L’Arabie Saoudite notifie une importante commande de drones armés à la Turquie

Il n’y a pas encore si longtemps, en raison de nombreux contentieux entre l’Arabie Saoudite et la Turquie [mise au ban du Qatar par les monarchies du golfe Persique, opposition entre la doctrine wahhabite et celle des Frères musulmans, affaire Kashoggi, etc.], un contrat notifié à un industriel turc de l’armement par un le ministère saoudien aurait été impensable.

Et pourtant, ce 18 juillet, à l’occasion d’une nouvelle visite officielle du président turc, Recep Tayyip Erdogan, en Arabie Saoudite, la Turquie a obtenu le plus important contrat d’armement de son histoire, grâce au constructeur de drones Baykar.

En effet, depuis 2020, l’Arabie Saoudite et la Turquie ont fini par normaliser leurs relations. Selon la Fondation pour la recherche stratégique [FRS], cette évolution s’explique, au niveau stratégique, par le « recul du rôle de garant de sécurité des États-Unis » au Moyen-Orient, ce qui pousse Riyad à rechercher des alternatives. Et Ankara en est une… Les considérations économiques, voire industrielles, ont fait le reste… De même que l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Tandis que l’Arabie Saoudite a fait preuve de prudence et ne s’est pas fermement rangée derrière l’une ou l’autre des parties au conflit, celui-ci met la Turquie dans une position embarrassante consistant à soutenir l’Ukraine sans s’opposer à la Russie », relève la FRS. Et, poursuit-elle, cette situation, « intenable sur le long terme », ne fait qu’accroître la « nécessité » pour Ankara de « se rapprocher de ses voisins moyen-orientaux », dont Riyad.

Quoi qu’il en soit, faute de pouvoir acquérir des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] armés auprès des États-Unis, malgré les restrictions levées par l’administration Trump en 2020, le royaume saoudien s’est tourné vers la Chine, auprès de laquelle il s’est procuré des appareils de type Wing Loong 1 et CH-4. Et il a même été question de produire ces aéronefs localement, dans le cadre du plan Vision 2030.

Mais, à l’avenir, les forces armées saoudiennes mettront donc en oeuvre des drones de conception turque. Les détails des deux contrats signés par le prince héritien saoudien, Mohammad ben Salmane et M. Erdogan n’ont pas été précisés.

L’Arabie Saoudite « va acquérir des drones avec l’objectif de renforcer la préparation des forces armées du royaume et ses capacités de défense et fabrication », a seulement déclaré Khaled ben Salmane, le ministre saoudien de la Défense.

Cela étant, via Twitter, Haluk Bayraktar, le PDG du constructeur turc de drones Baykar, a évoqué la signature d’un « accord d’exportation et de coopération » portant sur le drone MALE Akinci. « C’est le plus gros contrat d’exportation de défense et d’aérospatiale de l’histoire de la République de Turquie », s’est-il félicité.

Bien que celui-ci n’en a pas parlé, l’un des contrats porterait, selon l’AFP, sur des drones tactiques TB-2.

S’agissant de ces derniers, l’agence Reuters avait indiqué, en septembre 2022, que des négociations devaient se tenir en vue d’ouvrir une ligne de production en Arabie Saoudite. Un responsable turc avait alors confié qu’il s’agissait d’une « décision stratégique » et que Baykar s’en remettait au président Erdogan.

Quant à l’Akinci, il est entré en service au sein des forces turques en 2021, soit seulement deux ans après son vol inaugural. Affichant une masse maximale au décollage de 5,5 tonnes pour une envergure de 20 mètres et une longueur de 12,2 mètres, il a une endurance de 24 heures, pour un rayon d’action de 7500 km et un plafond de 12’200 mètres. Pouvant voler à la vitesse maximale de 360 km/h [240 km/h en régime de croisière] grâce à deux turbopropulseurs, il peut emporter des missiles MAM-L , MAM-C et MAM-T [fournis par Roketsan], un radar à balayage électronique actif [AESA], un radar SAR/GMTI et une suite de guerre électronique.

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