Philippines : Navantia veut écarter Naval Group en proposant deux sous-marins S-80 pour 1,5 milliard d’euros

Cela fait plus de trente ans que les Philippines cherchent à se doter d’au moins deux sous-marins à propulsion diesel-électrique… Mais ce projet n’a jusqu’à présent pas pu se concrétiser, notamment pour des raisons politiques et financières.

Cependant, en 2018, Manille a mis l’acquisition de telles capacités au premier rang de ses priorités, avec la nomination du capitaine de vaisseau Edwin Nera à la tête du « Groupe de développement des capacités sous-marines ».

À l’époque, le président philippin, qui était alors Rodriguo Duterte, envisagea de se tourner vers la Russie en vue de l’achat d’un sous-marin appartenant à la classe Kilo. Mais les discussions tournèrent court, les États-Unis, proches partenaires des Philippines, ayant fait part de leur désapprobation devant un tel projet. Ce qui, croyait-on, allait faire les affaires du français Naval Group.

« La marine [des Philippines] considère que la France doit être le fournisseur de nos sous-marins. Et les Français sont aussi bons pour fabriquer aussi des avions », avait en effet affirmé Delfin Lorenzana, alors ministre de la Défense, en janvier 2020. Puis, trois mois plus tard, la Philippine News Agency [PNA] assura que le Scorpène de Naval Group figurait « en tête de liste des plateformes sous-marines envisagées ».

En novembre de la même année, l’industriel français annonça son intention d’ouvrir un bureau à Manille. Et celui-ci a été inauguré en juillet dernier, en présence d’officiels philippins. « Nous proposons toujours des solutions sur-mesure pour répondre aux besoins du client. D’habitude, nous faisons un peu de transfert de technologie vers des chantiers locaux pour leur permettre d’être capables d’assurer la maintenance de leurs différents atouts », a rappelé, à cette occasion, Loïc Beaurepaire, le directeur des ventes de Naval Group.

Par ailleurs, l’instruction de sous-mariniers philippins, à Brest, par DCI Group n’a fait que conforter l’hypothèse d’un achat de Scorpène par Manille. Seulement, il ne s’agissait que d’une « formation générale », basée sur « l’expertise opérationnelle française »… Évidemment, cela ne peut que constituer un atout de plus pour Naval Group, qui pourrait en avoir besoin.

En effet, même si l’industriel français fait figure de favori, Manille considère également une offre du sud-coréen Hanwha Ocean, qui propose deux sous-marins de type « Dosan An Chang-ho » [ou KSS-III]. Et un troisième concurrent, Navantia, entend jouer les trouble-fêtes.

Ainsi, selon Philippines Daily Inquirer, le constructeur naval espagnol propose à la marine des Philippines deux sous-marins S-80 [classe Isaac Peral], dotés chacun d’un système de propulsion anaérobie [AIP], pour 1,56 milliard d’euros. Cette somme comprend la formation des équipages et du personnel de maintenance ainsi qu’un transfert de technologies pour effectuer le maintien en condition opérationnel des navires sur place, en l’occurrence à Ormoc [île de Leyte].

Le site d’Ormoc a été considéré par Navantia comme étant « l’emplacement idéal pour accueillir la future base sous-marine en raison de sa faible exposition aux conditions météorologiques extrêmes, du faible risque sismique, de sa proximité avec l’aéroport Daniel Z. Romualdez de Tacloban et du soutien logistique dû à l’activité portuaire existant dans la ville », explique le journal philippin.

En outre, alors qu’elle doit disposer de quatre S-80, la marine espagnole pourrait être impliquée dans la formation opérationnelle des futurs sous-mariniers philippins. C’est en effet ce qu’a laissé entendre Guillermo Zamarripa, le directeur commercial pour l’Asie de Navantia.

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