Armement terrestre : Nexter et Krauss-Maffei Wegmann vont s’effacer au profit de la marque unique « KNDS »

Dévoilé en juillet 2014, le projet « KANT » visait à créer un champion européen de l’industrie de l’armement terrestre en alliant le français Nexter à l’allemand Krauss-Maffei Wegmann [KMW]. Et il fut donc décidé de créer une holding dont le capital serait détenu à parts égales par les actionnaires principaux des deux groupes, à savoir Giat Industries [propriété de l’État français] et Wegmann & Co Gmbh. Ce qui donna lieu à la naissance de KNDS [pour KMW+Nexter Defense Systems].

Jusqu’en 2020, la direction de cet ensemble fut assurée conjointement par Stéphane Mayer et Frank Haun, qui étaient alors les Pdg respectifs de Nexter et de KMW, sous le regard d’un conseil de surveillance composé de sept membres. Cette organisation n’était que temporaire, sa vocation étant de donner du temps aux deux industriels pour apprendre à se connaître et consolider leur rapprochement.

Ce modèle de gouvernance fut profondément modifée il y a trois ans. Le principe de la direction bicéphale fut abandonné et Frank Haun quitta ses fonctions au sein de KMW pour prendre les rênes de KNDS, sous l’égide d’un conseil d’administration dirigé par le français Philippe Petitcolin. Cependant, Nexter et KMW conservaient une certaine autonomie, l’un et l’autre ayant chacun un Pdg à leur tête [Nicolas Chamussy et Ralf Ketzel].

Quant aux intérêts industriels français, ils étaient garantis par une « action spécifique » détenue par l’État au capital de Nexter.

« Après une première phase où les deux filiales ont appris à se connaître sous la direction de deux co-CEO et ont commencé à construire KNDS, il est temps désormais d’entrer dans la phase d’intégration et de développement suivante. La nouvelle structure permettra une gestion plus efficace et plus cohérente des entreprises de KNDS et l’exploitation optimale de leur potentiel et de leurs synergies », se félicitèrent les deux actionnaires de cette holding, en décembre 2020.

Depuis, via KNDS, Nexter et KMW ont dévoilé le char de combat EMBT [Enhanced Main Battle Tank], qui est leur seule réalisation commune à ce jour. Et les deux industriels sont impliqués dans le programme MGCS [Main Ground Combat System – Système principal de combat terrestre] qui, lancé et 2017 et dirigé par l’Allemagne, peine à enclencher la vitesse supérieure…

Cela étant, le temps est visiblement venu pour KNDS de passer à une nouvelle phase, alors que les commandes de chars [Leopard 2A8], de canons [CAESAr, PzH2000] et autres blindés affluent, dans un contexte marqué par une hausse significative des dépenses militaires en Europe, dans le sillage de la guerre en Ukraine.

En effet, via un communiqué laconique, les deux industriels ont annoncé la disparition des marques « Nexter » et « Krauss-Maffei Wegmann » au profit de la seule KNDS.

« KNDS, alliance des fournisseurs de systèmes de défense terrestre allemands et français Krauss-Maffei Wegmann et Nexter, harmonise son image de marque. À l’avenir, Krauss-Maffei Wegmann, Nexter et leurs filiales apparaitront uniquement sous la marque unique KNDS », est-il annoncé dans ce communiqué.

En clair, les CAESAr et les Leopard 2A8 seront commercialisés sous la marque « KNDS »…

Cela étant, le texte ne précise pas si cette décision aura ou non des conséquences sur l’organisation industrielle et la direction de Nexter et de KMW… En général, on commence par adopter une marque unique [dont le nom est toujours susceptible de changer par la suite]… avant de s’attaquer aux « doublons » afin d’augmenter la rentabilité [ou de la préserver quand viennent les difficultés]… En tout cas, c’est ce que suggère, entre les lignes, le communiqué.

« KNDS souligne ainsi sa volonté d’être un acteur clef de la nécessaire consolidation de l’industrie de défense terrestre en Europe. Jusque-là, cette industrie était composée de plusieurs fabricants nationaux proposant un vaste panel de produits et systèmes », avance-t-il. Et de conclure : « Sa consolidation et une gouvernance stratégique conjointe contribueront significativement à la standardisation des armées européennes et des autres clients de l’industrie européenne de défense ».