Un sous-marin nucléaire lanceur d’engins britannique est revenu à la base de Faslane dans un sale état

Si la Marine nationale est généralement très discrète sur les mouvements de ses quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] autour de la base navale de l’Île-Longue [Finistère], la Royal Navy semble avoir des règles plus souples en matière de sécurité opérationnelle [SECOPS], alors que la dissuasion britannique repose exclusivement sur une composante océanique depuis 1998.

Ainsi, le 11 septembre, l’un des quatre SNLE de type Vanguard mis en oeuvre par la Royal Navy a pu être photographié quasiment sous toutes ses coutures au moment de son retour à la base navale de Faslane [encore appelée HMNS Clyde], en Écosse. Diffusés sur les réseaux sociaux, notamment X/Twitter, ces clichés sont susceptibles de livrer quelques indices sur la patrouille que vient d’effectuer ce sous-marin.

D’abord, on voit que sa coque est entièrement recouverte d’une teinte brunâtre, due à une accumulation d’organismes marins [balanes, algues, bactéries, etc.]. Si un tel phénomène, appelé « bio-encrassement » [ou biofouling], se manifeste dès qu’une surface est immergée dans l’eau de mer, l’état du bateau suggère que sa mission a été plus longue qu’à l’accoutumé.

Ainsi, le site spécialisé britannique Navy Lookout estime que ce sous-marin a passé au moins six mois en mer… alors que, en moyenne, une patrouille de SNLE dure généralement entre trois et quatre mois.

Par ailleurs, et outre l’encrassement de sa coque, on constate que le sous-marin de la Royal Navy a perdu un nombre assez important de tuiles anéchoïques, lequelles permettent d’absorber les ondes d’un sonar et d’atténuer les sons émis à bord. Et les espaces manquants laissent entrevoir de la rouille.

Évidemment, un revêtement anéchoïque dégradé et une coque encrassée ne peuvent qu’altérer la furtivité d’un sous-marin…

Cela étant, l’état de ce SNLE donne des indications sur sa zone de patrouille. Via X/Twitter, un ancien officier de la Royal Navy a affirmé que le sous-marin avait navigué dans des « eaux chaudes » et « peu profondes » [sans doute près d’un littoral] à « très basse vitesse ».

Quoi qu’il en soit, depuis au moins 2022, la marine britannique a allongé la durée de patrouille de ses SNLE. C’est en effet ce qu’avait révélé la plateforme de journalisme d’investigation The Ferret, en décembre dernier.

En 2022, « les observations effectuées à la base […] de Faslane suggèrent que deux sous-marins armés de missiles Trident ont chacun patrouillé pendant 157 jours, l’un de janvier à juin et l’autre de mai à novembre », avait-elle en effet avancé.

S’il est possible de relever l’équipage d’un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] engagé pour une mission de longue durée, cela semble plus « hasardeux » pour un SNLE, dont rien ne doit trahir la position.

Ancien commandant d’un SNLE de la Royal Navy, le capitaine de vaisseau Rob Forsyth avait confié à The Ferret que des patrouilles aussi longues n’étaient pas sans conséquences sur le moral des sous-mariniers… et qu’elles pouvaient même constituer une « menace directe pour la sécurité nucléaire » à cause d’une « routine immuable » conduisant à une « baisse inévitable des normes ».

Ces dernieres années, et étant donné qu’elle doit maintenir un SNLE en permanence en mer afin de garantir la crédibilité de la dissuasion britannique, la Royal Navy n’a guère eu d’autre choix d’augmenter la durée des patrouilles… puisqu’elle n’a pu récupérer le HMS Vanguard qu’en juillet 2022, au bout d’une Indisponibilité périodique pour entretien et réparation [IPER] de… sept ans.

Pour un rappel, affichant une masse de 15’700 tonnes en plongée, pour une longueur 149,9 mètres et un maître-bau de 12,8 mètres, les SNLE de la classe Vanguard disposent chacun de 16 missiles balistiques stratégiques Trident D5.

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