La Direction générale de l’armement dévoile un projet de canon électro-magnétique pour les navires

Si l’on excepte l’École polytechnique, placée sous sa tutelle, la Direction générale de l’armement [DGA] aura défilé sur les Champs-Élysées pour la première fois en ce 14 juillet. Mais, elle participera également à une opération de relations publiques organisées aux Invalides par le gouverneur militaire de Paris. Et à cette occasion, elle présentera une quarantaine de projets innovants répartis selon six grands thèmes, à savoir l’engagement, le renseignement, le soutien de l’homme, la maintenance, la protection et l’espace.

Si certains sont connus – comme le robot Aurochs, le drone armé AVATAR ou encore le système MAGELLAN, d’autres ont rarement été évoqués jusqu’à présent. Voire pas du tout. Tel est le cas d’un canon électromagnétique destiné à armer un navire, développé par l’Institut de recherches franco-allemand de Saint-Louis [ISL] et financé par l’Agence de l’innovation de défense [AID]. Et s’il fait l’objet d’une telle communication, c’est que, probablement, il est arrivé à un stade avancé.

Pour rappel, le fonctionnement d’un canon électromagnétique consiste à faire circuler un courant électrique de forte intensité afin de créer un champ magnétique entre deux rails conducteurs. Grâce à la force de Laplace, un projectile – également conducteur – va subir une force accélération avant d’être ejecté du tube à une vitesse très élevée. Cela suppose de relever plusieurs défis, notamment dans les domaines des matériaux [ceux-ci étant soumis à de fortes contraintes mécaniques], de production d’énergie, de guidage des projectiles.

Si un canon électro-magnétique présente plusieurs avantages [plus besoin de stocker de poudres à bord d’un navire, coût d’un tir peu élévé par rapport à celui d’un missile, etc.], sa mise au point est compliquée. L’US Navy a mis un projet de cette nature en pause, faute de crédits suffisants, alors qu’elle avait obtenu des résultats encourageants. La marine chinoise a laissé entendre qu’elle avait réussi à en déployer un à bord de son navire d’assaut amphibie Haiyang Shan [ce qui n’a pas pu être confirmé…]. Et le Japon s’est aussi lancé dans le développement d’une telle arme.

Et, en Europe, le canon électromagnétique est aussi une priorité. Ainsi, en 2020, dans le cadre du PADR [Action préparatoire sur la recherche en matière de défense], la Commission européenne a confié le programme PILUM à l’Institut de recherches franco-allemand de Saint-Louis, alors très en pointe sur ce sujet.

Plus récemment, cette fois au titre du Fonds européen de défense [FEDEF], la Commission a désigné Nexter/KNDS pour coordonner le projet THEMA [TecHnology for Electro-Magnetic Artillery] qui, doté de 15 millions d’euros, doit prendre la suite de PILUM.

Cela étant, l’ISL aurait donc trouvé la solution pour installer un canon électro-magnétique à bord d’un navire. Ou du moins est-il sur le point de l’avoir trouvée… Dans son dossier de presse, la DGA ne donne que très peu de détails au sujet de ce projet.

« Les installations de canon électromagnétique à rails de l’ISL sont uniques en Europe. L’Institut dispose de plusieurs démonstrateurs en laboratoire, notamment le canon NGL-60 [New Generation Launcher], un lanceur de calibre 60 mm permettant de tirer des projectiles de l’ordre du kilogramme et le canon RAFIRA [RApid FIre RAilgun], un lanceur de calibre 25 mm capable de tirer des salves de projectiles de petit calibre à des cadences de tir extrêmement élevées. Les deux lanceurs permettent d’atteindre des vitesses initiales comprises entre 2000 m/s et 3000 m/s », explique l’organisme de recherche sur son site Internet.

Et s’agissant de l’énergie nécessaire pour faire fonctionner un canon électromagnétique, l’ISL a mis au point le générateur XRAM, dont la technologie permet d’alimenter une telle arme « en offrant une compacité nettement plus grande que les sources capacitives ».

« Plusieurs déclinaisons du canon électromagnétique peuvent être envisagées », a expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, lors d’une audition parlementaire. Et d’ajouter : Celle qui permettrait d’envoyer un projectile à plusieurs centaines de kilomètres avec une accélération de 100’000 G « serait plutôt placée sur une plateforme navale » car « lorsqu’on a besoin d’un mur entier de condensateurs pour pouvoir stocker et libérer une grande quantité d’énergie de manière quasi instantanée […] cela suppose des infrastructures adaptées ».

A priori, le projet de canon électromagnétique qui sera présenté aux Invalides sera dédié à la défense aérienne. En effet, selon l’ISL, un démonstrateur devrait être testé en 2028 « dans une optique de défense anti-aérienne des plates-formes navales et terrestres afin de protéger les forces face aux nouvelles menaces telles que les missiles hyper-véloces ».

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