Le développement du futur avion de combat de l’US Air Force devrait se jouer entre Boeing et Lockheed-Martin

En août 2022, le Pentagone annonça avoir attribué cinq contrats d’une valeur totale de 4,9 milliards de dollars dans le cadre du programme NGAP [pour « Next Generation Adaptive Propulsion »], lequel vise à mettre au point un nouveau réacteur à cycle adaptatif destiné à l’avion de combat de 6e génération qui, destiné à l’US Air Force, sera la pierre angulaire d’un « système de systèmes » appelé NGAD [Next Generation Air Dominance].

Si, parmi les industriels retenus, la présence des motoristes GE Aviation et de Pratt & Whitney était évidemment attendue, celle de Lockheed-Martin, de Northrop Grumman et de Boeing l’était beaucoup moins… « Le contrat porte sur l’exécution de la phase de prototypage du programme ‘Next Generation Adaptive Propulsion’ et se concentre sur la fourniture de capacités pour des systèmes de propulsion destinés aux futures plates-formes du NGAD », avait seulement indiqué l’avis d’attribution de ces contrats, sans plus de précisions.

Plus récemment, en mai dernier, le Pentagone a émis une « sollicitation classifiée » auprès de l’industrie afin de notifier un « contrat de développement, d’ingénierie et de fabrication pour la plateforme NGAD » en 2024. En clair, le processus de sélection des industriels était ainsi officiellement ouvert.

Cela étant, sauf surprise, cette « compétition » devrait se jouer entre Lockheed-Martin et Boeing car, la semaine passé, Northrop-Grumman a fait savoir qu’il ne soumettrait pas d’offre.

« Nous avons informé l’US Air Force que nous ne prévoyons pas de répondre à la solliciation relative au NGAD », a en effet déclaré Kathy Warden, la PDG de Northrop Grumman, lors de la présentation des résultats du groupe, le 27 juillet.

Pourtant, dans un film promotionnel diffusé en novembre 2021, Northrop Grumman avait dévoilé le projet d’un nouvel avion de combat qui, sans empennage et avec des entrée d’air situées au dessus du fuselage, faisait penser à un « doritos » [voir photo ci-dessus]. En tout cas, sa forme ressemblait à l’image conceptuelle du NGAD que l’US Air Force avait publiée quelques mois plus tôt.

Cependant, faute de détails supplémentaires, il fut avancé que cet appareil pourrait être développé pour le programme F/A-XX, c’est à dire l’équivalent du NGAD pour l’US Navy. À noter que celui-ci semble s’accélérer puisqu’un financement de 9 milliards de dollars pour la période 2024-28 a été demandé au Congrès par le Pentagone.

Selon les attendus de ce programme dévoilés par la marine américaine dans un document intitulé « Navy Aviation 2030-35 », le F/A-XX sera lui aussi au centre d’un « système de systèmes » appelé FoS [pour Family of Systems]. Devant être en mesure d’emporter des armes à longue portée et de mettre en oeuvre toute une panoplie de capteurs actifs, cet appareil devra avoir un rayon d’action plus important et une vitesse plus élevée que les actuels F/A-18 Super Hornet. Par ailleurs, l’image conceptuelle publiée à cette occasion présentait quelques similitudes avec… le démonstrateur YF-23, qui avait été développé par Northrop Grumman dans le cadre du programme « Advanced Tactical Fighter » [ATF], lequel fut ensuite confié à Lockheed-Martin, avec le F-22A Raptor.

Quoi qu’il en soit, Mme Warden a expliqué que la stratégie de Northrop Grumman consiste à choisir les « bons programmes », c’est à dire ceux qui offrent un « équilibre approprié entre risque et récompense, tant pour le client que pour la base industrielle ». C’est la raison pour laquelle le groupe s’est retiré des appels d’offres relatifs aux futurs ravitailleurs et avions d’entraînement de l’US Air Force. Or, remportés par Boeing, ces deux projets ont donné lieu à des difficultés et à des surcoûts importants, laissés à la charge de l’industriel…

« Nous avons d’autres opportunités dans le domaine des avions militaires », a par ailleurs rappelé la PDG de Northrop Grumman. C’est en effet le cas avec le programme de bombardier stratégique B21 « Raider »… mais aussi avec celui du F-35, l’industriel étant un sous-traitant de premier plan. D’ailleurs, c’est le rôle qu’il envisage pour le projet NGAD.

Quant au programme F/A-XX, Mme Warden a dit qu’aucune décision n’avait encore été [officiellement] prise. « C’est un programme que nous poursuivrons si le gouvernement équilibre correctement les risques et les récompences et si nous sommes bien positionnés », a-t-elle avancé, avant de refuser d’en dire davantage. Il faut attendre « qu’un peu plus d’informations sortent », a-t-elle conclu.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]