L’armée de l’Air & de l’Espace va renforcer ses liens avec l’US Air Force

L’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] cultive déjà des liens étroits avec l’US Air Force, notamment dans le cadre de l’Initiative stratégique trilatérale [TSI pour « Trilateral strategic initiative »] qui, lancée en 2010, associe également la Royal Air Force.

Cette TSI repose sur un groupe « stratégique » [appelé « Trilateral Strategic Steering Group »], chargé de décider des « sujets structurants à approfondir », ainsi que sur un groupe « tactique » [ou « Trilateral Operations Steering Group »] dont la raison d’être est de favoriser le partage des savoir-faire techniques et opérationnels entre Français, Britanniques et Américains, notamment lors des exercices Atlantic Trident.

Et ces liens, qui se sont forgés au fil du temps lors d’exercices [du genre de Red Flag] et d’engagements opérationnels communs, ont permis, par exemple, de mener l’opération Hamilton, conduite contre le programme syrien d’armes chimiques en avril 2018. Encore actuellement, les avions de l’armée de l’Air & de l’Espace opérent régulièrement aux côtés de ceux de l’US Air Force et de la RAF au Levant, dans le cadre de l’opération Inherent Resolve.

Cela étant, et comme l’avait souligné le général Philippe Lavigne, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], peu avant l’exercice Atlantic Trident 21, la capacité d’agir en commnun n’est jamais définitivement acquise. « L’interopérabilité nécessite des efforts constants », avait-il dit.

Effectivement, l’an passé, le général Frédéric Parisot, major général de l’AAE à l’époque, s’était inquiété du manque d’interopérabilité entre le Rafale et le F-35 américain.

« Nous aimerions pouvoir opérer de la même manière que nous l’avons fait en 2018 lors du raid contre le programme chimique syrien » mais « je ne suis pas certain que ce soit possible en ce moment, car il y a de plus en plus d’escadrons de F-35 au sein de l’Otan et notre interopérabilité entre les F-35 et les Rafale fait toujours l’objet d’un travail en cours », avait-il en effet confié à Breaking Defense.

Pour rappel, les F-35 utilisent le système de liaison de données MADL [Multi Function Advanced Data Link], qui leur permet de communiquer discrètement entre eux. Mais pour qu’ils puissent transmettre des informations à d’autres avions [et en recevoir de ces derniers], il faut une passerelle de communication, appelée BACN [Battlefield Airbone Communication Node].

Le souci évoqué par le général Parisot a-t-il été réglé? Toujours est-il que, le 19 septembre, deux Rafale français et deux F-35A américains ont pris part à un « vol opérationnel conjoint » dans la zone irako-syrienne… C’est une « illustration concrète du haut niveau de coordination et de coopération au sein de l’opération Inherent Resolve », a simplement commenté l’État-major des armées [EMA], via X/Twitter.

Le même jour, le général Stéphane Mille, l’actuel CEMAAE, a signé une lettre d’intention avec son homologue américain, le général Charles Q. Brown, en vue de renforcer et d’intensifier la coopération entre l’AAE et l’US Air Force.

Le contenu de cette lettre d’intention n’a pas été précisé… Mais le général Brown a utilisé l’expression « integration by design », laquelle désigne un concept qu’il met en avant depuis quelques mois. Celui-ci vise à faire en sorte que l’US Air Force et ses partenaires établissent une collaboration dès le début d’un projet afin de prendre les bonnes décisions en matière d’interopérabilité, de développement capacitaire ou encore de partage d’informations.

Le concept « Integrated by Design » [« intégrés dès la conception »] « ne remplace pas nos efforts actuels mais il incarne l’idée que nous devons collaborer et prendre, dès le début, des décisions ensemble sur l’interopérabilité, l’investissement en ressources, le partage d’informations, le développement des forces et la stratégie », avait en effet expliqué le général Brown, en juillet 2022.

« Il y a des choses qui me frustrent : nous avons tendance à nous éloigner de nos alliés et partenaires parce que nous ne réfléchissons pas à la manière dont nous les intégrons dès le début », avait-il auparavant confié à Aviation Week. « Si l’objectif est d’être réellement intégré aux alliés ou aux partenaires, alors nous devons commencer par cela dès le début, plutôt que d’élaborer un plan du seul point de vue américain et d’essayer ensuite d’y faire souscrire nos alliés ou nos partenaires », avait-il ajouté.

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