L’industrie américaine de l’armement profite largement de la hausse mondiale des dépenses militaires

La hausse globale des dépenses militaires observée ces dernières années [+1,1% en 2017, à 1.739 milliards de dollars, soit 2,2% du PIB mondial, nldr] a un impact sur importations d’équipements militaires dans la mesure où les pays ayant accentué leur effort de défense ne disposent pas tous d’une industrie de l’armement performante.

Ainsi, selon une étude [.pdf] du Stockholm International Peace Research Institute [SIPRI], le volume des transferts internationaux d’armes majeures pour la période 2014-18 a progressé de 7,8% par rapport aux années 2009-13. Et la hausse est encore plus sensible si l’on considère l’époque 2004-08 puisqu’elle atteint 23%.

Les pays du Moyen-Orient, ont augmenté de 87% leurs importations d’équipements militaires entre les périodes 2009-13 et 2014-18. Ce qui fait qu’ils représentent 35% du marché. L’Arabie Saoudite fait largement la course en tête [+192%] au point d’etre devenue le premier importateur d’armes au monde, suivie par l’Égypte [3e, avec une hausse de 206%].

Parmi les autres pays de la région à avoir significativement augmenté leurs importations d’armement, on trouve Israël [+354%], le Qatar [+225%] et l’Irak [+139%]. La Syrie a vu les siennes se réduirent drastiquement [-87%].

La région Indo-Pacifique est une autre partie du monde où les transferts d’armes ont été conséquents entre 2013 et 2018 puisqu’elle représente 40% du marché, malgré une baisse de 6,7% par rapport à 2009-13. L’Inde [2e importateur mondial], l’Australie [4e, avec une hausse de 37% de ses importations], la Chine, la Corée du Sud et le Vietnam en sont les figures de proue.

S’agissant de l’Inde, le Sipri note qu’elle a « commandé un grand nombre d’armes majeures à des fournisseurs étrangers; cependant
les livraisons sont très retardées dans de nombreux cas. » Et, effectivement, ses importations d’équipements militaires ont diminué de 24% entre les deux périodes considérées.

La Chine a connu une évolution similaire, mais pour une autre raison : elle « réussit mieux à concevoir et à produire ses propres armes modernes », explique l’institut suédois. Au point même d’être devenu l’un des cinq premiers pays exportateurs d’armements. Si le niveau de ses exportations a progressé moins vite ces dernières années, elle a « élargi » sa clientèle puisqu’elle a livré des armes majeures à 53 pays en 2014-18, contre 41 en 2009-13 et 32 en
2004-08. Et le Pakistan constitue un débouché significatif [37% des ventes chinoises, ndlr].

Parmi les principaux pays exportateurs, les États-Unis ont su, sans doute mieux que les autres, tirer leur épinque du jeu. Leurs exportations d’armement ont en effet progressé de 29% entre 2009-13 et 2014-18. Et cela fait que les industriels américains de la défense se taillent la plus grosse part du « gâteau », avec 36% de parts de marché, contre 30% précédemment.

Et l’écart se creuse avec les industriels russes, étant donné que les exportations américaines d’armes « majeures » sont supérieures de 75% à celles de la Russie.

« Les États-Unis ont davantage renforcé leur position de premier fournisseur d’armes au monde. Ils « ont exporté des armes vers au moins 98 pays au cours des cinq dernières années », souligne le Dr. Aude Fleurant, directrice du programme Armes et Dépenses militaires du Sipri. Et de préciser : « Ces livraisons comprennent des systèmes d’armement avancés, tels que des avions de combat, des
missiles balistiques et de croisière à courte portée, ainsi qu’un grand nombre de bombes guidées. »

Quant à la Russie, les retards dans les projets d’achat en Inde et les difficultés du Venezuela expliquent en grande partie la baisse de 17% de ses exportations d’équipements militaires entre 2009-13 et 2014-18.

Si les industriels américains ont su profiter de la hausse des budgets militaires, c’est aussi le cas de leurs concurrents français, qui ont vu leurs parts de marché croître de 43% entre 2009-13 et 2014-18, pour s’établir à 6,4%. Les contrats en Égypte [Rafale, corvettes Gowind, BPC « russes » revendus au Caire, etc] ont contribué à ce résultat. À noter que les industriels allemands, à en croire le Sipri, ne sont pas en reste.

« La Russie, la France et l’Allemagne ont considérablement augmenté leurs ventes d’armes à l’Égypte au cours des cinq dernières années », écrit en effet l’institut suédois. De quoi relativiser les reproches faits exclusivement à Paris par Amnesty International, dans un récent rapport.

Enfin, d’autres pays tendent à s’affirmer sur le marché de l’armement. C’est le cas de la Chine, qui devance désormais le Royaume-Uni, mais aussi d’Israël [+60%, 8e exportateur mondial], de la Corée du Sud [+94%, 11e place] et de la Turquie [+170%, 14e place].

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