Paris envisagerait une opération pour déminer le port d’Hodeïda, au Yémen
Depuis trois jours, les forces gouvernementales yéménites, avec le soutien de la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, ont lancé une offensive pour prendre le contrôle de la ville portuaire d’Hodeïda, actuellement tenue par les rebelles Houthis.
Cette ville de près de 600.000 habitants (en compatant ses environs) est stratégique dans la mesure ou 4/5e des biens de première nécessité importés au Yémen transitent par son port. Aussi, ce dernier est capital pour acheminer l’aide humanitaire dont 22 millions de Yéménite ont besoin.
Le 15 juin, après des bombardements intenses assurés par la coalition arabe contre les positions tenues par les rebelles Houthis, les forces yéménites ont indiqué avoir pris le contrôle de l’aéroport de la ville.
Évidemment, étant donné son importance, le sort du port d’Hodeïda préoccupe les Nations unies et les organisations humanitaires.
« Nous ne sommes pas en train de nous approcher du port [et] nous n’avons pas l’intention de détruire l’infrastructure », a assuré Khaled Alyemany, le ministre yéménite des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à New York. « Le port est totalement en dehors des opérations, aujourd’hui », a-t-il insisté.
Cela étant, pour la coalition arabe, il ne fait guère de doute que le port d’Hodeïda est un point d’entrée pour les armes iraniennes destinées aux Houthis. En outre, il servirait également de point de départ à des attaques rebelles contre le trafic maritime en mer Rouge.
Le 13 juin, le Quai d’Orsay a indiqué que le président Macron, après s’être entretenu avec Mohammed ben Zayed, prince héritier d’Abou Dabi, avait « évoqué la situation politique et militaire au Yémen, et notamment à Hodeïda » et « appelé les parties prenantes à la retenue et à la protection des populations civiles. »
« La France rappelle que seule une solution politique négociée, y compris à Hodeïda, permettra de mettre fin de manière durable à la guerre au Yémen et d’arrêter la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans ce pays », a insisté la diplomatie française.
Mais il est question d’aller plus loin. Un responsable émirati a confié, à l’agence Reuters, que la France aurait « accepté d’apporter une assistance en matière de déminage dans le cadre de l’opération militaire lancée par la coalition sunnite pour reprendre la ville d’Hodeïda. » Et d’ajouter : « Les États-Unis ont rejeté pour leur part la requête d’Abou Dhabi qui leur demandait des moyens de renseignement, de surveillance aérienne, de reconnaissance et de déminage. »
Plus tard, le ministère des Armées a confirmé qu’une telle opération était dans les tuyaux. « Il n’y a pas d’action militaire française aujourd’hui dans la région de Hodeïda, et la France ne fait pas partie de la coalition qui est engagée sur ce théâtre », a-t-il commencé par préciser.
Toutefois, le quotidien Le Figaro a affirmé que des membres des forces spéciales françaises étaient déjà présents au Yémen, aux côtés des troupes émiraties.
« Deux sources militaires contactées par Le Figaro révèlent également que des forces spéciales françaises sont présentes aux côtés des Émiriens au Yémen », a en effet révélé le quotidien, dans son édition du 16 juin.
Pour autant, « l’actualité sur le terrain nous convainc de la nécessité que la communauté internationale prête une attention toute particulière à la question de l’accès humanitaire » et une « action de déminage des accès au port d’Hodeïda après la fin des opérations militaires est donc actuellement à l’étude », a expliqué le minstère des Armées, sollicité par l’agence Reuters.
Si le feu vert à une telle opération est donné, alors elle ne serait pas la première intervention des forces françaises au Yémen. En 2015, le Bâtiment de projection et de commandement [BPC] Dixmune, engagé dans la mission « Jeanne d’Arc » avec la frégate Aconit, avait été sollicité pour évacuer des ressortissants étrangers, dont des Français, depuis le port de Balhaf, dans l’est du pays.
Photo : Marine nationale