Il faut plus d’un jour de maintenance pour une heure de vol avec un hélicoptère NH-90 de la Marine nationale
C’est en décembre 2011 que l’hélicoptère NH-90 Caïman NFH [Naval Frigate Helicopter, ndlr] a entamé a carrière opérationnelle au sein de la Marine nationale, après le reformation de la Flottille 33F, à Lanvéoc-Poulmic. Étant donné sa « jeunesse », l’on aurait pu penser que cet appareil, fruit d’une coopération européenne, allait être épargné par les affres des indisponibilités techniques et des coûts de mainten en condition opérationnelle (MCO) élevés.
Seulement, il n’en est rien. En effet, en novembre 2016, l’on apprenait, dans un rapport parlementaire rendu pour avis sur les crédits de la Marine nationale, que sur les 17 hélicoptères Caïman NFH reçus, 10 étaient « actuellement immobilisés » pour subir des opérations de maintenance. Mieux (ou pire) : le 17e exemplaire livré par le consortium NHIndustries (Airbus Helicopters, Leonardo, Fokker Technologies) ne pouvait alors même pas voler « en raison de problèmes constatés au niveau du harpon et du système de pliage. »
Moins d’un an plus tard, cette sitution ne s’est pas arrangée. Lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense, en juillet [le compte-rendu vient juste d’être diffusé, ndlr], le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck n’a pas caché son irritation au sujet de ce dossier.
« Je ne suis pas pas satisfait de la disponibilité ni du coût d’entretien du NH90, sans parler du nombre colossal d’heures de maintenance qui doit lui être consacré », a dit l’amiral Prazuck. Et on le comprend : Il faut en effet « plus de 30 heures d’entretien pour une heure de vol » effectuée avec cet hélicoptère, a-t-il lâché. « Nous y épuisons nos mécaniciens et nos flottilles pour un rendement assez faible », a-t-il déploré.
« Cet appareil présente des problèmes de maturité technique, de corrosion et de maintenance que l’on n’arrivera pas à résoudre du jour au lendemain », a expliqué le CEMM. Des soucis de corrosion pour une machine appelée à évoluer dans un milieu marin, cela fait désordre…
« Ce n’est qu’en 2018 que la disponibilité du NH-90 devrait en quelque sorte arriver à décoller », veut croire l’amiral Prazuck. Car, a-t-il continué, « nous prenons le taureau par les cornes » et « nous y consacrons beaucoup d’énergie avec la DGA, le SIAé et les industriels. »
Ce temps nécessaire pour assurer la maintenance des NH-90 de la Marine nationale s’explique en grande partie par le schéma industriel mis en place avec quatre entreprises relevant de trois pays différents. Comme l’expliquait le député Gwendal Rouillard, en novembre dernier, le « processus d’attribution de pièces de rechange se caractérise souvent par sa lenteur et, lorsque les équipes françaises proposent des solutions de réparation, la validation par le consortium peut prendre jusqu’à quatre semaines, contre une à deux semaines dans une situation ‘classique’ avec un interlocuteur technique unique. »