Premier patrouilleur outre-Mer, l’Auguste Bénébig a été admis au service actif par la Marine nationale

À l’origine, le programme BATSIMAR [Bâtiment de surveillance et d’intervention maritime] devait permettre de remplacer les patrouilleurs P400 affectés en outre-Mer ainsi que les avisos A69 [ou patrouilleurs de haute mer] au début des années 2010. Seulement, la contrainte budgétaire obligea régulièrement à reporter son lancement… au risque d’engendrer des ruptures temporaires de capacité [RTC], lesquelles furent en partie évitées grâce à la mise en service de trois patrouilleurs Antilles-Guyane [PAG] à partir de 2015.

Finalement, le programme BATSIMAR fut abandonné… pour être remplacé par les projets POM [Patrouilleur outre-Mer] et PO [Patrouilleur océanique]. « Je propose de déployer outre-mer des bateaux deux à trois fois moins chers, pour les avoir plus vite. Je suis donc prêt à échanger du niveau de spécification contre un raccourcissement des délais », expliqué l’amiral Christophe Prazuck, alors chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une audition parlementaire, en novembre 2017.

Et, en août 2018, la Direction générale de l’armement [DGA] lança un appel d’offres afin d’acquérir six nouveaux patrouilleurs destinés à l’outre-Mer. Appel d’offres qui fut remporté par Socarenam en décembre 2019.

Malgré les contrariétés dues à la pandémie de covid-19, la construction du premier POM, l’Auguste Bénébig, a été menée « tambour battant ». Lancé à Saint-Malo en octobre 2021, le navire a ensuite été transféré à Boulogne-sur-Mer pour son armement. Puis il a rejoint Brest pour ses essais de qualification, avant de mettre le cap, en janvier dernier, vers le Canal de Panama pour voguer vers la base navale de Nouméa, son futur port d’attache.

Arrivé en Nouvelle-Calédonie après un périple de 20’000 km, l’Auguste Bénébig a encore fait l’objet d’essais en mer en vue d’éprouver ses capacités militaires. Et c’est donc au bout de ce processus que la Marine nationale vient de l’admettre officiellement au service actif.

« Le mardi 25 juillet 2023, la Marine nationale a admis au service actif le patrouilleur outre-mer Auguste Bénébig, après un déploiement de longue durée débuté le 17 janvier dernier, date de son appareillage de la base navale de Brest », a en effet indiqué le ministère des Armées, via un communiqué. « Conformément à la loi de programmation militaire 2019-2025, il s’agit de la livraison du premier des six POM de la classe Félix Éboué », a-t-il rappelé.

Et d’ajouter : « Cette livraison marque le franchissement d’une nouvelle étape du renouvellement des moyens de la Marine outre-mer, dans le cas présent au profit des Forces armées en Nouvelle-Calédonie [FANC]. Le POM assurera les missions de souveraineté et de protection des intérêts nationaux dans les espaces maritimes ultra-marins de l’Indo-Pacifique ».

Affichant un déplacement de 1300 tonnes [soit trois fois plus qu’un P400] pour une longueur de près de 80 mètres, une largeur de 12 mètres et un tirant d’eau inférieur à 3,5 mètres, l’Auguste Bénébig est équipé du système de gestion de combat Lyncea, du radar de surveillance Kelvin Hugues Mk11 SharpEye en bande X, d’une capacité de communication par satellite et du système de mini drone aérien embarqué de la Marine [SMDM]. Pouvant naviguer à la vitesse maximale de 24 noeuds et disposant d’un rayon d’action de 5’500 nautiques, son armement est « léger », avec seulement un canon télé-opéré de 20 mm et quatre mitrailleuses [deux de 12,7 mm et deux de 7,62 mm].

Le second POM, le « Teriieroo a Teriierooiterai », devrait être prochainement livré à la Marine nationale, laquelle prévoit de l’affecter à Papeete.

Photo : Marine nationale

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