La Slovaquie soupçonne des techniciens russes d’avoir saboté ses MiG-29 destinés à l’Ukraine

En 2022, parmi les pays de l’Otan encore dotés d’avions de combat MiG-29 « Fulcrum » hérités en partie de leur passé soviétique, la Pologne et la Slovaquie firent savoir qu’elles étaient disposées à livrer leurs appareils à l’Ukraine peu après le début de l’invasion russe.

Cela étant, Bratislava décida de retirer du service ses derniers MiG-29, sans pour autant encore connaître les modalités de leur éventuelles cession à la force aérienne ukrainienne, celles-ci faisant alors encore l’objet de discussions. Et, pour palier ce déficit capacitaire dans l’attente des F-16 Viper commandés auprès des États-Unis, une mission protection de l’espace aérien slovaque fut mise en place par la Pologne et la République tchèque, dans le cadre de l’Otan.

Aussi, ce retrait « anticipé » de ces MiG-29, qui ont depuis été envoyés en Ukraine, pouvait interroger. Et le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Naj, vient de donner une explication.

Ces avions « étaient capables de voler. Mais cela ne voulait pas dire qu’ils pouvaient combattre. Les Ukrainiens sont venus en Slovaquie une semaine avant leur livraison. Ils les ont inspectés et apporté des pièces de rechange », a d’abord déclaré M. Naj au site Euractiv. Et ces MiG-29 n’étaient plus totalement opérationnels parce qu’ils étaient sujets à des pannes susceptibles d’avoir été « intentionnellement causées par des techniciens russes, qui étaient encore présents sur la base aérienne de Sliač jusqu’à l’année dernière », a-t-il ajouté.

« La police a enquêté sur la base de nos soupçons. Il y avait des pièces dans les moteurs de ces avions auxquelles les mécaniciens slovaques avaient accès. Puis il y avait aussi des parties accessibles aux seuls techniciens russes. Et les défauts n’apparaissaient que dans ces dernières », a expliqué M. Naj.

Si l’enquête n’a rien pu prouver, le ministère de la Défense « a ressenti une perte de confiance dans les techniciens russes de de Sliač parce que des erreurs continuaient d’apparaître dans des parties [des avions] qu’eux seuls pouvaient atteindre », a-t-il encore avancé.

Étant donné que l’opposition slovaque a déposé une plainte contre le gouvernement pour « abus d’autorité » car elle estime que l’aide militaire octroyé à l’Ukraine est « anticonstitutionnelle » dans la mesure où il ne devrait gérer que les affaires courantes après avoir fait l’objet d’une motion de censure votée par le Parlement, M. Naj a tout intérêt à noircir le tableau pour justifier le retrait des MiG-29 et leur don à l’Ukraine.

Cependant, le numéro deux de l’état-major slovaque, le général Lubomir Svoboda, a confirmé les difficultés à faire voler ces avions de combat, en raison de la médiocrité de leur maintien en condition opérationnelle.

Les MiG-29 « ne me manquent pas, pour plusieurs raisons. Je ne peux pas parler de toutes les lacunes, car beaucoup sont encore classifiés. Cependant, je peux dire qu’il n’était plus viable de les exploiter parce que leur soutien logistique ne fonctionnait pas correctement et que nous étions aux prises avec un manque de personnels navigants », a récemment confié l’officier au quotidien Denník N.

Et d’ajouter : « Nous avons acheté [aux Russes] un moteur qui devait durer 350 heures. Et au final, il n’a volé que 70 heures. Qu’est-ce qu’on peut en faire? Peut-être y a-t-il eu une mauvaise qualité de fabrication, appelons-le ainsi. Je ne sais pas ».

Reste que l’entretien des MiG-29 slovaques, assuré par une entreprise russe, a toujours été plus ou moins un casse-tête. En 2013, Martin Glváč, l’un des prédécesseurs de M. Naj [et actuellement membre de l’opposition], avait estimé qu’il était devenu hors de prix. « Nous devons calculer ce que nous coûte une heure de vol et s’il existe une solution moins chère. Nous essayons toujours de négocier avec la partie russe, mais bien sûr, nous négocierons également avec tous les autres et chercherons d’autres options », avait-il dit.

Finalement, en 2019, malgré les tensions avec la Russie au sujet de la situation dans le Donbass, le gouvernement slovaque a décidé de confier à nouveau le contrat de soutien à la société russe RSK MiG jusqu’en 2023, avec la possibilité d’une prolongation d’un an supplémentaire si nécessaire.

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