Un bombardier russe Tu-22 « Backfire » détruit lors de l’attaque de la base de Soltsy-2 par un drone ukrainien?

Ce 21 août, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir mis en échec plusieurs attaques de drones ukrainiens ayant visé les environs de Moscou. Un premier engin a été « neutralisé par des moyens de guerre électronique » et s’est écrasé « près du village de Pokrovskoïe, dans le district d’Odintsovo ». Un second a été abattu dans le district d’Istra tandis qu’un troisième est tombé dans la région de Kalouga, située au sud-ouest de la capitale.

De telles attaques sont en réalité devenues quotidiennes. Ou presque. Et elles démontrent que les forces ukrainiennes disposent désormais des moyens nécessaires pour frapper le territoire russe dans la profondeur. Un premier aperçu de cette capacité avait été donné en décembre 2022, quand les bases aériennes de Diaguilevo et d’Engels, abritant habituellement des bombardiers stratégiques Tu-95 « Bear », Tu-160 « Blackjack » et Tu-22 « Backfire », avaient été attaquées par des drones « de conception soviétique », lesquels avaient dû parcourir 500 à 600 km avant d’atteindre leurs cibles.

Une attaque similaire – mais avec vraisemblement des drones d’un type nouveau – s’est produite le 19 août, contre la base aérienne de Soltsy-2, située à plus de 660 km au nord de l’Ukraine, dans la région de Novgorod.

« Aujourd’hui, vers 10h00, heure de Moscou, le ‘régime de Kiev’ a mené une ‘attaque terroriste’ à l’aide d’un drone de type hélicoptère sur un aérodrome militaire dans la région de Novgorod », a admis le ministère russe de la Défense. Mais celui-ci a assuré que l’appareil avait été abattu par des « armes légères ». Cependant, a-t-il concédé, un « incendie s’est déclaré sur le parking des avions, qui a été rapidement éteint par les pompiers ». Et de préciser qu’un avion a été « endommagé ».

Seulement, des images prises après cette attaque ont rapidement été diffusée via la messagerie Telegram, puis reprises par les réseaux sociaux. Et elles montrent un bombardier supersonique Tu-22 « Backfire » en train de brûler, dégageant une épaisse fumée noire. Et les données de géolocalisation ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un appareil basé à Soltsy-2.

Pour rappel, le Tu-22M a entamé sa carrière opérationnelle en 1981. Pouvant emporter 12 tonnes de munitions [dont des missiles nucléaires Kh-15] et voler à une vitesse supersonique [2000 km/h], il a un rayon d’action de 6.800 km.

La force aérospatiale russe [VKS] a notamment utilisé ses Tu-22M « Backfire » pour tirer des missiles supersoniques Kh-22 et Kh-32 contre des positions ukrainiennes [militaires… mais aussi civiles], alors que, initialement, de tels engins, d’une portée de 600 km, ont été développés pour la lutte anti-navire. Ceux-ci donnent du fil à retordre à la défense aérienne ukrainienne, qui ne dispose pas de systèmes antimissiles en nombre suffisant.

Quoi qu’il en soit, si la perte de ce Tu-22M est confirmée, alors ce ne serait pas la première fois que les forces russes se font prendre en défaut de la sorte. Si elle rappelle celles menées contre les bases d’Engels et de Diaguilevo, cette attaque fait penser à l’action menée par des opposants au régime biélorusse à Matchoulichtchy [Biélorussie]. Ces derniers avaient réussi à endommager un avion A-50 Mainstay russe au niveau de son radôme radar grâce à un drone.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]