L’usage de drones va simplifier en partie le maintien en condition opérationnelle des Rafale français

Il n’y a pas si longtemps, le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des Rafale de l’armée de l’Air et de la Marine nationale faisait l’objet d’au moins vingt-six marchés différents. Désormais, il n’y en a plus que deux, à savoir BOLERO [confié à Safran Aircraft Engines en 2021] et RAVEL [RAfale VErticaLisé] notifié deux ans plus tôt à Dassault Aviation pour un montant avoisinant les 3,5 milliards d’euros [hors TVA].

Pour la Direction de la maintenance aéronautique [DMAé], ces contrats dits verticalisés [c’est à dire regroupant plusieurs marchés en un seul] visent à simplifier la chaîne du MCO et à assigner des objectifs de disponibilité à l’industriel désigné.

S’agissant des Rafale, les contrats RAVEL et BOLERO doivent permettre d’atteindre un taux de disponibilité d’au moins 80%. Un impératif pour compenser la cession d’appareils d’occasion à la Grèce et la Croatie.

Or, l’amélioration du taux de disponibilité d’une flotte d’aéronefs [ou de tout autre équipement] passe par des opérations de maintenance effectuées le plus rapidement possible. Ce qui suppose, notamment, de disposer des pièces détachées au bon endroit et au bon moment. Mais pas seulement.

En effet, quand un avion est immobilisé, il est nécessaire de vérifier l’intégrité de sa cellule, afin de détecter l’apparition d’éventuelles criques ou de possibles impacts de foudre. Pour un appareil commercial, une telle opération mobilise une quinzaine de techniciens pendant une journée de travail.

D’où l’idée de l’entreprise toulousaine Donecle de recourir à des « drones inspecteurs » automatisés, capables de mesurer des défauts en surface. Avec un tel système, l’inspection de la cellule d’un avion commercial ne prend plus qu’une vingtaine de minutes.

En 2020, un tel « drone inspecteur » a été utilisé pour vérifier l’état des cellules des Rafale Marine, lors d’une évaluation menée sur la base aéronavale de Landivisiau par la Direction générale de l’armement [DGA], en lien avec Dassault Aviation et Donecle. Et cela dans le cadre des « travaux relatifs au Big Data du Rafale standard 4 ».

« Il s’agit d’établir une automatisation de la détection et du suivi des éventuels dommages dans un objectif de soutien de la flotte sur le long terme », avait expliqué la DGA, à l’époque.

Cette expérimentation s’est pourvuivie par la suite, afin de « recueillir les contraintes et affiner les besoins des utilisateurs ». Ainsi, Donecle a pu développer un kit de navalisation pour utiliser des « drones inspecteurs » de cellule à bord du porte-avions Charles de Gaulle.

« Après deux campagnes d’essais en mer, ces développements ont permis de valider la capacité des drones à inspecter les cellules Rafale en mer [première mondiale] », a récemment fait savoir Donecle.

Concrètement, la solution de Donecle compte trois étapes. La première consiste à collecter des images de la cellule de l’avion grâce au drone. Puis celles-ci sont traitées et analysées grâce à un logiciel qui va établir un rapport sur des défauts éventuels. Enfin, les données ainsi collectés sont ensuite stockées, ce qui permet d’établir un historique « numérique » de l’appareil et de garder une trace des inspections déjà réalisées.

Quoi qu’il en soit, le recours à ce « service automatisée d’inspection de cellule avion », appelé AirScan, va se généraliser puisqu’il est désormais intégré au contrat RAVEL. À noter que l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] utilise déjà cette technologie pour la maintenance de ses E-3F AWACS.

« Cette intégration est le fruit d’une collaboration étroite entre Dassault Aviation et Donecle pour le développement et la validation opérationnelle d’AirScan, service qui combine les drones autonomes et les algorithmes d’intelligence artificielle de la société Donecle avec l’expertise technique et les solutions logicielles de Dassault Aviation », a expliqué l’entreprise toulousaine.

Au total, les bases aériennes et aéronavales ainsi que le porte-avions Charles de Gaulle se partageront une dizaine de systèmes AirScan.

« La commande notifiée dans le cadre du contrat Ravel marque à la fois la réussite de plusieurs années de développements collaboratifs et le démarrage du service opérationnel de nos drones au profit des armées françaises. De par son volume et sa durée, ce contrat témoigne de la confiance et des gains apportés par AirScan. Nul doute que cette annonce contribuera à notre rayonnement, cette réussite confortant notre forte croissance, y compris sur le marché militaire », s’est félicité Matthieu Claybrough, le PDG de Donecle.

Par ailleurs, durant le salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, la DMAé a notifié au Service industriel aéronautique [SIAé] le contrat « VERNE », lequel vise à « maximiser la diponibilité des Mirage 2000 tout en optimisant les coûts des prestations » dans les domaines « des cellules, des moteurs M53-P2 [avec les turbodémarreurs N180] et des équipements sièges ».

Ce marché complète le contrat BALZAC, attribué en 2021 à Dassault Aviation, explique la DMAé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]