L’Italie va rejoindre le programme franco-britannique de missiles antinavires et de croisière FMAN/FMC

En 2017, dans la cadre des accords de Lancaster House, la France et le Royaume-Uni signèrent un accord en vue de confier à MBDA le soin de réaliser la phase de concept du programme de Futur missile antinavire / Futur missile de croisière [FMAN/FMC] pour un montant de 100 millions d’euros.

Visant à mettre au point les successeurs des missiles de croisière SCALP [ou Storm Shadow] et anti-navires Exocet et Harpoon, ce projet franchit une nouvelle étape en 2019, avec la conclusion de la revue principale d’architecture [ou « Key Review »], menée conjointement par la Direction générale de l’armememnt [DGA] et le Defence Equipment & Support [DE&S]. Celle-ci avait pour but de retenir les concepts les plus « pertinents » et « prometteurs » sur lesquels devaient reposer ces futures munitions dites « complexes ». Et il était alors question de notifier rapidement à MBDA un contrat de « levée des risques » afin de lancer la production en 2024.

Mais cet échéancier n’a pas pu être tenu. Outre les difficultés engendrées par la crise du covid, le Royaume-Uni a hésité sur son implication dans ce programme, la Royal Navy ayant besoin de remplacer, au plus tôt, ses missiles anti-navires Harpoon [ce qui est désormais en cours après le choix, comme solution « intérimaire », du Naval Strike Missile pour ses frégates de type 23 et ses « destroyers » de type 45]. En outre, les brouilles diplomatiques entre Paris et Londres, notamment après l’affaire des sous-marins australiens, ont mis le programme FMAN/FMC en difficulté.

« Nous réfléchissons donc à ce qu’il est possible de faire ou non avec les Britanniques : nous en tirerons évidemment toutes les conséquences », avait d’ailleurs affirmé Florence Parly, alors ministre des Armées, durant une audition parlementaire.

Finalement, en février 2022, la DGA et le DE&S ont annoncé le lancement des « travaux de préparation du futur missile antinavire et futur missile de croisière après la signature d’un accord étatique et la notification de contrats » à MBDA. Puis, en juillet de la même année, Safran et Rolls Royce se sont associés pour « développer et finaliser une nouvelle solution de propulsion pour un missile subsonique doté de capacités de furtivité » dans le cadre de ce programme.

Cela étant, le retard pris par le FMAN/FMC aura été sans doute un mal pour un bien [en tout cas, l’avenir le dira…]. En effet, via un communiqué diffusé dans la soirée du 24 juin, le ministère des Armées a confirmé que l’Italie venait de signer une lettre d’intention en vue de rejoindre ce programme franco-britannique.

« En signant conjointement, le mardi 20 juin 2023, une lettre d’intention concernant le programme FMAN/FMC, le Royaume-Uni, l’Italie et la France ont confirmé leur volonté d’élargir la coopération franco-britannique au partenaire italien », a d’abord souligné le ministère. « La phase de dialogue qui va désormais pouvoir s’ouvrir entre les trois pays dessinera les bases de la phase de développement à venir », a-t-il ensuite ajouté, avant de rappeler que l’objectif pour « chacun des trois pays est de disposer d’une capacité opérationnelle de frappe dans la profondeur en 2030 ».

Cette participation italienne au programme FMAN/FMC « permettra de renforcer la base industrielle et technologique de défense européenne autour de l’industriel MBDA, leader européen dans le domaine missiles », s’est encore félicité le ministère des Armées. À noter que son homologue britannique n’a fait aucun commentaire sur ce sujet pour le moment.

Par ailleurs, et selon des informations de la Rivista Italiana Difesa [RID], le Missile de Croisière Naval [MdCN], dérivé du SCALP/Storm Shadow, est l’option privilégiée par la marine italienne pour ses capacités de frappe dans la profondeur. Une lettre d’intention devrait être signée par Rome et Paris dans « le courant de cette année », a indiqué la publication transalpine.

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