Le Sénat demande une étude sur le maintien en service du porte-avions Charles de Gaulle au-delà de 2038

Lors de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-28, les députés ont obtenu de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, la conduite d’une étude sur ce que coûterait la construction d’un second porte-avions de nouvelle génération [PANG], l’idée étant de permettre à la Marine nationale, le cas échéant, de disposer de davantage de flexibilité pour ses opérations aéronavales.

« Plusieurs des membres de la commission de la défense sont convaincus de l’utilité de cet outil de projection de puissance qu’est le porte-avions […]. Je suis pour ma part persuadé que, vers 2040, […] nous aurons besoin d’assurer la permanence à la mer. Il est important dès maintenant d’envisager les moyens et les études qu’il faudrait y consacrer afin de nous donner le choix avant 2028 », avait ainsi plaidé le député Jean-Charles Larsonneur.

Cependant, devant les sénateurs, M. Lecornu a laissé entendre qu’il avait donné satisfaction aux députés… parce qu’une telle étude ne mangeait pas de pain. « Je me suis […] engagé, pour des effets d’opportunité, à ce que l’on fasse la transparence, par un rapport au Parlement, sur la faisabilité et le coût d’un deuxième porte-avions. Je m’explique : cela ne veut pas dire que l’on en veut un deuxième – je pense qu’on n’est pas capable de le payer pour être très clair – mais pour des raisons de transparence », a-t-il dit.

Si un second PANG est hors de portée financièrement, peut-être qu’il serait possible de prolonger, certes pour un temps limité, le porte-avions Charles de Gaulle. Cette hypothèse avait d’ailleurs été avancée dans un rapport publié par le Sénat en juillet 2020… Et c’est donc tout naturellement que la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense l’a remise sur la table au moment de se prononcer sur le projet de LPM 2024-30.

En effet, celle-ci a adopté l’amendement COM-225 qui, proposé par le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, demande au gouvernement « de remettre au Parlement, dans les six mois à compter de l’adoption de la loi, une étude sur le coût et la viabilité du maintien en service après 2040 du porte-avions Charles de Gaulle dans le bassin méditerranéen ».

Pourquoi seulement en Méditerranée? Parce que « le nombre de bâtiments de guerre russes et turcs [y] a considérablement crû en particulier à cause de la guerre en Ukraine et l’instabilité en Libye », alors que la France doit également défendre ses intérêts dans la région Indo-Pacifique.

Aussi, comme l’a expliqué le sénateur Gilbert Roger, lors de la séance du 14 juin, il serait souhaitable qu’un « rapport établisse si, vraiment, nous sommes ou non en capacité de garder le Charles de Gaulle » car « si nous abandonnons la Méditerranée pour nous positionner en Indo-Pacifique, les Turcs, les Russes ou les Chinois prendront la place ». En outre, mais le parlementaire ne l’a pas relevé, ce serait remettre la sécurité de la France aux mains des États-Unis… puisque ceux-ci déploient régulièrement un groupe aéronaval dans l’espace méditerranéen, comme actuellement avec l’USS Gerald Ford.

Cependant, cet amendement, qui n’engage à rien, devra sans doute être réécrit… Car le rapport qu’il demande ne pourra pas fournir les informations permettant de se faire une idée sur le maintien du Charles de Gaulle au-delà de 2038. En effet, on ne saura si une telle option est possible qu’après son troisième arrêt technique majeur [ATM], prévu en 2027-28. Et elle dépendra de l’état des réacteurs nucléaires du navire, dont la fin de vie est estimée vers « 2040, sans certitude à quelques années près », avait expliqué l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] en juillet 2022. « Nous saurons en 2030/2031 la date définitive de la fin d’exploitation du Charles de Gaulle », avait-il ajouté.

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