Un drone américain MQ-9 Reaper a été endommagé par un Su-35 russe au-dessus de la Syrie

La cohabitation dans l’espace aérien syrien entre les forces aériennes russes et celles de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve – OIR] est visiblement de plus en plus compliquée, malgré les mesures dites de « déconfliction » mises en place depuis le début de l’intervention militaire lancée par Moscou en Syrie.

Ces derniers mois, et singulièremnt depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a déploré, à maintes reprises, le comportement jugé dangereux des pilotes russes à l’égard de ses troupes et de ses aéronefs. Au point que cela a incité le Pentagone à déployer dans la région des avions de supériorité aérienne F-22A Raptor à des fins dissuasives.

Mais cette mesure n’a apparemment pas eu l’effet escompté. Ainsi en juillet, des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper engagés dans une mission contre un cadre de l’État islamique [EI ou Daesh] ont été « harcelés » par des Su-35 russes.

Et ces derniers ne s’en prennent pas qu’aux aéronefs américains. Le 6 juillet, l’État-major des armées [EMA] a ainsi fait savoir que deux Rafale engagés dans l’opération Chammal [nom de la participation française à OIR] avaient dû réagir au « comportement non professionnel » d’un Su-35 russe.

La semaine passée, l’US CENTCOM a fait état d’un nouvel incident, un avion léger de reconnaissance MC-12, alors engagé dans des « opérations en soutien à la mission de la coalition contre l’EI », ayant été « approché par un Su-35 russe contrairement aux normes et protocoles établis », au point que la « vie des quatre membres d’équipage » a été mise « en danger ». Sous d’autres cieux, en mai dernier, un L-410 Turbolet de la police polonaise des frontières avait connu une mésaventure du même ordre, alors qu’il volait au-dessus de la mer Noire pour le compte de l’agence européenne FRONTEX.

Quoi qu’il en soit, un nouveau palier a été franchi, le 23 juillet. En effet, le général Alex Grynkewich, chef de l’AFCENT, c’est à dire des forces aériennes de l’US CENTCOM, a accusé des Su-35 russes d’avoir délibérément endommagé un MQ-9 Reaper qui effectuait une mission contre l’EI en Syrie.

L’un des Su-35 a lancé des fusées éclairantes alors qu’il se trouvait à quelques mètres du drone américain, lequel a été touché au niveau de son hélice. « Heureusement, l’équipage du MQ-9 a pu garder le contrôle et faire revenir l’aéronef en toute sécurité jusqu’à sa base », a assuré le chef de l’AFCENT.

Un film de la séquence et des photographies ont été diffusés par le Pentagone.

Au passage, on constate que l’une des charges utiles emportées par le MQ-9 Reaper a été floutée… Sans doute s’agit-il d’un nouveau capteur ou bien d’un missile dont le public n’a pas à connaître les détails…

« Le mépris flagrant du pilote russe pour la sécurité des vols nuit à notre mission qui vise à assurer la défaite durable de l’État islamique. Nous appelons les forces russes en Syrie à mettre un terme immédiat à ce comportement irresponsable, non provoqué et non professionnel », a fait valoir le général Grynkewich.

Cela étant, en mars dernier, un autre MQ-9 américain a connu un autre sort puisqu’il s’est abîmé dans les eaux de la mer Noire après avoir été intercepté et percuté par un Su-27 russe.

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