La France va lancer la mission « Bataillon du désert » pour former les forces irakiennes

Dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve – OIR], la France mit l’accent sur la formation des forces de sécurité irakienne, via deux détachements de l’armée de Terre, à savoir les TF [pour « Task Force »] Narvik et Monsabert.

Puis, quand la califat auto-proclamé par l’État islamique [EI ou Daesh] fut défait, ce dispositif fut réorganisé avec la fusion de ces deux détachements afin de former la « TF Monsabert de nouvelle génération ». Du moins, telle avait été l’annonce faite en janvier 2020 par l’État-major des armées [EMA], lequel évoqua une « restructuration planifiée depuis plusieurs semaines » et jusitifiée par le fait que la TF Narvik avait atteint « les objectifs qui lui avaient été assignés », les deux premières écoles de l’Iraqi Counter Terrorism Service [ICTS] ayant acquis « leur autonomie » ainsi qu’un « niveau satisfaisant ».

Seulement, les troubles politiques consécutifs à l’élimination, à Bagdad, du général Qassem Soleimani, le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iraniens, par une frappe américaine et la pandémie de covid-19 mirent les activités de formation – et donc celle de cette nouvelle « TF Monsabert » – entre parenthèses.

Depuis, à le demande des autorités irakiennes, l’Otan assure une mission de conseil et de formation auprès des forces irakiennes, via la NMI [Nato Mission Iraq] qui, actuellement dirigée par le José Antonio Aguëro Martinez, relève du Commandement allié des forces interarmées de Naples [JFCNP].

« Non combattante », la NMI vise à aider l’Irak à renforcer ses forces armées, via notamment des formations sur l’état de droit, le droit des conflits armés, la lutte contre la corruption, la protection des civils tout en conseillant le ministère irakien de la Défense.

Cependant, l’opération Inherent Resolve a aussi repris ses activités de conseil auprès des états-majors irakiens, via le Military Advisory Group [MAG], dont relève un « Joint Operations Advisory Team » [JOCAT] qui, dirigé par un colonel français, est spécialisé dans les domaines des feux dans la profondeur, les opérations terrestres et l’appui aérien.

Mais, pour Paris, il est question d’aller plus loin. Ce 18 juillet, après une visite au Qatar, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a été reçu par Thabet al-Abbassi, son homologue irakien, avec lequel il a eu « une réunion fructueuse ».

« Nous avons passé en revue la relation franco-irakienne dans son intégralité » et « discuté de la présence des troupes françaises dans le cadre de la coalition internationale et de leur rôle important dans la lutte contre le terrorisme et les cellules » de Daesh, a affirmé M. al-Abbassi, selon l’AFP.

De son côté, M. Lecornu a évoqué une « feuille de route bilatérale à renforcer et à consolider ». Et annoncé la création prochaine d’un « cycle de formation unique » devant s’appeler « Bataillon du désert ».

Ainsi, et selon les explications qu’il a données, il serait question de mettre en place une formation d »une durée de deux ans et impliquant 80 instructeurs français qui se relaieront « pour permettre de former l’équivalent de cinq bataillons, c’est à dire 2100 militaires irakiens ». Ce projet « ressemble beaucoup aux différentes formations que nous sommes en train d’accomplir actuellement en Pologne, pour les soldats ukrainiens », a souligné M. Lecornu.

Par ailleurs, s’agissant des acquisitions de nouvelles capacités militaires envisagées par Bagdad, les deux ministres n’ont pas, a priori, parlé du Rafale… Même s’ils ont évoqué « la sécurité de l’espace aérien » irakien. « Des choses avancent déjà bien, notamment autour du radar GM400 et les discussions vont se poursuivre sur d’autres équipements, d’autres radars », a confié M. Lecornu, qui devait encore avoir un entretien avec Mohamed Chia al-Soudani, le Premier ministre irakien.

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