La Suède s’apprête à faire un pas de plus vers la livraison d’avions de combat Gripen à l’Ukraine

Au départ, la force aérienne ukrainienne avait dit souhaiter des chasseurs-bombardiers F-16 de fabrication américaine afin de pouvoir équiper au moins deux escadrons, soit une vingtaine d’appareils. Mais finalement, elle pourrait en obtenir trois à quatre fois plus, après les promesses faites par le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège.

Cependant, le F-16 n’est pas forcément l’avion de combat le mieux adapté à la situation ukrainienne étant donné ses coûts d’exploitation, les infrastructures qu’il exige et le temps nécessaire pour apprendre à le maîtriser [et cela vaut aussi bien pour les pilotes que pour les techniciens chargés de sa maintenance]. Aussi, le Royal United Services Institute [RUSI] britannique avait logiquement estimé que le JAS-39C/D « Gripen » suédois serait le candidat idéal pour répondre aux besoins exprimés par Kiev.

« Logiquement » car cet avion a été conçu par Saab pour être mis en oeuvre avec une empreinte logistique réduite, conformément d’ailleurs à la doctrine suédoise, laquelle prévoit de disperser les moyens aériens en cas d’attaque, les bases aériennes étant généralement les premières à être visées par des frappes ennemies.

Avec une maintenance simplifiée, pouvant être assurée par des appelés encadrés par un technicien expérimenté, le Gripen est doté d’un radar PS-05/A et d’une suite électronique justement mise au point pour contrer les aéronefs et les défenses aériennes russes. Enfin, il peut emporter des missiles air-air à très longue portée Meteor et de l’armement anti-navire.

Seulement, la difficulté est de trouver des Gripen susceptibles d’être livrés à la force aérienne ukrainienne. La République tchèque et la Hongrie, qui en sont dotées, n’ont pas l’intention de s’en séparer… Même chose pour la Suède, qui en possède 90 exemplaires. Nous ne sommes « actuellement pas en mesure de fournir à l’Ukraine des avions de combat Gripen car nous n’en avons pas assez », avait ainsi affirmé Pål Jonson, le ministre suédois de la Défense, en mai dernier.

À l’époque, les États-Unis n’avaient pas encore autorisé les pays européens à livrer leurs F-16 à l’Ukraine… Et le feu vert de Washington était aussi nécessaire pour en faire éventuellement autant avec des Gripen, en raison des nombreux composants américains que ces appareils recèlent. En outre, la Suède n’avait pas encore été officiellement admise au sein de l’Otan. Et ce n’est d’ailleurs toujours pas le cas…

Quoi qu’il en soit, la position du gouvernement suédois évolue peu à peu. En juillet, Stockholm et Kiev ont signé des accords de défense, dont un concernant le partage d’informations classifiées. Et cela a ensuite permis à des pilotes ukrainiens de venir en Suède pour tester le chasseur-bombardier de Saab.

Plus tard, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dit avoir eu des discussions avec le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, au sujet de « mesures » relatives au transfert de Gripen. Pour autant, aucune décision allant dans ce sens n’avait alors été confirmée. Et pour cause.

En effet, selon Sverige Radio [la radio publique suédoise, ndlr], une telle décision ne pourra être prise qu’après les résultats d’une étude sur l’impact que pourrait avoir la livraison de Gripen à l’Ukraine sur les capacités de la force aérienne suédoise. Et il s’agit aussi de déterminer le temps qu’il faudrait pour remplacer les avions susceptibles d’être cédés. Il est question de 16 ou 18 appareils.

« Il y a un certain nombre de cellules que Saab conserve à Linköping. La question est de savoir quand et comment elles pourraient être remises en état et à quel coût », écrit Sverige Radio.

Une autre réponse que cette étude devra apporter concerne la formation des pilotes, des techniciens et du personnel au sol ukrainien.

« On estime que la formation des Ukrainiens pourrait prendre au moins six mois, voire probablement plus, si l’on veut que les pilotes soient capables de maîtriser pleinement l’avion. Ainsi, le Gripen pourrait voler en Ukraine au plus tôt l’été prochain, si le gouvernement et le Riksdag [Parlement, ndlr] le souhaitent », avance la radio publique suédoise.

Enfin tout dépendra de l’étude demandée à l’état-major suédois, qui aura à rendre sa copie avant novembre prochain. Mais aussi de l’adhésion de la Suède à l’Otan, laquelle est toujours bloquée par la Turquie.

Par ailleurs, le 11 septembre, le gouvernement suédois a annonce une nouvelle hausse du budget de la Défense, celui-ci devant être finalement porté à près de 10 milliards d’euros en 2024 [soit 2,1% du PIB].

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