Récemment engagé dans l’armée, un individu a attaqué la gendarmerie de Dieuze; La piste terroriste n’est pas exclue
Il était 15H30, ce 3 février, quand un individu armé d’une arme blanche s’est présenté à l’accueil de la brigade de gendarmerie de Dieuze [Moselle]. Une gendarme a alors la présence d’esprit de mettre à l’abri une employée civile et d’alerter ses camarades.
L’individu s’est ensuite attaqué à un gendarme, qui « a riposté d’abord avec sa bombe lacrymogène puis a fait usage de son arme à deux reprises », a indiqué le porte-parole de la Gendarmerie nationale. L’assaillant a alors été blessé à l’abdomen. Il a été évacué vers un hôpital de Mercy, dans la banlieue de Metz, où il a été opéré.
Quant au gendarme qui a neutralisé l’assaillant, il a été légèrement blessé au bras et il a également été hospitalisé.
Plus tard, le procureur de Metz, Christian Mercuri, a indiqué que la piste terroriste ne pouvait être exclue à ce stade de l’enquête.
« Il faut mettre en rapport les faits avec un appel reçu par le centre opérationnel de la gendarmerie peu avant dans lequel un individu a déclaré qu’il était militaire, qu’il allait y avoir un carnage à Dieuze et qu’il se revendiquait de l’État islamique », a-t-il en effet expliqué, lors d’une conférence de presse.
Ces menaces téléphoniques ont été reçues « dans les minutes qui ont précédé le passage à l’acte » et « des gendarmes sont intervenus pour assurer la protection des personnels et des familles habitant dans cette gendarmerie », a continué le magistrat.
Le parquet de Metz a « bien évidemment pris attache avec le Parquet national antiterroriste de Paris » qui dira prochainement s’il se « saisit ou pas », a encore ajouté le procureur. Mais pour le moment, « nous sommes dans une enquête de droit commun qualifiée de tentative d’homicide sur agent de la force publique », a-t-il insisté.
Cela étant, l’assaillant n’était jusqu’à présent pas connu des services de police et de renseignement. Mais, selon le procureur, âgé de 19 ans, il avait été incorporé au Centre de formation initiale des militaires du rang [CFIM] de Dieuze en décembre dernier.
Ces faits sont survenus quelques heures à peine après que l’EI a revendiqué l’attaque au couteau commise dans le quartier de Streatham, à Londres, par Sudedsh Amman. Ce dernier a poignardé et blessé deux personnes, le 2 février, avant d’être abattu par la police britannique.
Quoi qu’il en soit, lors de son audition par les députés de la commission de la Défense, en octobre dernier, le général François Lecointre avait été interrogé sur le risque de radicalisation parmi les militaires.
« Sur ce sujet particulier, même si je suis très méfiant, car nous ne sommes jamais à l’abri d’un inconvénient, d’un risque ou d’un accident, il faut savoir qu’un criblage de l’ensemble du personnel militaire qui s’engage est effectué. C’est là une exigence ancienne, qui d’ailleurs a nécessité une augmentation forte des effectifs de la DRSD [Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense] pour faire face à l’effort de recrutement que l’armée de Terre a opéré à partir de 2015-2016 », avait affirmé le CEMA.
Et d’expliquer : « Le personnel est criblé parce qu’on lui confie une arme. Il est criblé aujourd’hui parce que l’on s’inquiète de savoir s’il n’est pas en voie de radicalisation. Il était criblé hier parce que l’on s’inquiétait de savoir s’il n’était pas un délinquant ordinaire, s’il n’était pas drogué ou s’il n’était pas susceptible de saisir une arme, de tirer sur ses camarades ou de se suicider. Cette attention est très ancienne dans les armées. Si elle est aujourd’hui plus focalisée sur le risque de radicalisation, il n’en reste pas moins dans les faits que chaque soldat à qui l’on confie une arme et des munitions de guerre est suivi de très près, non seulement par la DRSD mais également par l’ensemble des officiers de sécurité qui forment un maillage fin, présent dans toutes les unités des armées. »