Le Kosovo confirme la livraison de drones tactiques turcs Bayraktar TB-2

Les tensions sont toujours aussi vives dans le nord du Kosovo, en raison, entre autres, de la décision de Pristina d’installer des maires albanophones dans quatre municipalités à majorité serbe, à l’issue d’élections locales controversées. Cela étant, les incidents se sont multipliés au cours de ces derniers mois, au point que la Serbie a mis ses troupes en état d’alerte à la frontière de son ancienne province… et que, afin de parer toute éventualité, l’Otan a décidé d’y renforcer son contingent, avec le déploiement d’un bataillon appartenant à la 65e brigade d’infanterie mécanisée de l’armée turque.

Cependant, les dernières violences qui ont secoué le Kosovo ont été imputées à l’intransigeance des autorités de Pristina par la plupart des pays occidentaux.

« Très clairement, il y a une responsabilité des autorités kosovares dans la situation actuelle et un non-respect d’un accord qui était pourtant important et qui avait été scellé il y a juste quelques semaines », a ainsi estimé le président français, Emmanuel Macron. « Nous avons très clairement signifié aux autorités kosovares que c’était une erreur de procéder à ces élections », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse donnée à Bratislava, le 31 mai dernier.

De leur côté, les États-Unis, jusqu’alors proches alliés de Pristina, sont allés jusqu’à exclure les forces de sécurité kosovares des manoeuvres Defender 23, estimant que le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, avait « fortement et inutilement aggravé les tensions » en maintenant sa décision d’installer des maires albanophones dans les municipalités à majorité serbe. Et de menacer d’aller encore plus loin, en mettant un terme à leur soutien diplomatique en faveur de la reconnaissance internationale du Kosovo, qui a autoproclamé son indépendance par rapport à la Serbie en février 2008.

L’attitude de Washington a sans doute marqué un tournant… En 2018, l’administration américaine était allée jusqu’à soutenir la transformation de la Force de sécurité du Kosovo [KSF] en une armée régulière… malgré l’opposition du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, celui-ci ayant parlé, à l’époque, d’une « initiative malvenue » car susceptible de « compromettre le dialogue entre Belgrade et Pristina mené avec la médiation de l’Union européenne ».

Quoi qu’il en soit, les autorités kosovares poursuivent la mue de la KSF, avec le concours de la Turquie, celle-ci ayant livré plusieurs dizaines de véhicules militaires, dont des blindés de combat d’infanterie ACV-15, des MRAP Kirpi et des blindés légers Cobra. Et, désormais, cette future armée régulière pourra mettre en oeuvre des drones tactiques Bayraktar TB-2, lesquels peuvent éventuellement être armés.

A priori, c’est en décembre dernier, alors que de nouvelles violences venaient d’éclater dans le nord du Kosovo, que Pristina a entamé des négociations en vue d’acquérir 12 drones TB-2. Un premier lot de six appareils lui aurait été livré en avril dernier. Et, visiblement, la totalité de la commande a désormais été honorée si l’on en juge par les récentes déclarations du Premier ministre kosovar, via les réseaux sociaux.

« Nous avons ajouté les drones Bayraktar TB2, que nous avons achetés à la Turquie en tant qu’État, à notre arsenal militaire », s’est ainsi félicité M. Kurti. « En deux ans, nous avons augmenté de plus de 80 % le nombre de soldats et de plus de 100 % le budget militaire. Le Kosovo est maintenant encore plus sûr et toujours fier », a-t-il ajouté, le 16 juillet. La future armée kosovare doit compter 5000 soldats d’active et 3000 réservistes.

Pour rappel, d’une envergure de 12 mètres pour 6,5 mètres de longueur et une masse au décollage de 650 kg, le TB-2 peut emporter quatre missiles guidés, dont deux MAM-L et deux MAM-C. Son autonomie est de 24 heures tandis que son rayon d’action ne dépasse pas les 150 km.

Ces appareils ont ainsi rejoint les quatre drones de surveillance RQ-20 Puma, acquis auprès du constructeur américain Aerovironment pour environ 10 millions de dollars en 2022…

En outre, il a été rapporté que Pristina aurait également commandé une centaine de munitions rôdeuses STM Alpagu auprès de la Turquie.

Pour cette dernière, et comme l’explique le ministère turc des Affaires étrangères, les Balkans sont une priorité, « non seulement du point de vue politique, économique et géographique, mais également en raison de nos liens historiques, culturels et humains avec la région ». Et d’ajouter : « Les Balkans, région située dans la connexion géographique de la Turquie avec le reste de l’Europe, revêtent une grande importance par la place qu’elles ont occupée dans le processus historique ayant façonné la nation turque et également le potentiel futur qu’elle comporte dans le contexte de l’intégration régionale et notre objectif d’adhésion à l’UE que nous partageons avec tous les pays de la région.

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