Le Burkina Faso et le Mali ont déployé des avions légers d’attaque A-29 Super Tucano au Niger

Cela fait maintenant presque un mois que le président nigérien, Mohamed Bazoum, a été renversé par un putsch formenté par le général Abdourahamane Tchiani, qui était alors sur le point d’être démis de son poste de chef de la garde présidentielle. Et toutes les initiatives diplomatiques menées en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel au Niger n’ont jusqu’à présent rien donné.

En outre, l’une des premières décisions de la junte – appelée « Conseil national pour la sauvegarde de la patrie » [CNSP] – aura été de dénoncer les accords de défense passés avec Paris… et donc de mettre un terme à l’importante présence militaire française dans le pays, au titre du combat contre les groupes armés terroristes [GAT]. Pour autant, la France y a opposé une fin de non-recevoir, estimant qu’elle n’a à traiter qu’avec les autorités légitimes nigériennes.

Seulement, cette situation met les militaires français présents au Niger dans une position inconfortable… « Pour l’instant, la question du départ n’est pas posée, mais elle pourrait l’être à moyen terme », a confié une source au quotidien « Le Figaro » [édition du 19 août].

Aux États-Unis, où l’on a adopté une approche ferme mais prudente à l’égard du CNSP [Washington évite de parler de « putsch », ndlr], un retrait du Niger est envisagé. Ou du moins fait-il partie des plans que le Pentagone étudie… D’autant plus que, théoriquement, la loi américaine interdit de fournir une aide sécuritaire et militaire à des gouvernements issus d’un coup d’État.

« Nous recherchons des nations avec lesquelles nous pourrions peut-être établir un partenariat et y déplacer nos moyens, sachant que le Sahel est l’une des régions où les groupes affiliés à al-Qaïda et à l’État islamique sont les plus actifs », a confié le général James Hecker, le chef des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique, lors d’une réunion virtuelle du Defence Writers Group, le 18 août.

En attendant, les efforts diplomatiques se poursuivent. Seulement, les pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [CÉDÉAO] et de l’Union africaine [UA] ne sont pas tous sur la même longueur d’onde.

Peu après le coup d’État, la CÉDÉAO a décidé d’imposer des sanctions à Niamey tout en exhortant la junte de rétablir l’ordre constitutionnel d’ici le 7 août avant une possible intervention militaire. Et depuis, l’utimatum n’ayant pas été suivi d’effet, l’organisation brandit régulièrement la menace de passer à l’action, comme elle l’a encore fait la semaine passée, à l’issue d’une nouvelle réunion des chefs d’état-major de ses États membres.

« Le jour de l’intervention a été fixé », de même que les « objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des Etats membres », a fait savoir la CÉDÉAO, le 18 août, alors qu’elle s’apprêtait à envoyer une délégation, emmenée par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, à Niamey.

Seulement, les pays membres de l’Union africaine sont divisés sur la conduite à tenir à l’égard de la junte nigerienne. Si le Nigeria et la Côte d’Ivoire [membres de la CÉDÉAO, ndlr] y sont favorables, ce n’est pas le cas de l’Algérie, qui redoute un « embrasement » du Sahel en cas d’opération militaire. Le Cap-Vert y est aussi opposé. « Nous devons tous œuvrer pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger, mais en aucun cas par une intervention militaire ou un conflit armé en ce moment », a déclaré José Maria Neves, son président.

Quoi qu’il en soit, suspendus des instances de la CÉDÉAO pour être dirigés par des autorités issues de coups d’État, le Mali et le Burkina Faso ont très vite apporté leur soutien à la junte nigerienne. « Toute intervention militaire contre le Niger » sera perçue « comme une déclaration de guerre », ont-ils fait valoir, début août.

Et visiblement, tant à Bamako qu’à Ouagadougou, on tient à être pris au sérieux. Ainsi, selon des images de la télévision publique nigérienne [ORTN], le Mali et le Burkina Faso ont envoyé six avions légers d’attaque A-29 Super Tucano au Niger… soit l’intégralité des appareils que possèdent leurs forces aériennes respectives.

Pour rappel, le Niger dispose de deux avions d’attaque Su-25 « Frogfoot » qui étaient toujours opérationnels en 2022, une dizaine d’hélicoptères [dont cinq Gazelle donnés par la France] et des drones Bayraktar TB-2 livrés par la Turquie.

« Le Mali et le Burkina Faso ont joint l’acte à la parole en déployant des avions de guerre pour répondre à toute attaque contre le Niger. […] Et des officiers d’état-major des trois pays se sont réunis à Niamey; Objectif : peaufiner le plan de riposte contre les agressions lâches et injustes programmées par la CÉDÉAO », a par ailleurs indiqué l’ORTN.

Cela étant, cet envoi d’A-29 Super Tucano au Niger a une portée plus politique qu’opérationnelle, de tels appareils ne faisant pas le poids face aux avions de combat que pourrait mettre en oeuvre le Nigeria, pressenti pour fournir le gros des troupes en cas d’intervention décidée par la CÉDÉAO.

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