’à partir du chiffre deux (inclus).
      Son stock de 1,5 million de mines.
      Son stock de 1,999 million de mines.
      Son stock de 2 millions de mines.
      Son stock de 2,001 millions de mines.
      Son stock de 2,5 millions de mines.

  7. Affreux Jojo dit :

    Nous, on avait la MIACAH. Beaucoup plus légère. On en a toujours ?

  8. jojo dit :

    et nous on relance la MIACA

  9. Niko dit :

    On a coutume de dire que c’est la logistique qui dicte le rythme des opérations, mais après 3 décennies de « paix » il semble que ce soit désormais la bureaucratie.

  10. Formigny dit :

    Ca me fait penser a un panzerfaust « klein » monté sur une « lafette » 🙂

    • PK dit :

      Oui. C’est bizarre d’ailleurs de nommer ce truc une mine, alors que cela a toutes les caractéristiques d’une… roquette anti-char.

      C’est plutôt un LRAC automatique qu’une mine…

    • Le Chouan dit :

      Oui c’est ce que j’ai pensé, l’allemagne ne va pas tarder à nous ressortir Les Panzerfaust et les Panzerschreck… 😉 🙂

  11. Mac30 dit :

    la MIACID était d’une bonne efficacité et une mise en œuvre relativement simple pour faire des bouchons de mines ou des points minés…nostalgie, nostalgie…

  12. Gamberge dit :

    Je découvre ce type de mine antichar.
    Quand on lit « Il s’agit de la mine directionnelle antichar la plus puissante disponible sur le marché », peut-on en conclure qu’il y en a de nombreuses autres versions à travers le monde ? Les commentaires parlent de la MIACAH française. Quoi d’autre ?

    Par ailleurs, j’ai un peu de mal à concilier les deux phrases suivantes :
    – « Comme il n’est pas question de développer un nouveau modèle – faute de temps, notamment – la seule solution est de relancer leur fabrication. »
    – « Seulement, la Bundeswehr ne recevra les premiers lots de DM22 qu’à partir de 2026. Et cela pour des raisons réglementaires car les mines commandées seront produites avec des composants différents que ceux utilisés il y a une vingtaine d’années, ce qui suppose que ce système devra être de nouveau certifié. »
    Vu le temps nécessaire à la certification des nouveaux composants, n’auraient-ils pas pu aussi bien recréer un nouveau modèle ?

    Merci d’avance à ceux qui savent pour leurs informations.

    • joe dit :

      Ce qui revient au même puisque qu’un nouveau modèle devrait être certifié… Les anciens composants n’existent plus, il faut en refabriquer et cette mine est tout à fait fonctionnelle en l’état.

    • VinceToto dit :

      « peut-on en conclure qu’il y en a de nombreuses autres versions à travers le monde ? »
      exemple, EFP en Irak:
      https://www.lefigaro.fr/international/2007/02/13/01003-20070213ARTFIG90129-l_arme_fatale_des_rebelles_chiites_viendrait_d_iran.php (J’ai trouvé un article en français sur ce sujet! Whaou! !!!)
      Sinon la DM22 est une roquette courte portée+charge creuse(EFP)+support+etc. . L’avantage de la DM22 est que c’est un système simple, pas cher et transportable/installable facilement à pieds par un binôme à couvert dans des zones boisées, etc. .

    • jyb dit :

      @gamberge
      sur le point du nombre : oui, il y a des dizaines de modèles et de versions de ce type de munitions anti véhicules ( us, russie, italie, suisse, israel, afrique du sud, chine, pakistan etc) ce qui est trompeur c’est qu’un modèle de mine regroupe plusieurs versions parfois très différentes (comme on le voit actuellement côté russe)

  13. Penandreff dit :

    les drones de types FPV équipés d’une tête antichar font mieux que des mines,demain ou aujourd’hui la reconnaissance des formes permettera de rendre ces drones indépendant et non brouillable

  14. belouga dit :

    Un beau trio: miacah, maped, mine ac hpd avec des possibilités de bricolage.

  15. PHILIPPE dit :

    Il n’y a plus qu’à souhaiter que les productions suivent afin de reconstituer rapidement les stocks car la réalité est impérieuse.

  16. MAS 36 dit :

    Ca perce des blindage de 750mm ? impressionnant !

  17. Alfred dit :

    @ HMX. C’est tres bien votre concept de drone mine, mais il lui manque une tarière pour s’enfouir dans le sol (ou une cape d’invisibilité pour se camoufler, pourquoi pas) parce qu’ un bouchon ou un champ de mines AC (volantes ou pas) simplement posées sur le sol ca se voit et ça peut facilement se neutraliser en l’absence de mines AP et de piégeage, sauf s’il est battu par les feux amis. Auquel cas, la partie drone de la mine volante risque de souffrir, sans compter les dégât occasionnes par les tirs ennemis,(à moins qu’elle soit detachable pour se mettre à l’abri pendant les festivités, et inversement pour rejoindre un nouvel emplacement après coup). Simple reflexion d’un amateur.