Robotique militaire : L’équipe emmenée par Thales a remporté le défi CoHoMa de l’armée de Terre

Selon le projet de Loi de programmation militaire [LPM], cinq milliards d’euros seront investis entre 2024 et 2030 pour développer des « capacités dronisées adaptées aux différents contextes opérationnels ». Et, pour l’armée de Terre, l’objectif est de « bâtir progressivement un saut robotique » devant assurer une « supériorté opérationnelle dans le combat aéroterrestre ».

Cela étant, sans attendre la LPM 2024-30, l’armée de Terre a déjà lancé plusieurs initiatives dans le cadre du plan « Vulcain », lequel vise à généraliser l’emploi de robots sur le champ de bataille à l’horizon 2040. Une section « robotique » a ainsi été créée au sein du CENZUB-94e RI [Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine] afin de mieux cerner les besoins et expérimenter de nouveaux modes opératoires. Et un Centre d’Excellence en Robotique aéroterrestre a également vu le jour à Satory.

En outre, la cellule « innovation » de l’armée de Terre [ou « Battle Lab Terre »] est à l’origine du défi CoHoMa [Collaboration Homme-Machine], lequel s’adresse aux industriels de l’armement, aux centres de recherche et à l’enseignement supérieur. L’idée est de pouvoir ainsi mesurer l’apport des robots dans des situations opérationnelles précises, en confrontant les solutions proposées par les équipes participantes.

Lors de la première édition du défi CoHoMa, organisée en 2022 en partenariat avec l’Agence de l’innovation de défense [AID], les concurrents devaient imaginer des solutions pour reconnaître une zone inconnue parsemée d’un dizaine d’obstacles à contourner ou à éliminer. L’équipe « Squadbot », formée par Arquus, Angatec [pour le robot TEC800] et Apach [drone aérien Squadrone], sut trouver la bonne formule [ou, du moins, la plus efficace] puisqu’elle remporta le premier prix.

Fort de ce premier succès, le Battle Lab Terre a organisé, en mai, une seconde édition du défi CoHoMa, avec le thème « S’emparer de ». Il s’agit de mener une mission visant à « s’assurer de la possession d’un point ou d’une zone en détruisant, en capturant ou en chassant l’ennemi qui pourrait l’occuper, ce qui expose directement celui qui la réalise aux feux d’un ennemi potentiellement retranché et préparé », avait-il préalablement expliqué.

Là encore, le succès a été au rendez-vous, avec la participation de 53 entités [industriels, start-up, laboratoires, écoles d’ingénieur, militaires] réparties en 15 équipes. Les concurrents devaient proposer des solutions pour « manœuvrer et articuler des satellites terrestres et aériens » depuis un véhicule blindé, « franchir des compartiments de terrain et progresser jusqu’à la zone finale » et « détecter identifier et désactiver des pièges [matérialisés par des cubes rouges, ndlr] pour pouvoir avancer tout en renseignant le poste de commandement ».

Et la solution qui est sortie du lot aura été celle de l’équipe Force W, emmenée par Thales et associant SERA Ingénierie, DUMA Engineering, MC-CLIC et H2X.

« Dans un temps limité et avec un nombre d’opérateurs restreint à 3, l’équipe a dû […] neutraliser les pièges et s’emparer des objectifs en proposant des capacités robotisées innovantes et coordonnées entre elles », a d’abord rappelé Thales. « Au terme de trois heures intenses, tous les objectifs de la mission étaient atteints. Un succès qui, après délibération du jury sur différents critères [ubiquité, anticipation, rapidité d’exécution, rigueur tactique, fluidité de la manœuvre, résilience] vaut aujourd’hui à Force W d’être sur la plus haute marche du podium », s’est ensuite félicité l’industriel, dans un communiqué publié le 29 juin.

Le solution de Thales reposait sur un système de mission basé sur la « Combat Digital Platform ». Elle a en outre permis de déployer un essaim de drones qui, sous le commandement d’un opérateur unique et en coopération avec les autres moyens, a pu neutraliser « 80% des pièges ».

Le second prix a été attribué à l’équipe Tera Team, formée par l’Institut Saint-Louis [ISL], FN Herstal, Exail et Soframe. Enfin, le lauréat de l’édition 2022, Squadbot a complété le podium.

Cela étant, si le scénario prévu avait autorisé les « fonctions d’autonomie ajustée » [une spécialité de l’ISL, ndlr] et si les tirs simulés n’avaient pas été retirés du règlement au dernier moment, peut-être que la hiérarchie de ce classement aurait été différente puisque, selon Christian de Villemagne, le directeur de l’Institut Saint-Louis, Tera Team était la seule équipe à présenter un « tourelleau à ligne de visée stabilisée et asservie ».

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