L’Australie va envoyer un avion d’alerte avancée E-7 Wedgetail en Allemagne pour soutenir l’Ukraine

Bien que plus de 14’000 km la séparent du continent européen, l’Australie considère que les enjeux sécuritaires de l’espace euro-atlantique sont étroitement liés à ceux de la région indo-pacifique. Aussi a-t-elle le statut de « partenaire majeur de l’Otan », ce qui s’est traduit, ces dernières années, par l’engagement de ses troupes dans des opérations conduites par l’organisation, comme par exemple en Afghanistan.

Par ailleurs, l’Australie soutient l’Ukraine face à la Russie. Alors qu’il est question, depuis quelques semaines, d’un possible don à la force aérienne ukrainienne de chasseurs-bombardiers F/A-18 Hornet récemment retirés du service par la Royal Australian Air Force [RAAF], Canberra a déjà livré à Kiev des blindés Bushmaster et M113 ainsi que des obusiers de 105 mm et des drones pour un total d’environ 400 millions d’euros.

Cela étant, le gouvernement australien envisage d’aller plus loin. En effet, le 10 juillet, celui-ci a annoncé qu’un avion d’alerte avancé E-7A Wedgetail sera déployé en Allemagne [précisément à Ramstein] à partir d’octobre prochain afin de contribuer à la protection d’une « porte d’entrée vitale de l’aide humanitaire et militaire internationale vers l’Ukraine ».

Ce qui signifie que cet appareil de la RAAF effectuera des vols de surveillance au-dessus de la Pologne, de la Slovaquie et de la Roumanie [voire de la Hongrie]. Et le communiqué a tenu à préciser que l’E-7A « opérera en dehors de l’espace aérien russe, biélorusse et ukrainien ».

La mission du détachement australien, fort d’une centaine de militaires de la RAAF, devrait durer six mois.

Pour rappel, l’E-7A Wedgetail est un appareil développé à partir d’un Boeing B-737. Il est notamment équipé d’un radar à antenne active multirôle [d’une portée supérieure à 400 km] fourni par Northrop Grumman ainsi que de contre-mesures électroniques et de différents systèmes de communication [UHF, HF, VHF, Liaison 11, Liaison 16, ICS, SATCOM, etc]. La Royal Air Force en sera dotée, de même que l’US Air Force. La Turquie en possède déjà quatre exemplaires.

Quoi qu’il en soit, a insisté Richard Marles, le ministre australien de la Défense, « le déploiement du E-7A Wedgetail en tant que capacité d’alerte avancée supplémentaire contribuera à garantir que le soutien vital acheminé vers l’Ukraine par la communauté internationale est protégé ».

Est-ce à dire que de possibles frappes russes en dehors du territoire ukrainien sont redoutées, alors qu’elles provoqueraient une guerre directe avec l’Otan? Ou bien s’agit-il de faire d’une pierre deux coups… Et de renforcer les capacités de renseignement dans le voisinage de l’Ukraine?

D’autant plus que, en plus des capacités de ses membres, l’Otan dispose de ses propres avions d’alerte avancée, en l’occurrence 14 E-3 AWACS, dont le remplacement est prévu à l’horizon 2035. Or, l’E-7A Wedgetail fait partie des successeurs potentiels, comme le GlobalEye du constructeur suédois Saab.

Reste que ce ne sera pas la première fois que la RAAF participera à des missions de l’Otan en Europe. L’an passé, elle avait engagé un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon dans l’opération Sea Guardian, en Méditerranée. Il s’agissait alors de d’étendre « l’interopérabilité » des forces australiennes avec celles de l’Alliance dans le domaine de la surveillance maritime et de soutenir, « dans la mesure du possible », les initiatives européennes « pour maintenir l’ordre international fondé sur des règles ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]