Le projet d’avion hypersonique « Espadon » pourrait profiter au Système de combat aérien du futur

Dans sa feuille de route publiée en 2019, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] avait évoqué le lancement d’un projet d’aéronef de combat hypersonique pouvant « s’étendre à toute mission d’intérêt militaire » et devant être « capable de réaliser une croisière haute altitude de longue durée, avec un fonctionnement global de type avion, avec des phases de décollage et d’atterrissage horizontaux sur une piste et une accélération autonome ». Et plus aucune,information ne filtra par la suite…

Cela étant, quatre ans plus tard, à l’occasion du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, l’ONERA a dévoilé une maquette censée représenter cet avion hypersonique, appelé « Espadon ». Mais sans donner, là encore, plus de détails sur ses intentions. Il aura donc fallu attendre quelques jours pour en savoir plus.

En effet, le 26 juin, l’ONERA a diffusé une vidéo dans laquelle son directeur des programmes militaires, René Mathurin, a résumé les enjeux de ce projet Espadon, conduit à la demande de la Direction générale de l’armement [DGA].

« L’idée de l’ONERA, ce n’est pas de construire un avion [hypersonique] mais de voir les technologies qui seront nécessaires pour en réaliser un », a dit M. Mathurin. Il s’agit donc d’établir une feuille de route « technologique » en fonction des sujets qu’il y aura à traiter.

« On a des discussions avec l’armée de l’Air & de l’Espace, qui nous propose certains types de missions et on regarde quel est le type d’aéronef qui pourrait répondre à ses besoins. Après, on fait des dimensionnements, des études sur tous les domaines pour faire un tel avion », a expliqué le responsable de l’ONERA.

Sans surprise, au regard des hautes températures engendrées lors d’un vol hypersonique, la question des matériaux est centrale. De même que, évidemment, l’aérodynamique. Un élément également important concerne la capacité à mettre en oeuvre de l’armement. « On regarde comment se comporte le largage de munitions à haute vitesse », a souligné M. Mathurin.

Mais un autre volet « très important » porte sur « l’analyse de la menace », a-t-il insisté. « On regarde qui a quoi et quelles sont les nations qui vont travailler sur ce type d’armement afin d’en évaluer l’impact sur nos systèmes d’armes » actuels et futurs, a-t-il détaillé.

Reste que la perspective de voir voler un avion hypersonique conçu selon les travaux de l’ONERA est encore lointaine. « On parle d’horizon 2050 », a dit M. Mathurin. Pour autant, les recherches sont susceptibles d’irriguer d’autres programmes en cours, comme le Système de combat aérien du futur [SCAF], lequel réunit la France, l’Allemagne et l’Espagne.

« On va approfondir certaines technologies et proposer de nouveaux designs. L’intérêt de ces travaux sera que certaines briques technologiques pourraient être utilisées pour le SCAF. Il y a un intérêt industriel à long terme », a affirmé M. Mathurin. Reste à voir quelles seront ces « briques technologiques ».

Pour rappel, le SCAF vise à développer un « système de systèmes » reposant sur un avion de combat de nouvelle génération [NGF – New Generation Fighter], accompagné par des drones de type « loyal wingman » [ailier fidèle] et d’effecteurs connectés. « Nous menons également d’autres travaux dont je ne peux parler car ils sont classifiés », a récemment dit Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, à son sujet.

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