Paris promet une réponse « immédiate et intraitable » en cas d’attaque contre ses ressortissants au Niger

Le 29 juillet, à l’issue d’un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir que la France allait suspendre « toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire » au Niger après la prise du pouvoir par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie [CNSP] dirigé par le général Abdourahamane Tchiani. Et d’exiger le « retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens ».

Pour la France, le Niger est un partenaire clé dans la région du Sahel. Outre les considérations portant sur l’approvisionnement en uranium, via le site d’Arlit, exploité par Orano [ex-Areva], ce pays accueille environ 1500 militaires français engagés dans des missions de contre-terrorisme et de coopération avec les forces armées nigériennes.

Cela étant et même si sa position à l’égard du putsch mené par le général Tchiani est partagée par l’Union européenne [UE] et les États-Unis, la France a été la cible d’une manifestation ayant réuni des « milliers » de personnes devant son ambassade, à Niamey, ce 30 juillet. Selon le correspondant du quotidien Le Figaro, la foule a scandé des slogans anti-français tout en exhibant des drapeaux russes.

« Nous voulons la Russie. Nous voulons des partenaires pour nous accompagner dans notre indépendance. Nous voulons suivre l’exemple de nos cousins du Mali et du Burkina », a dit un manifestant. Pour rappel, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, n’avait pas tardé à saluer le putsch du général Tchiani…

Quoi qu’il en soit, cette manifestation a été lancée à l’initiative du mouvement civil M62, lequel s’en était déjà pris à l’opération française Barkhane en 2021. Et elle a donné lieu à des actes hostiles à l’égard de la France, la plaque de l’ambassade ayant été arrachée et piétinée, avant d’être remplacée par des drapeaux nigériens et russes. Et des manifestants ont même tenté de pénétrer à l’intérieur du bâtiment, avant d’être dispersés par des grenades lacrymogènes lancées par les forces nigériennes.

Plus tard, le Quai d’Orsay a condamné « toute violence contre les emprises diplomatiques dont la sécurité relève de la responsabilité de l’État hôte ». Et d’ajouter : « Les forces nigériennes ont l’obligation d’assurer la sécurité de nos emprises diplomatiques et consulaires au titre des Convention de Vienne » et « nous les appelons instamment à remplir cette obligation que leur impose le droit international ».

Mais la réaction de l’Élysée a été plus explicite. « Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable. Le Président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêt », a averti la présidence française, avant de rappeler le soutien de Paris à toutes les initiatives régionales [à commencer par celles de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest – CEDEAO] visant à « la restauration de l’ordre constitutionnel ».

La CEDAO doit se réunir pour décider d’éventuelles sanctions contre le Niger… Seulement, la junte désormais au pouvoir à Niamey y voit une menace d' »intervention militaire imminente ».

« L’objectif de cette rencontre est la validation d’un plan d’agression contre le Niger, à travers une intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non-membres de l’organisation et certains pays occidentaux », a en effet estimé le CNSP, via un communiqué diffusé ce 30 juillet. « Nous rappellerons une fois de plus à la CEDEAO ou tout autre aventurier notre ferme détermination à défendre notre patrie », a-t-il insisté.

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