Un mini-drone aérien armé a été découvert près d’une station balnéaire bulgare

Au début du mois, la Roumanie a fini par admettre que des débris de drones « kamikazes » [ou munitions téléopérées – MTO] avaient été retrouvés sur son territoire, après des attaques lancées par les forces russes contre les ports fluviaux ukrainiens de Remi et d’Ismail, situés non loin de la frontière. Et dans cette affaire, les autorités roumaines marchent sur des oeufs… De même que l’Otan.

« Nous ne disposons d’aucune information indiquant une attaque intentionnelle de la part de la Russie, et nous attendons les résultats de l’enquête en cours », a ainsi affirmé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, le 7 septembre. « Ce que nous avons vu, bien sûr, ce sont de nombreux combats et des attaques aériennes près des frontières. D’autres incidents ont également eu lieu en Pologne et ailleurs. C’est pourquoi nous avons renforcé notre vigilance. Nous suivons de près ce qui se passe près de nos frontières. Et nous avons également renforcé notre présence dans la partie orientale de l’Alliance », a-t-il ajouté.

Évidemment, en cas d’action menée délibérément par la Russie contre son territoire, la Roumanie pourrait invoquer l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord et faire jouer la clause de défense collective qu’il contient. Cela étant, après la découverte de débris de MTO russes, elle n’a même pas songé à recourir à l’article 4 du même texte, selon lequel les « parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». La Pologne avait envisagé de l’invoquer en novembre 2022, après la chute d’un missile de fabrication russe [mais ukrainien] sur son sol.

Cela étant, les autorités roumaines ont pris plusieurs mesures afin de rassurer la population de la région concernée, dont la construction d’abris anti-aériens et la mise en place d’un système d’alerte via téléphone… Ce qui paraît léger. En tout cas, il n’est pas question non plus de détruire des drones russes qui se dirigeraient vers la Roumanie tant qu’ils se trouvent dans l’espace aérien ukrainien… car agir de la sorte impliquerait directement Bucarest dans la guerre…

Quoi qu’il en soit, et comme l’a souligné M. Stoltenberg, la Roumanie n’est pas le seul membre de l’Otan à connaître des incidents en marge de la guerre en Ukraine. Tel a déjà été le cas de la Pologne mais aussi celui de la Croatie, où un drone Tu-141 « Strizh », doté d’une charge militaire, s’était écrasé dans un faubourg de Zagreb, en mars 2022. On pourrait aussi citer les pays dont l’espace aérien avait été traversé par un bimoteur civil de type Piper Aztec, lequel fut retrouvé – vide – sur l’aérodrome désaffecté de Targovichté, dans le nord-est de la Bulgarie. Cette affaire garde encore ses mystères, plus d’un an après.

Justement, à propos de la Bulgarie, un drone armé y a été trouvé pour la première fois, plus précisément à Tulenovo, une station balnéaire située à une trentaine de kilomètres de la Roumanie mais, surtout, à plus de 300 km d’Odessa [à vol d’oiseau, ndlr] et donc des combats entre Ukrainiens et Russes.

L’engin, coincé entre des rochers, a été découvert par un hôtelier du coin. « Tulenovo n’est pas le centre du monde, mais quand des drones ukraino-russes atterrissent sur notre rivage… les choses deviennent différentes », a-t-il dit, avant de déplorer la lenteur de la réaction des autorités, via sa page Facebook.

Une équipe de démineurs de la marine bulgare a été envoyée sur les lieux quelques heures après le signalement de l’hôtelier. Puis elle a procédé à la destruction du drone à l’endroit où il avait été trouvé, étant donné qu’il était trop risqué de le déplacer.

« Les vérifications ont montré qu’il s’agissait d’un obus de mortier de 82 mm attaché à des débris de drone », a ensuite expliqué le ministère bulgare de la Défense. « Il a été décidé de détruire la munition sur place, par une explosion contrôlée dans une zone sécurisée d’un rayon de 150 m », a-t-il ajouté.

Ce drone était d’une conception rudimentaire, l’obus de mortier ayant apparemment été fixé sur sa cellule avec du ruban adhésif. Selon la chaîne bulgare Nova, cet appareil avait une « configuration typique de ceux que l’on trouve en Ukraine » et on « peut supposer qu’il s’agit d’un des appareils utilisés par les forces armées ukrainiennes pour attaquer la Crimée ».

« Nous pouvons certainement supposer que ce drone est lié au conflit en Ukraine », a commenté Todor Tagarev, le ministre bulgare de la Défense. « Cette guerre est inévitablement porteuse de risques pour notre sécurité qui ne cessent d’augmenter », a-t-il déploré.

Aussi, la gouverneure régionale, Yordanka Kostadinova, a appelé les pêcheurs à « être vigilants et prudents, car, malheureusement, la proximité de la guerre crée également un réel danger pour la côte bulgare ».

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