Le Danemark pourrait à nouveau se doter de sous-marins

En 2004, le gouvernement danois, alors dirigé par Anders Fogh Rasmussen [qui occupera les fonctions de secrétaire général de l’Otan entre 2011 et 2014, ndlr] décida de retirer du service les sous-marins alors mis en oeuvre par la Søværnet [Marine royale danoise]… sans la moindre intention de les remplacer, alors qu’il était question d’un programme devant être mené en coopération avec la Suède et la Norvège.

L’époque étant aux « dividendes de la paix » et à la guerre « contre le terrorisme » [Afghanistan, Irak], Copenhague avait considéré que des sous-marins, même dédiés à la défense côtière comme ceux de la Søværnet, n’étaient plus utiles… D’autres pays ont fait des choix de même nature [mais pour des capacités différentes], qu’ils regrettent aujourd’hui… Tel est le cas, par exemple, des Pays-Bas, qui cherchent désormais à récupérer des capacités abandonnées dans les années 2000, notamment en matière d’artillerie et de chars de combat.

Seulement, la période de l’après Guerre Froide n’aura été qu’une parenthèse. Et le Danemark se retrouve de nouveau confronté à des défis sécuritaires auxquels il n’est pas préparé. Et cela alors qu’il a une importance stratégique en raison de sa situation géographique [son espace maritime, dans la Baltique, est le point de passage obligé des navires militaires russes basés à Saint-Petersbourg] et de ses intérêts dans le Grand Nord, via le Groenland et les îles Féroé. Et le sabotage du gazoduc Nord Stream a montré la nécessité de protéger ses infrastructures critiques sous-marines.

D’où la question qui se pose actuellement aux dirigeants danois : faut-il doter à nouveau les forces navales de sous-marins, alors que les dépenses militaires du pays devraient être multipliées par trois dans les dix années à venir?

En août 2022, le ministre danois de la Défense, qui était alors Morten Bødskov, a dévoilé un plan d’investissement doté de 5 milliards d’euros afin de moderniser et renforcer les moyens de la Marine royale.

« Nous sommes confrontés à une situation grave en Europe. Il y a la guerre [en Ukraine] et nous venons de traverser la pandémie de coronavirus. Le point commun de ces deux situations est qu’elles ont créé des problèmes pour la sécurité de nos approvisionnements », avair expliqué M. Bødskov. Et d’ajouter : « Il n’est pas envisageable, surtout en temps de guerre en Europe, que la défense danoise puisse avoir des problèmes pour construire des navires et autres équipements. C’est pourquoi nous agissons maintenant, pour moderniser notre flotte ».

Seulement, il n’était pas encore question d’acquérir de sous-marins… Cela va-t-il changer? C’est, en tout cas, ce que suggèrent les propos tenus par Michael Aastrup Jensen, le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement danois [Folketing] lors d’une conférence organisée par le Hudson Institute, à Washington.

« Des discussions sur les sous-marins ont lieu en ce moment, dans le cadre d’un examen politique plus large sur les futurs besoins de la défense danoise », a en effet déclaré M. Jensen, selon le site spécialisé Breaking Defense.

Pour le moment, et selon le député danois, deux solutions sont en balance : l’achat ou la location de nouveaux sous-marins, ce qui supposerait un effort significatif pour retrouver les savoir-faire perdus suite à la décision de 2004, ou une « coopération étroite » avec des pays « amis » pour disposer rapidement d’une telle capacité.

Quoi qu’il en soit, plusieurs éléments plaident en faveur d’un tel projet. En premier lieu, l’augmentation de l’activité des « compétiteurs » dans le Grand Nord – régulièrement soulignée dans les stratégies danoises de politique étrangère et de défense – peut être source d’instabilité, voire de conflit entre l’Otan et la Russie. Et cela alors que Copenhague a un différend avec Moscou au sujet de la dorsale de Lomonossov, qui serait une extension du Groenland.

Ensuite, selon Johannes Riber Nordby, membre du Collège danois de la Défense, des capacités sous-marines permettront à la Søværnet d’augmenter son potentiel de dissuasion et d’accroître sa capacité à détecter les activités navales potentiellement hostiles.

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