La Grèce serait sur le point d’obtenir le feu vert pour acquérir des chasseurs-bombardiers F-35A

Sauf à utiliser une passerelle appelée BACN [Battlefield Airbone Communication Node], un chasseur-bombardier F-35 ne peut pas communiquer avec les autres avions de combat en service au sein de l’Otan [notamment via la Liaison 16] étant donné qu’il dispose de son propre système de liaison de données [le MADL, pour Multi Function Advanced Data Link], lequel lui garantit sa furtivité. Ce qui pose un évident souci d’interopérabilité… En clair, un raid aérien comme celui mené durant l’opération Hamilton, qui avait impliqué les forces françaises, britanniques et américaines, ne serait plus possible.

« Nous aimerions pouvoir opérer de la même manière que nous l’avons fait en 2018 lors du raid contre le programme chimique syrien » mais « je ne suis pas certain que ce soit possible en ce moment, car il y a de plus en plus d’escadrons de F-35 au sein de l’Otan et notre interopérabilité entre les F-35 et les Rafale fait toujours l’objet d’un travail en cours », avait ainsi souligné le général Frédéric Parisot, le numéro deux de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], en 2022.

Cette question se pose pour les forces aériennes qui font cohabiter des F-35 avec des Eurofighter Typhoon [c’est le cas au Royaume-Uni, en Italie et, bientôt, en Allemagne]. Et elle se posera pour la Grèce, qui dispose actuellement de F-16 [progressivement portés au standard « Viper »] et qui a commandé des Rafale.

En effet, en juin dernier, Athènes fit connaître son intention d’acquérir vingt F-35A portés au block 4 [avec une option pour vingt autres appareils] d’ici 2027/28. Étant membre de l’Otan, la Grèce pouvait espérer une réponse rapide de la part des États-Unis.

Sauf que, en raison des relations houleuses entre Athènes et Ankara [également membre de l’Otan], ce dossier est plus compliqué qu’il n’y paraît… D’autant plus que la Turquie, par ailleurs exclue du programme F-35 pour avoir mis en service des systèmes russes de défense aérienne S-400, n’a toujours pas été autorisée à acquérir 40 F-16 Viper ainsi que 79 kits de conversion pour ses avions plus anciens.

En clair, vendre des F-35A à la Grèce ne pourrait qu’être mal perçu par la Turquie. Or, les États-Unis et l’Otan ont de bonnes raisons de la ménager, notamment parce qu’elle contrôle les détroits menant à la mer Noire. La question des F-16V devrait être bientôt au centre des discussions qu’aura le président américain, Joe Biden, avec son homologue, Recep Tayyip Erdogan, qui vient d’être réélu. De même que celle de l’adhésion de la Suède à l’Otan, bloquée par Ankara [et Budapest].

Quoi qu’il en soit, Athènes pourrait bientôt obtenir satisfaction. En effet, les membres les plus influents des comités des Affaires étrangères du Sénat et de la Chambre des représentants ont tous donné leur feu vert à la vente de F-35A à la Grèce. Et cela, alors que la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains, n’a pas encore rendu son avis sur cette vente potentielle. Mais d’après la presse grecque, cela devrait être fait sans tarder.

« La procédure pour l’approbation des contrats de défense » suppose que la DSCA [qui relève du département d’État] « sonde d’abord de manière informelle le Congrès » pour un projet de vente d’armes afin d’éviter un refus, explique le quotidien grec I Kathimeriní. Et ce serait pour cette raison que la modernisation des F-16 turcs est « au point mort », ajoute-t-il.

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