Un pays européen est sur le point d’acquérir des chars israéliens Merkava

L’année 2022 aura été faste pour l’industrie israélienne de l’armement puisque ses exportations ont atteint le montant record de 12,5 milliards de dollars [11,5 milliards d’euros]. Celles-ci ont ainsi augmenté de 50% en trois ans… et doublé « en moins d’une décennie », a souligné le ministère israélien de la Défense, le 14 juin.

Ce résultat s’explique en partie par une hausse significative des commandes passées par les « pays des accords d’Abraham » [c’est à dire les pays arabes qui on normalisé leurs relations avec Israël à partir de 2020, ndlr] dans la mesure où elles ont représenté, l’an passé, environ 24% du total [soit 2,96 milliards de dollars] des exportations d’équipements militaires israéliens.

En outre, selon la Direction de la coopération internationale en matière de défense [SIBAT], « l’instabilité mondiale », amplifiée par la guerre en Ukraine, a également engendré une hausse de la demande dans les domaines de prédilection de l’industrie israélienne de l’armement [défense aérienne, drones, munitions rôdeuses, optroniques, radars, missiles, systèmes de commandement et de contrôle, cyber, etc.].

Jusqu’alors, et avec une offre reposant sur des équipements de « niche », les exportations israéliennes d’équipements militaires représentaient, bon an mal an, environ 3% des parts de marché au niveau mondial. Et les « grands contrats », d’une valeur supérieure à 500 millions d’euros, étaient relativement rares. Ce qui pourrait changer dans un avenir proche.

En effet, l’Allemagne a confirmé son intention de se procurer le système de défense aérienne Arrow-3 auprès d’Israel Aerospace Industries pour 4 milliards d’euros. Et outre les récentes commandes importantes de missiles anti-chars Spike et autres munitions rôdeuses, l’industrie israélienne a fait une percée dans le domaine de l’artillerie de longue portée, avec au moins deux contrats pour le lance-roquettes multiples PULS [signés par les Pays-Bas et le Danemark, ndlr]. Qui plus est, l’obusier automoteur ATMOS, produit par Elbit Systems, s’avère un concurrent de poids pour le CAESAr français, comme on l’a vu en Colombie et au Danemark.

Mais Israël va s’aventurer sur un marché dans lequel on ne l’attendait pas : celui des chars de combat, actuellement dominé par le Leopard 2 allemand et le M1A2 Abrams américain.

En effet, dans un entretien accordé au quotidien économique Calcalist, Yair Kulas, le chef de la SIBAT, a révélé que des négociations sur la vente de chars Merkava d’occasion à deux pays étaient à un « stade avancé ». S’il n’a pas précisé leur identité, il a toutefois précisé que l’un des deux clients potentiels est… européen.

Les chars proposés à la vente sont sans doute des Merkava Mk2 [dotés d’un canon de 105 mm] et des Merkava Mk3. Premiers chars au monde à disposer d’un blindage composite modulaire, ceux-ci, mis en service dans les années 1990, sont progressivement remplacés par des Merkava Mk4.

Reste à voir quels sont les clients intéressés par ces chars israéliens… Il se pourrait que les Philippines en fassent partie dans la mesure où, l’an passé, elles ont reçu deux exemplaires de l’AVLB [armoured vehicle-launched bridges], un véhicule conçu à partir d’un châssis de Merkava. De même que Singapour, une rumeur ayant circulé, en 2014, sur le possible achat d’une cinquantaine de Merkava par ses forces armées.

Autre possibilité : la Colombie, à qui des chars Leclerc avaient été proposés en 2010. À l’époque, la lettre spécialisée TTU [aujourd’hui disparue] avait indiqué que l’armée colombienne envisageait d’évaluer les capacités du Merkava « sur le terrain ». Depuis, l’affaire est restée en l’état…

Quant au client « mystère » européen, l’Ukraine arrive en tête de la liste des candidats potentiels pour des raisons évidentes… Les chars Leopard 1 et Leopard 2 [en plus des Challenger 2 britanniques] dont dispose son armée risquant de connaître une attrition importante durant la contre-offensive en cours contre les forces russes. Mais d’autres pays du Vieux Continent souhaitent aussi renouveler leurs flottes de chars de combat alors que leurs moyens sont limités. Tel est le cas de la Bulgarie [T-72]. Ou encore celui de la République de Chypre, dont les forces sont encore dotés d’AMX-30.

Quoi qu’il en soit, selon M. Kulas, d’autres équipements autrefois utilisés par les forces israéliennes pourraient être mis prochainement sur le marché afin de répondre à la demande de « nombreux pays européens » qui « cherchent à reconstituer rapidement » leurs capacités après les avoir cédées à l’Ukraine. « Les processus de production demandent du temps… Et tout le monde n’a pas le temps d’attendre », a-t-il dit. « Il y a là un potentiel de plusieurs centaines de millions de shekels [*] », a-t-il conclu.

[*] 1 shekel vaut 0,26 euros, au taux de change actuel

Photo : Michael Mass, Yad la-Shiryon Museum – CC BY-SA 3.0

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