La DGA et Bpifrance vont créer un fonds d’investissement pour les entreprises stratégiques de défense

Robotique, Internet des objets, nanotechnologies, neurosciences, impression 3D, systèmes microélectromécaniques, big data… Voilà autant de disciplines susceptibles de changer radicalement la façon dont on conduit les opérations militaires et dans lesquelles des entreprises françaises ont su se faire une réputation. Le revers de la médaille est qu’elles intéressent des investisseurs étrangers, attirés par leurs brevets.

C’est ainsi que, par exemple, l’été dernier, Tronic Microsystems a fait l’objet d’une offre publique d’achat déposée par le groupe japonais TDK. Or, cette PME française est spécialiste des systèmes microélectromécaniques (MEMS, pour Micro-Electro-Mechanical Systems), lesquels sont utilisés pour les systèmes de navigation inertiels, la gestion des signaux de radiofréquence des radars ou bien encore la stabilisation des drones.

« Beaucoup de groupes chinois et surtout américains viennent convoiter les pépites françaises, attirés par le modèle d’innovation français », avait admis Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement (DGA), lors d’une audition au Sénat, en novembre 2016. « De plus en plus de sociétés d’autres continents tentent de s’emparer de certaines de nos PME ‘pépites’ et nous n’avons pas d’outil pour les défendre », avait-il déploré, avant de révéler qu’une réflexion était en cours pour créer un « fonds de défense » destiné à « investir dans le capitale de certaines de ces PME ». Et d’estimer que « quelques millions d’euros seraient suffisants dans un premier temps, avant une montée en puissance. »

Quelques jours plus tard, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, précisa les objectifs qu’il entendait donner à ce fonds d’investissement, à savoir identifier les entreprises stratégiques et entrer dans leur capital afin de soutenir et guider leur développement. « Au-delà de la distribution de subventions, ou de la relation contractuelle, je crois intéressant de renforcer nos liens avec les PME les plus stratégiques par une relation capitalistique. Nous pourrons ainsi les prémunir contre toute évolution qui nuirait aux intérêts du ministère de la Défense », avait-il fait valoir.

Un peu plus de six mois plus tard, la Direction générale de l’armement (DGA) et Bpifrance, filiale de la Caisse des Dépôts et de l’État, ont annoncé leur « volonté commune de créer un fonds d’investissement dédié aux entreprises stratégiques de la Défense », via la signature d’un accord « visant à la création en 2017 d’un véhicule d’investissement Défense, doté initialement de 50 millions d’euros. »

Ce fonds ne s’intéressera qu’aux entreprises « d’entreprises jugées stratégiques » afin de « renforcer leur structure bilancielle, stabiliser leur capital et contribuer à une consolidation de la filière de la Défense sur le long terme. » Il permettra d’accompagner leur développement et d’améliorer leur attractivité « auprès d’investisseurs privés. »

« Le véhicule d’investissement s’adressera notamment à des entreprises qui disposent d’un savoir-faire, de produits et/ou de technologies stratégiques pour la performance des systèmes de défense français ou destinés au marché d’exportation de l’industrie française et renforçant la compétitivité du secteur de l’armement français », précise le communiqué diffusé par la DGA et Bpifrance.

Seront plus particulièrement concernées, les start-ups et les sociétés innovantes en phase d’industrialisation […] « critiques pour les programmes d’armement, ayant un projet de diversification ou de croissance externe et dont le chiffre d’affaires se compte en dizaines de millions d’euros. »

« La mise en commun des expertises de la DGA et de Bpifrance permettra de conjuguer les expertises complémentaires des deux structures pour assurer le développement et la protection de nos pépites technologiques pour le secteur de la défense et l’économie nationale. C’est un enjeu majeur pour la souveraineté de notre système de défense qui repose sur une industrie forte et compétitive », a commenté M. Collet-Billon.

Ce fonds d’investissement vient compléter plusieurs dispositif mis en place par la DGA pour soutenir les PME innovantes, comme ASTRID (Accompagnement Spécifique des Travaux d’Innovation de Défense), ASTRID Maturation, ou encore RAPID (Régime d’Appui à l’Innovation Duale).

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