Marine : Le groupe aérien embarqué pourrait être partiellement « dronisé » pour pallier l’ancienneté des Rafale M

Avant la mise en chantier du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier avait dit, à plusieurs reprises, craindre une réduction de la flotte de chasseurs-bombardiers embarqués Rafale M compte tenu de l’usure des appareils les plus anciens.

« La Marine est […] la première à avoir eu à disposition des avions Rafale, elle sera logiquement la première à les perdre par l’usure du temps » et elle les « garde depuis le début de leur mise en service. [Elle] n’a pas eu d’avions neufs. Toutes la mise à niveau de notre flotte de Rafale s’effectue par retrofit », avait ainsi résumé l’amiral Vandier dans les pages de La Tribune, en juillet 2021. Et d’ajouter : « Nous allons avoir beaucoup de vieux avions par rapport à ceux de l’armée de l’Air [et de l’Espace]. Pour rester dans la course des standards, nous devons donc retrofiter plus d’appareil ».

Plus tard, à l’occasion d’une audition parlementaire, le CEMM souligna la nécessité pour la Marine d’être la première à recevoir les avions de 6e génération développés dans le cadre du Système de combat aérien du futur [SCAF]. « En fonction du biseau, c’est-à-dire de la date à laquelle les premiers SCAF seront livrés aux forces armées, la question du vieillissement du parc de Rafale va se poser, avec une particularité pour la marine : elle a été la première à être, rapidement, dotée, et sera donc la première à être ‘dé-dotée’ selon un rythme tout aussi rapide », avait-il expliqué.

Cependant, le projet de LPM 2024-30 a fait l’impasse sur le renouvellement partiel des Rafale M… Alors que celui-ci est nécessaire dans un avenir proche… si l’on veut pouvoir aligner 24 exemplaires sur le pont d’envol du porte-avions Charles de Gaulle tout en satisfaisant les besoins en matière de formation et d’entraînement. En outre, la disponibilité de ces appareils sera immanquablement affectée par leur mise au standard F4 dans les années à venir.

Lors de son audition au Sénat, réalisée dans le cadre de l’examen du projet de LPM 2024-30 [le compte rendu vient d’être publié, ndlr], l’amiral Vandier a rappelé que la Marine nationale dispose actuellement de 41 Rafale Marine sur les 46 qu’elle a reçus depuis 2001.

« Le dernier Rafale livré pour la marine date de 2016. Nous sommes vigilants quant à l’âge moyen de notre flotte – dix-sept ans -, afin qu’il ne diverge pas trop de celui l’Armée de l’air – actuellement de douze ou treize ans -, ce qui nous exposerait à des problèmes de communauté de flotte », a une nouvelle fois rappelé le CEMM.

Puisque la LPM 2024-30 ne prévoit pas le renouvellement partiel des Rafale M, il reviendra à la suivante d’y remédier. Et selon l’amiral Vandier, « trois voies seront à creuser : le recomplétement de la flotte Rafale Marine, le tuilage avec le système de combat aérien du futur en fonction de la date de livraison et, enfin, la part de notre parc aérien que nous pourrions ‘droniser' ».

Le « tuilage » avec le SCAF paraît compliqué… dans le mesure où l’avion de combat de nouvelle génération qui en sera la colonne vertébrale ne devrait pas être opérationnel durant la période couverte par la prochaine LPM [c’est à dire 2030-36]. Quant au « recomplétement », il pourrait être facilité par la décision de l’Inde de se procurer 26 Rafale M.

Enfin, s’agissant de la « dronisation », l’amiral Vandier avait déjà eu l’occasion d’évoquer l’intérêt de la Marine pour des « drones de combat embarqués sur porte-avions » afin de « disposer d’un groupe aérien mixte ». Mais une telle capacité ne devrait être disponible qu’avec le standard F5 du Rafale, comme le prévoit la LPM 2024-30.

Cependant, et à ce jour, seule l’US Navy a réussi à mettre un oeuvre un démonstrateur de drone de combat [UCAV], à savoir le X-47B de Northrop Grumman, depuis un porte-avions. En outre, intégrer un tel aéronef dans le cycle des opérations d’un groupe aérien embarqué n’est pas une entreprise simple… Cela étant, des premiers travaux ont été menés à cette fin en 2016, avec le nEUROn et le « Charles de Gaulle ».

En attendant, la Marine nationale conduit trois programmes de drones aériens, dont le système de mini-drones pour la Marine [SMDM], le S-100 « Serval » [avec trois systèmes à deux vecteurs chacun destinés aux porte-hélicoptères amphibies] et le Système de drone aérien pour la Marine [SDAM], qui fera l’objet d’une expérimentation à bord d’une une frégate multi-missions dans le courant de l’automne prochain.

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