Pour Paris, il faut prendre « très au sérieux » la menace d’une intervention militaire de la Cédéao au Niger

Réunis à Abuja [Nigéria] le 30 juillet, les membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [Cédéao] ont posé un ultimatum aux putschistes qui venaient alors de s’emparer du pouvoir au Niger en leur donnant une semaine pour restaurer l’ordre constitutionnel et rétablir le président élu, Mohamed Bazoum, dans ses fonctions.

Si de telles exigences ne « sont pas satisfaites » malgré les sanctions imposées à Niamey, alors la Cédéao « prendra toutes les mesures nécessaires » et « ces mesures peuvent inclure l’usage de la force », a affirmé l’organisation. Et d’ajouter que les chefs d’état-major de ses pays membres allaient « se réunir immédiatement ».

Seulement, la junte nigérienne n’a pas l’intention de s’en laisser conter puisque, en réponse, elle a promis une « riposte immédiate » à « toute agression » de la part d’un membre de la Cédéao. Qui plus est, elle a reçu l’appui du Mali et du Burkina Faso, deux pays également dirigés par des putschistes. Via un communiqué commun, ils ont en effet prévenu qu’ils considéreront « toute intervention militaire contre le Niger comme une déclaration de guerre ».

Si, l’option militaire est la « dernière sur la table », la voie diplomatique étant privilégiée, il n’en reste pas moins que l’ultitum arrive à son terme… Et que la junte nigérienne reste campée sur ses positions… allant même jusqu’à décider de dénoncer les accords de coopération militaire noués autrefois par Niamey et Paris. Et une délégation de la Cédéao envoyée au Niger a fait chou blanc…

Quoi qu’il en soit, le 4 août, et à l’issue d’une réunion des chefs d’état-major de ses pays membres, Abdel-Fatau Musah, le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques et de la sécurité, a fait savoir que « tous les éléments d’une éventuelle intervention ont été élaborés […], y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force ».

Pour le moment, peu de détails ont été livrés sur les modalités de cette possible intervention. On sait que le Sénégal, par ailleurs en proie à des troubles internes, y participera… Et que, sollicité même s’il ne fait pas partie de la Cédéao, le Tchad s’en tiendra à l’écart. En tout cas, il est probable qu’elle soit principalement menée par le Nigeria, qui dispose des forces armées les plus puissantes [sur le papier, ndlr] du bloc.

Reste que, ce 5 août, sur les ondes de France Info, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna a mis en garde les putschistes nigériens, estimant que ceux-ci ont « encore un peu de temps pour rendre le pouvoir » et qu’ils « feraient bien de prendre la menace d’intervention militaire par une force régionale très au sérieux » d’autant plus que plusieurs pays de la Cédéao « disposent de forces robustes et ont fait savoir qu’ils étaient prêts à intervenir si c’était nécessaire ».

Quant à savoir si les forces françaises présentes au Niger pourraient participer à une possible opération de la Cédéao, Mme Colonna a botté en touche. « Nous n’en sommes pas encore là » et il reviendra aux « chefs d’État des pays de la région de prendre la décision d’intervenir et de fixer le cadre de cette éventuelle intervention », a-t-elle dit.

« Les forces françaises présentes au Niger » le sont « à la demande des autorités légitimes du pays, sur la base d’accords signés avec les autorités légitimes de ce pays pour aider à la lutte contre le terrorisme », a rappelé la ministre, avant de souligner que, depuis le coup d’État, la France a « suspendu [sa] coopération militaire et [sa] coopération civile ave le Niger ». Et d’ajouter, en guise d’avertissement : « La situation est calme pour ce qui concerne nos forces » et il est « important qu’elle le reste ».

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