Lors d’un exercice, des légionnaires du 2e REI ont adopté un mulet pour leurs déplacements en haute montagne

Lors de l’édition 2014 de l’exercice Rim of the Pacific [RIMPAC], l’US Marine Corps évalua une mule « robotisée », développée dans le cadre du programme LS3 [pour Legged Squad Support Systems]. Celle-ci, conçue par Boston Dynamics, était munie de quatre jambes afin de lui permettre de transporter des charges lourdes en suivant une section de combat sur des terrains accidentés. Seulement, l’expérience tourna court : cette machine était aussi discrète qu’une tondeuse à gazon… Ce qui, en zone hostile, ne pouvait que poser un énorme problème. L’autonomie d’un tel système pouvait également être un obstacle à son utilisation. Aussi, il fut décidé de passer à autre chose…

Pour autant, l’idée d’utiliser des mules robotisées n’a pas été abandonnée… mais avec des conceptions plus classiques, comme le THeMIS de l’estonien Milrem Robotics ou le Barakuda du français Shark Robotics. De tels engins présentent l’avantage de pouvoir être configurés pour des applications autres que le simple transport d’équipements. En revanche, s’ils sont à l’aise sur des terrains peu escarpés, il en va autrement quand il s’agit d’emprunter des sentiers étroits de montagne.

Aussi, pour patrouiller dans les contreforts de l’Himalaya, l’Indian Army a fait le choix de la simplicité en ayant recours à de [vraies] mules. D’ailleurs, les éleveurs du Poitou font partie de ses fournisseurs. En France, l’armée de Terre a délaissé de tels équidés dans les années 1970… Mais depuis peu, elle redécouvre leur intérêt, comme en témoigne l’expérimentation menée notamment par le 7e Bataillon de chasseurs alpins [BCA] qui, depuis 2020, cherche à se réapproprier des savoir-faire oubliés.

« Les mules permettent d’acheminer du ravitaillement, des munitions, de l’artillerie ou des blessés dans des terrains très difficiles d’accès, type Afghanistan. Les soldats peuvent ainsi se déplacer plus longtemps tout en étant autonomes. En plus c’est un moyen de transport qu’on peut trouver sur place, rustique, donc gage de fiabilité », avait ainsi expliqué le chef de corps du 7e BCA, dans les pages du quotidien « Le Parisien ».

Mais les Troupes de montagne ne sont visiblement pas les seules à s’intéresser aux mulets : la Légion étrangère aussi. En effet, lors d’un exercice dans les environs de Modane, la 4e compagnie du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI, qui relève de la 6e Brigade légère blindée] a été accompagnée par un mulet lors de sa progression en haute montagne. Et durant 72 heures, dans le massif des Bauges et en totale autonomie logistique, elle a été opposée à une section du 7e BCA.

« De jour comme de nuit, la 4e compagnie du 2e REI a été confrontée au milieu exigeant de la haute montagne à Modane. Pendant deux semaines, les légionnaires ont enchainé les obstacles verticaux, les rappels en équipements de passages afin de s’accoutumer au vide », explique le régiment, via Twitter/X. Et d’ajouter : « Le terrain étant impraticable pour les véhicules, la compagnie a imité ses anciens des compagnies montées des contreforts de l’Atlas, en utilisant un mulet pour transporter ses mortiers, particulièrement rustique et passe-partout ».

Selon les explications données par le 7e BCA, qui a sans doute prêté l’une de ses mules au 2e REI, une mule « peut croiser ses pieds et donc aller sur des chemins très étroits en montagne » tout en portant une charge de 120 kg. Et le tout en étant très « sobre » puisque ses besoins alimentaire sont 40% moins élevés que ceux d’un cheval.

En tout, il peut être parfois utile de renouer avec des savoir-faire anciens… En 2008, le Bataillon Multinational Centre de l’Eufor Tchad/RCA avait ainsi eu recours à des chevaux pour ses patrouilles, les déplacements en véhicule ayant été rendus difficiles, si ce n’est impossibles, durant la saison de pluies. Et cela avait également facilité le contact avec la population locale.

Photo : 2e REI

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