Le satellite militaire de télécommunications Syracuse 4B a été lancé avec succès lors de l’ultime vol d’Ariane 5

L’aventure d’Ariane 5 avait très mal commencé : lors de son vol inaugural, le 4 juin 1996, le lanceur s’était désintégré à 4000 mètres d’altitude, 39 secondes après son décollage depuis le Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou.

« C’est la perte totale des informations de guidage et d’attitude 37 secondes après le démarrage de la séquence d’allumage du moteur principal [30 secondes après le décollage] qui est à l’origine de l’échec d’Ariane 501. Cette perte d’informations est due à des erreurs de spécification et de conception du logiciel du système de référence inertielle », avait conclu la commission d’enquête mise en place après cet incident. Et celle-ci d’ajouter : « Les revues et essais approfondis effectués dans le cadre du programme de développement d’Ariane 5 ne comportaient pas les analyses ou essais adéquats du système de référence inertielle ou du système complet de contrôle de vol qui auraient pu mettre en évidence la défaillance potentielle ».

Par la suite, hormis un échec lors de sa 14e mission en décembre 2002, dû à une défaillance du moteur Vulcain 2, Ariane 5 a enchaîné les succès. Et si elle avait mal débuté, son histoire s’est terminée sur une bonne note.

En effet, pour son 117e et dernier vol, initialement prévu le 16 juin avant d’être reporté de quelques semaines après la découverte d’un défaut sur le système de séparation des propulseurs d’appoint, le lanceur a décollé avec succès du CSG de Kourou, aux environs de minuit [heure de Paris], ce 6 juillet.

Cet ultime vol était crucial pour le programme Syracuse 4, lequel doit donner aux forces françaises des capacités accrues en matière de télécommunications. Un premier satellite – Syracuse 4A – avait été lancé avec succès en octobre 2021. Ne restait donc plus qu’à placer le second – Syracuse 4B – sur une orbite géostationnaire, à 36’000 km d’altitude.

« J’adresse mes vives félicitations aux équipes étatiques et industrielles qui ont œuvré à la réussite de ce lancement. Syracuse 4 est un programme majeur qui contribue à la modernisation de nos capacités spatiales de défense, déterminante pour notre souveraineté et notre indépendance stratégique », a commenté Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, après le vol réussi d’Ariane 5.

Cependant, Syracuse 4B a encore du chemin à faire avant d’être déclaré opérationnel. Il sera « qualifié dans neuf mois une fois qu’il aura atteint son orbite géostationnaire et subi une série complète de tests », a en effet rappelé la Direction générale de l’armement [DGA].

Conçus par Thales Alenia Space et Airbus Defence & Space, les satellites Syracuse 4A et 4B sont dotés de moteurs électriques à plasma, ce qui a permis d’augmenter significativement leur capacité d’emport… et donc leurs performances. En effet, ils offrent un débit en bande X et bande ka militaire de l’ordre de 3 à 4 Gb/s [soit trois fois plus par rapport aux satellites Syracuse 3, ndlr] ainsi qu’une meilleure résistance aux menaces cybernétiques, aux impulsions électromagnétiques et au brouillage. Enfin, ils sont également équipés de moyens de surveillance et ont la capacité de se déplacer pour contrarier une possible agression.

Initialement, le programme Syracuse 4 devait compter trois satellite… Mais Syracuse 4C ne sera jamais lancé, le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 ayant prévu d’annuler sa réalisation.

« S’agissant des satellites Syracuse 4, les évolutions dans le domaine de l’espace sont très rapides : les grands programmes, c’est très bien. L’agilité du new space, c’est très bien aussi. Nous avons, à une époque, imaginé d’énormes satellites en orbite géostationnaire. Mais les constellations qui évoluent en orbite basse ont aussi des avantages. Les deux sont complémentaires pour assurer l’efficacité et la redondance dont les armées ont besoin », a ainsi récemment fait valoir le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], aux députés.

« Mettre tous nos objets sur l’orbite géostationnaire serait à mon sens dangereux. Le temps de latence, c’est-à-dire le temps nécessaire pour transmettre une information à un autre vecteur de la patrouille, est plus important s’il faut monter en orbite géostationnaire puis redescendre. Ce delta […] est colossal pour des systèmes comme le SCAF [Système de combat aérien du futur] », a ensuite expliqué le CEMAAE.

Quoi qu’il en soit, le projet de LPM 2024-30 prévoit d’engager le remplacement de Syracuse 4.

« Les moyens de communication seront appuyés par une constellation de connectivité sécurisée et multi-orbites européenne. Le programme Syracuse 5, successeur de Syracuse 4 et constitué d’une nouvelle génération de satellites souverains, sera lancé pendant la présente loi de programmation militaire. Il s’agira d’un modèle de satellite patrimonial, géostationnaire en orbite haute », est-il précisé dans le texte.

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